samedi 18 septembre 2010

Voici trois textes de Ginette Truffiez, une ancienne militante déçue par la politique du gouvernement et qui vient de s'engager dans la légion étrangère comme cantinière. Avant de partir en mission pour l'île de Sainte Hélène, pour dépoussiérer la maison de Longwood en vue de l'exil de notre despote actuel, Ginette a insisté pour me confier ses oeuvres complètes. Ses poésies, écrites à la fin du XIX ème siècle (Ginette est née en 1852: elle va souffler ses 158 bougies le 16 octobre, jour anniversaire de la mort de la reine Marie-Antoinette) sont restées très actuelles. On dirait qu'elles ont été écrites lors des dernières manifestations pour êtres scandées lors de la prochaine. Je les livre à votre appréciation.

1

Sur le char de l'État, fait de vent et de fleurs,
Tout doucement bercé des accords de guitare
D'une frêle poupée au regard aguicheur,
L'Empereur Nicolas ignorait les pétards.

Des soldats ennemis, des bandits sans remord
Défilaient en gueulant, les ministres insultaient,
Renâclaient à bosser jusqu'au jour de leur mort,
Prétextant un confort qu'on leur voulait ôter.

Pour qui se prenaient-ils, tous ces gens fainéants ?
De quoi se mêlaient-ils, ces cons, ces mécréants
Pour ainsi critiquer ses hautes décisions ?

Il savait mieux que tous tout ce qui convenait
A son peuple ignorant. Il devrait imposer
Sa loi en s'appuyant sur la Constitution ?


2

Le Génie des Carpates, Empereur des Français,
Sauveur républicain des petits épargnants,
Voulait marquer son temps et se faire encenser.
Quoi de plus grand que de toucher les cotisants ?

Les caisses de l'État se vidaient, s'épuisaient.
Il fallait un effort pour trouver des euros.
« Imposons un projet pour économiser !
De ce gaspillage, je serai le héraut !

Décrétons, ordonnons ! Mais par qui commencer ?
A tous les travailleurs, à tous ces gens bornés,
Nous ferons cotiser le prix de nos exploits.

Je saurai m'occuper de leur vie de labeur.
J'y mettrai, s'il le faut, un peu plus de longueur
Et peu importe si personne ne me croit ! »


3

De la Bérézina, sur la rive, debout,
L'Empereur regardait les rangs de son armée
Poursuivie, terrassée, tomber à ses genoux,
Fuir et se disloquer dans des cris alarmés.

Il avait désiré envahir brusquement
Ce grand paysage social et syndical
Lançant ses ministres prolixes en boniments
A l'assaut d'un projet épineux, capital.

L'ennemi était là, tapi dans les fourrés,
Attendant le moment, au combat préparé
Pour infliger un coup, une bonne défaite.

« Est-ce la retraite ? » demanda l'Empereur.
« Non ! » lui répondit-on d'un air plein de rancœur.
« Non pas la retraite, Sire, les retraites ! »


Ginette Truffiez.

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