dimanche 16 octobre 2011

L'interview de campagne.

L'interview de campagne de Pascal Dequéant,
candidat à l'élection présidentielle de 2012.
Pour le moment, je ne peux pas dire que les journalistes et les acteurs qui font tourner la machine électorale me pressent de questions. Les intrigues des uns et les primaires des autres prennent une place trop importante dans l'actualité et dans l'attention de la presse pour qu'on se soucie des petits candidats. Il est vrai que les derniers débats des socialistes, qui se déchirent désormais en public et en direct, sollicitent tant de commentaires et d'exégèses pour en tirer quelques embryons d'idées qu'il ne reste plus de place dans le paf (paysage audio-visuel français) pour des candidatures alternatives. La seule alternance est celle que les journalistes nous imposent. Et si ce n'est pas vrai, tout nous porte à le croire.
Un seul autre candidat à la prochaine présidentielle m'a contacté pour que je lui donne mon avis sur son programme. Il n'a certainement pas lu une ligne de ce que j'ai publié sur mes quatre sites et n'a pas dû jeter un regard, même distrait, sur mon manifeste pourtant disponible en deux versions différentes : il aurait remarqué que ses idées et les miennes n'ont strictement rien de commun.
Pour remédier à ce manque d'enthousiasme, somme toute compréhensible, pour mon programme électoral, j'ai repris une idée originale même si elle n'est pas franchement nouvelle : l'interview imaginaire. Le principe est simple : une célèbre journaliste politique de la télévision (avec le style mordant d'Arlette Chabot) décide d'abandonner les primaires socialistes, les grands candidats (ou supposés tels) et tous ceux qui, pour un oui ou pour un non, meublent l'actualité par des interventions tapageuses, pour venir me poser des questions, chez moi, à Saint-Wandrille-Rançon. Comme je me pose moi-même mes propres questions, pour faire plus authentique, j'ai délibérément choisi des sujets d'actualité qui sont au centre des préoccupations du moment et qui peuvent être embarrassants. Cela pourrait donner quelque chose d'intéressant.
(Les questions sont en vert, couleur de l'espoir)
Ouverture :
Qu'est-ce que la « Royauté Républicaine » ?
La « Royauté Républicaine Française » est le nom que j'ai donné à mon mouvement par opposition à la « monarchie républicaine » qui caractérise la dérive des institutions de la Cinquième République depuis quelques années.
Êtes-vous un candidat royaliste ?
Pas du tout. Pour être royaliste, il faut se ranger derrière un des princes qui sont actuellement prétendants au trône de France : soit le Prince Jean d'Orléans, soit le Duc d'Anjou et de Cadix qui se fait déjà appeler Louis XX. Ce n'est pas mon cas car, tout comme la République, je ne reconnais aucun trône à la France.
Dans ce cas, si vous êtes républicain, pourquoi avoir associé royauté et république ?
Cette association repose sur quatre raisons :
  1. Je vois l'avenir de nos institutions comme la synthèse de toute l'histoire de France : elle a été royale, impériale, républicaine, elle doit pouvoir rassembler tous les citoyens sur un projet démocratique commun.
  2. Comme je l'ai écrit sur mon site Internet, « La Royauté est un principe qui concerne la Souveraineté, la République est un mode de fonctionnement qui définit son exercice. La Royauté et la République sont donc complémentaires et ne s'incarnent que dans la Nation ». La différence qui existe entre les royalistes et moi repose sur la conception de la souveraineté.
  3. La fonction du Président de la République est d'être le Chef de l'État et non celui de l'exécutif. Il représente la Nation mais ne la gouverne pas, du moins pas directement. S'il y a des affinités avec la royauté, je reste partisan du mandat à cinq ans.
  4. Le texte fondateur de la République, qui figure encore en tête de la Constitution de 1958 est la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789. Elle a été approuvée par le roi Louis XVI à un moment de l'histoire où la France était une royauté. Mon idée de « Royauté Républicaine », par cet exemple, se justifie donc pleinement.
Ne pensez-vous pas que les électeurs auront d'autres sujets de préoccupation que ces questions de philosophie ?
Ils ont largement de quoi s'inquiéter, j'en conviens. Il suffit de regarder n'importe quel journal sur n'importe quelle chaîne de télévision pour se rendre compte que nous sommes au bord du désastre : les effets de la crise sur l'emploi et la possible faillite des banques n'ont effectivement rien de réjouissant. Or, ce qui est particulièrement étonnant, c'est que la France a une dette vertigineuse à résorber alors qu'elle est le cinquième pays le plus riche. Je suis d'accord avec vous : les citoyens préféreront se demander où se trouvent ces richesses plutôt que rechercher qui exerce en réalité sa souveraineté sur le pays.
Croyez-vous réellement que vous allez attirer beaucoup d'électeurs avec votre « Royauté Républicaine » ?
Quand les électeurs seront dans l'isoloir, ils devront choisir parmi les candidats qui auront obtenu les cinq cent parrainages requis, celui qui saura les représenter, les comprendre et les écouter. Les citoyens de ce pays veulent un vrai changement. Un tel changement ne sera possible qu'avec une modification des institutions : tous les citoyens doivent pouvoir y avoir accès. Je leur propose de devenir les acteurs des futurs changements. Le sujet est souvent abordé dans les campagnes électorales, à droite comme à gauche, mais il est vite oublié dès les résultats du scrutin connus.
Sur les cinq années qui composent le mandat du Président de la République, seuls les premiers mois portent le nom « d'état de grâce ». Une fois cette période bénie passée, tout se gâte : les sondages, les indices de satisfaction et autres cotes de popularité dégringolent et les sujets de mécontentement se multiplient. C'est une bizarrerie de notre pays : les électeurs veulent se retrouver dans le candidat qu'ils ont élu mais ils sont toujours déçus après. Plus étrange encore, personne ne se demande pourquoi cela se passe toujours de cette façon alors qu'il y a forcément des raisons.
La République a eu beau démontrer que la Royauté était dépassée, la France n'a toujours pas pu vraiment s'en affranchir. C'est la raison qui explique que cette « Monarchie Républicaine » dont beaucoup de vos confrères parlent pour décrire la Cinquième République, a si bien su s'imposer. Les citoyens de ce pays veulent bien d'un roi mais ils ne veulent pas être obligés de le garder. L'histoire du dix-neuvième siècle est une preuve éclatante tout autant que celle de la république actuelle. Qu'il soit revêtu du titre de roi ou de président, le Chef de l'État présente les mêmes symptômes du monarque. Un de vos confrères de l'hebdomadaire l'Express disait, à juste titre, que « les électeurs élisaient un roi de France qu'ils guillotinaient symboliquement tous les cinq ans ».
Les cinq dernières années ont donné toutes les preuves que la France n'était plus une république mais quelque chose qui ressemblait au Consulat, la période de notre histoire qui a précédé le Premier Empire, avant que Bonaparte ne devienne l'Empereur Napoléon Ier. Les citoyens ont dû subir :
  • Un Chef de l’État, Président de la République et de l'UMP, omniprésent, se voulant omnipotent et cumulant les fonctions,
  • Un Gouvernement dévoué corps et âme, avec à sa tête un Premier Ministre presque transparent,
  • Un Parlement transformé en chambre d'enregistrement, comme sous l'ancien régime, à la solde de l'exécutif.
  • Le tout assurant l'hégémonie de l'UMP sur les institutions pendant toute la durée du quinquennat.
Voilà ce qu'est la « monarchie républicaine » dans laquelle nous sommes actuellement.
Quel sera votre programme politique ?
Je n'ai pas, au sens strict du terme, de programme politique : je vous rappelle que ce n'est pas le Président de la République qui conduit la politique du pays mais le Premier Ministre et son gouvernement qui sont issus, il ne faudrait pas l'oublier, des élections législatives qui ont lieu un mois après les présidentielles. Mon programme ne concerne que les institutions et repose sur les points suivants :
  • Je ne me présente pas pour exercer le pouvoir mais pour être le médiateur entre le Gouvernement et la Nation. J'ai le projet de réformer le rôle, les fonctions et l'élection du Président de la République pour qu'il échappe définitivement à l'emprise des partis politiques.
  • Je vais mettre en place dans toutes les communes des « Comités de Citoyens » qui auront pour tâche d'assister les élus dans l'élaboration de la Loi. Ces Comités seront consultatifs, non pas dans le sens usuel du terme qui consiste à parler dans le vide et ne pas être écouté, et participatifs puisque ce sont eux qui auront le dernier mot. C'est ce que j'ai désigné par « Démocratie avec implication du Citoyen ».
  • Je compte étendre les principes de pétitions, de consultations citoyennes et de votations publiques en imposant une obligation de réponse au Gouvernement ou au Parlement et ce, quel que soit le nombre de signatures. Cela s'insère dans le projet qui consiste à donner « la parole au Peuple ».
  • Et dernier point, j'ajouterai dans le texte de la Constitution la reconnaissance du vote blanc comme suffrage exprimé. Un vote blanc pourra exclure les candidats ayant un nombre de voix inférieur à celui du vote blanc voire annuler un scrutin. Puisque la Constitution actuelle précise que la Nation est souveraine, c'est à elle et à elle seule d'exercer pleinement sa souveraineté. Le vote blanc sera une garantie, un véto suspensif ou définitif.
Pensez-vous que vos « Comités de Citoyens » auront le succès que vous attendez ?
Les citoyens ne se réuniront dans les Comités que s'ils sont convaincus de leur utilité. C'est loin d'être le cas actuellement. Pour ne prendre qu'un exemple, en Seine Maritime, les communes de Bois-Guillaume et de Bihorel ont consulté la population pour une éventuelle fusion. Le résultat a été négatif pourtant les deux conseils municipaux ont pris la décision contraire. Ce n'est pas un cas isolé, loin s'en faut ! Tout le monde peut donc comprendre pourquoi les citoyens rechignent à aller voter ou à exprimer un avis : ils ont bien compris, en 2010, que malgré les défilés et les manifestations, ils n'étaient pas entendus ni écoutés. C'est pourquoi je dis que toute cette hypocrisie doit cesser. Je souhaite rétablir la confiance entre les électeurs et les élus ou plutôt entre la Nation et ses représentants par un partenariat étroit qui les liera. Si les représentants élus conservent l'initiative des lois, c'est à dire leur mise en forme, les citoyens pourront y apporter des modifications. Aucun texte ne pourra être voté s'il n'a pas été soumis à la Nation. Pour convaincre les Citoyens de la nécessité de s'impliquer dans les Comités, si je suis élu, j'en présiderai régulièrement sur tout le territoire de la République.
Thème 1 : la crise financière.
Vos Comités de Citoyens pourraient-ils combattre la crise, par exemple ?
Un des thèmes qui revient le plus souvent dans les messages que je diffuse sur mes sites Internet est qu'il est important de rendre la parole au Peuple. Je sais que pour certains, le « peuple » est est un terme péjoratif : c'est d'ailleurs pour cela qu'ils ne veulent pas le mêler aux affaires publiques, ils ont trop de mépris pour lui. Pourtant, le Peuple, c'est près de soixante-trois millions d'habitants. Il y a bien sûr des ouvriers, des paysans, des caissières de supermarché, des chômeurs et des personnes qui survivent grâce à quelques maigres allocations, des fonctionnaires et des retraités, des hommes et des femmes qui mènent souvent des vies ordinaires, trop peut-être, mais il y a également des chefs d'entreprise, des chercheurs, des économistes, des architectes, des médecins, des cadres supérieurs, des infirmières qualifiées, des journalistes, des écrivains et des étudiants, soit une multitude d'hommes et de femmes. Tous ces citoyens ont vécu des expériences toutes aussi estimables les unes que les autres. Tout cela forme le Peuple, ce Peuple que les politiques méprisent depuis trop longtemps et qui siégera dans les Comités de Citoyens. Les différents gouvernements ont montré leur incapacité à résorber les effets de la crise, la Nation peut donc, à son tour, réfléchir à des solutions. Pour reprendre une phrase de Dominique de Villepin, « les Français ont compris qu'ils allaient payer la facture » : ils ont donc leur mot à dire, non ?
Qu'est-ce qu'ils connaissent des rouages de l'économie mondiale ?
Probablement rien de plus que les politiques qui ont plongé le pays, et l'Europe toute entière, au bord de la faillite, mais certainement pas moins non plus. Le Peuple de France est riche et cette richesse ne se mesure pas en euros. Toutes les particularités culturelles régionales, véritable patrimoine historique, la diversité des connaissances que les peuples étrangers nous ont transmises, que nous soyons allés les chercher ou qu'ils nous les aient apportées, et la multiplicité des idées et opinions tant politiques, religieuses, littéraires que philosophiques constituent une ressource qu'il serait impardonnable de ne pas utiliser. Plutôt que de mettre en évidence ce qui peut nous diviser, il serait plus intelligent de se focaliser sur ce qui nous rapproche. Donner la parole au Peuple au lieu de le pousser à se quereller avec tous ceux qu'il ne connaît pas résoudra bien des problèmes. Pour ce qui est des rouages de l'économie mondiale, pour reprendre un cliché, la ménagère qui a mille euros dans son porte-monnaie pour l'entretien de sa famille et la gestion de sa maison devra s'en contenter parce que la banque ne lui accordera aucun prêt. Les financiers qui sont responsables de la crise actuelle devraient commencer par s'appliquer à respecter eux-mêmes les règles qu'ils imposent à leurs clients, ce serait logique. De plus, si les ménagères avaient pu mettre leur nez dans les comptes de ces banques qui ruinent les états, la crise ne serait restée qu'une définition dans le dictionnaire plutôt qu'un épouvantail dont on se sert pour justifier des politiques d'austérité iniques.
Thème 2 : l'immigration.
Vous avez parlé des étrangers et de ce qu'ils nous apportaient. Allez-vous ouvrir les frontières à tous les immigrants ?
Un pays qui se vante d'avoir soufflé le vent de la Liberté, qui prône la Démocratie et qui a participé à la suppression des frontières au sein de l'Europe ne serait pas logique en interdisant l'entrée des étrangers sur son sol. Pourtant, comme je l'ai entendu, la France n'a pas vocation à accueillir tout le monde et je suis aussi d'accord sur ce point. L'immigration, personne ne pourra l'empêcher totalement, le vouloir serait une absurdité. Les mouvements de populations sont une sorte de respiration pour les civilisations. Les problèmes qu'ils suscitent peuvent se résumer en quelques points.
  • Pour beaucoup de pays, l'occident en général, et la France en particulier, exercent un attrait particulièrement fort. Ce n'est pas un hasard si les immigrants proviennent des anciennes colonies ou de ce qui a été pendant plus d'un siècle les Départements Français d'Algérie : la République a fait appel, à plusieurs reprises, à toutes ces populations pour faire tourner ses usines, forer dans ses mines de charbon ou combattre en première ligne dans ses armées. Nous devrions leur témoigner du respect et non du mépris.
  • Les histoires et les mythes qui tournent autour de l'étranger ne sont pas toutes récentes. Un individu était considéré comme étranger à partir du moment où il n'était pas né dans la même commune. En règle générale, il avait toutes les peines du monde à s'intégrer, pour reprendre un terme à la mode, non pas parce qu'il ne le voulait pas lui-même, loin s'en faut, mais parce que les autres ne le souhaitaient pas. Ce genre de réaction est encore tenace, même au vingt-et-unième siècle ! Qu'est-ce qui fait d'un individu un « étranger » ? On ne sait rien ou pas grand chose de lui et c'est ce qui effraie. L'être humain a une particularité : lorsqu'il ne sait pas, au lieu de se renseigner, il invente. C'est ainsi qu'on se retrouve confronté à des rumeurs, ce qu'on appelle aujourd'hui des légendes urbaines : des on-dits qui n'ont aucun fondement sérieux. Plus fort encore, l'étranger n'a même pas besoin d'être différent pour être considéré comme tel.
  • La frontière entre la peur de l'étranger et la xénophobie est ténue. Quand des préjugés raciaux ou religieux, des considérations plus ou moins fondées sur des coutumes ou tout simplement l'intolérance et la haine se superposent au sentiment premier que suscite l'étranger, tout les excès sont alors possibles. Il est facile alors de montrer du doigt l'étranger qui devient un prétexte idéal pour toutes sortes de maux qui n'existent que dans les fantasmes de quelques extrémistes. Mais ce n'est pas comme ça qu'on règle les problèmes. Avant de décréter arbitrairement que tous les étrangers sont des terroristes et qu'ils ne rêvent qu'à la ruine et la destruction de notre pays, il conviendrait de réfléchir un tant soit peu.
  • L'immigration, lorsqu'elle est issue de vieilles rancœurs historiques, prend une tournure encore plus spécifique. Je pense notamment à l'Algérie, dont la conquête débuta en 1830, sous Charles X et qui fut achevée en 1847, sous Louis-Philippe, anciens départements français qui obtinrent leur indépendance avec les accords d'Evian en 1962. Les relations entre la France et l'Algérie sont devenues, depuis lors, très particulières, dans tous les sens du terme. Les raisons sont nombreuses et les acteurs multiples. Les rancœurs des uns et des autres ne facilitent pas les choses et certaines blessures ne vont pas se refermer de sitôt.
  • N'oublions pas le mythe du plombier Polonais qui fait son apparition dans les débats et qu'on relie généralement à l'Europe. La fable de l'étranger, même s'il est Européen, qui vient prendre le travail du Français assure le succès de certains mouvements politiques. Je serais tenté de rectifier cette vision tout à fait pessimiste voire alarmiste par cette remarque : ce ne sont pas les étrangers qui viennent prendre le travail des Français, ce sont des patrons qui, sous couvert d'économies, exportent ailleurs le travail qui devrait rester chez nous. « On ne réduira le chômage que par le travail » avait affirmé monsieur Sarkozy. Il est regrettable qu'il n'ait rien fait dans ce sens.
  • L'immigration devient un réel problème lorsqu'elle est clandestine. Dans ce cas, l'étranger n'est plus un « monstre sanguinaire » mais une victime que des individus sans scrupules dépouillent avant de les abandonner. Ils viennent chez nous sous des prétextes divers, par des moyens parfois sordides, se retrouvent en situation irrégulière, sans papiers, pour reprendre le terme approprié, et sont expulsés comme des animaux. Les exemples sont nombreux : entre les maliens et les roms, les occasions n'ont pas manqué de faire parler de nous !
Il est évident qu'on ne peut pas laisser venir tout le monde : pour entrer en France, il y a des règles, elles sont ce qu'elles sont, mais elles existent. Pour ceux qui sont déjà là, il y a des façons plus intelligentes de les accompagner sans que ce soit nécessairement vers la frontière.
Vous êtes donc pour l'intégration ?
Je n'aime pas du tout ce mot. En dehors d'une référence aux mathématiques (le calcul intégral), l'intégration me fait penser à une entrée obligatoire et même forcée dans un modèle uniforme et étriqué, à un abandon contraint de sa propre personnalité au profit d'un comportement standardisé, à une aliénation de l'individu pour un groupe que les politiques souhaiteraient homogène alors qu'il ne l'est pas. La République est, dans les textes, « Une et Indivisible » mais l'ancien régime lui a légué l'ensemble de ses cultures locales. Même si la Révolution a éradiqué les anciens coutumiers pour une législation unique, les particularités régionales sont encore tenaces, lorsqu'elles ne sont pas différentes comme en Alsace et en Lorraine.
Au lieu d'intégration, je préfère le terme d'inclusion, qui a aussi une connotation mathématique, c'est certain, mais plus positive, dans le sens de profitable. Vous aurez remarqué, comme moi, que certains mots de la langue française ont tendance à prendre des significations qu'ils n'ont pas forcément au départ. On finit par se retrouver avec des concepts particulièrement ridicules. Voici quelques exemples significatifs :
  • La discrimination positive. J'ai beau chercher, je ne vois pas ce qu'il peut y avoir de positif à discriminer.
  • L'immigration choisie, qui est à l'immigration ce que le kirsch fantaisie est à l'alcool de cerise.
  • La croissance négative, l'invention linguistique du siècle qui risque de détrôner le couteau sans manche qui n'avait pas de lame.
  • La laïcité positive, qui est une incongruité. A elle seule, la laïcité est une source intarissable de sottise. C'est un sujet qui revient à la mode de temps à autre et il est généralement associé aux musulmans : c'est sûrement là qu'il faut chercher le côté positif car il est bien caché.
  • L'identité nationale. Une autre source intarissable de propos qui vont dans tous les sens et qui consistent à résoudre l'équation suivante : qu'est-ce qu'un Français ? Qui est Français et qui ne l'est pas ? Comme si répondre à ce genre de question avait une quelconque importance !
La « Royauté Républicaine » pourrait faire partie de cette liste des bizarreries lexiquales si elle n'avait pas pour but de rassembler l'ensemble de la population dans un projet commun.
Qu'entendez-vous par inclusion ?
Normalement, si je me réfère à mon dictionnaire, intégrer signifie faire entrer dans un groupe ou une communauté. Comme je l'ai dit il y a quelques minutes, des mots de la langue française se chargent de connotations qu'ils n'ont pas du tout à l'origine. Les politiques, qui ont leur propre logique, ou leur logique propre, ce qui, mystérieusement, n'est pas équivalent, demanderont à des catégories de personnes bien ciblées de se couler dans un moule rigide, républicain et étriqué, mais pas à d'autres. S'intégrer dans la république équivaudra à un abandon pur et simple de tout patrimoine culturel au profit du respect des valeurs républicaine dont personne ne dit ce qu'elles contiennent mais qu'on devine aisément contraignantes.
Je vais demander à chacun de faire appel à ses souvenirs scolaires pour résumer ce que l'occident, l'Europe et la France doivent aux étrangers. Je vais citer quelques exemples :
  • La civilisation gallo-romaine dont parlent les livres d'histoire a pour origine la conquête des Gaules par les armées romaines. Le droit romain, qui a fortement influencé le Code Civil, dit Code Napoléon, a été forgé à Rome puis à Byzance, l'actuelle Istanbul.
  • Les croisades ont donné lieu à de multiples confrontations entre l'occident et l'orient. Les croisés ont ramené dans leurs bagages la médecine, l'algèbre (un mot d'origine arabe) et bien d'autres sciences.
  • La renaissance a débuté par les guerres que le roi de France François Ier a fait en Italie. Tout le monde se souvient de la bataille de Marignan en 1515. La Joconde, qui fait la fierté du musée du Louvre a été peinte par l'Italien Léonard de Vinci.
  • Pendant le règne de Louis XIV, la musique Française était sous la coupe de Lully, un Italien. Pour rester dans le domaine de la musique, au XIXème siècle, les compositeurs qui ont fait la gloire du grand opéra sont Allemands : Meyerbeer, Offenbach ; ou Italiens : Spontini, compositeur préféré de l'empereur Napoléon Ier, ou Cherubini, et je ne parle pas de la forte influence de Rossini ou de Richard Wagner.
  • Plus près de nous, en littérature, Eugène Ionesco était d'origine Roumaine, comme le compositeur Georges Enesco. Jacques Brel était Belge, comme Annie Cordy, Salvator Adamo et notre Johnny Haliday « national ».
A-t-on demandé à tous ces personnages d'abandonner leur culture ? Non ! Mieux, ils ont permis à quelques disciplines de se renouveler. C'est pour cette raison que je préfère l'inclusion. Les étrangers qui prennent la nationalité Française ne renoncent pas à tout ce qu'ils ont appris : ils viennent avec. Si on veut absolument utiliser le concept d'intégration, il peut s'utiliser différemment : c'est à nous, Citoyens, d'intégrer leurs apports à notre culture et non à eux de rentrer dans un moule qui est factice. Certes, il y a quelques règles à respecter et des lois à connaître mais est-il nécessaire de les brandir en vociférant quand nous mêmes ne sommes pas si soucieux de les observer. Grâce à l'inclusion, on peut être à la fois musulman, prier cinq fois par jour (comme cela se pratique également dans tous les monastères chrétiens), et remplir ses devoirs civiques : ce n'est pas incompatible. La République est sociale, laïque et démocratique : elle doit donc accepter tout le monde avec une parfaite égalité. Bien sûr, lorsqu'un ressortissant étranger pénètre sur le territoire de la République, il doit observer les lois que la République se sera fait un devoir de lui enseigner. S'il ne le fait pas, il faut agir conformément à ce que prévoit la loi.
Que proposez-vous pour combattre la montée de l'islamisme en France ?
Si vous croyez que je présente ma candidature à l'élection présidentielle pour tout régler tout seul, vous vous trompez. Je ne suis pas magicien. Mon projet de réforme vise à donner la parole au Peuple, c'est à dire écouter les Citoyens, les impliquer dans la République et recueillir leurs propositions. La question que vous m'avez posée peut très bien être un sujet de réflexion soumis aux Comités de Citoyens. Je reste persuadé que les débats peuvent déboucher sur des solutions intéressantes, inédites et certainement originales. Ce sera en tout cas l'endroit idéal pour que tous les protagonistes puissent s'exprimer et échanger leurs points de vue.
Si je n'ai pas de solution toute faite, voire pas de solution du tout, j'ai tout de même quelques remarques à formuler :
  • Avant d'être un problème, l'Islam en France est avant tout une querelle de chiffres. L'objectif apparent de certains partis politiques est de savoir combien il y a de musulmans dans notre pays, comme si ce chiffre avait une importance !
  • Après la deuxième guerre mondiale, période de reconstruction, il y a eu ce qu'on a appelé les « trente glorieuses » : trente années d'effervescence économique avec un grand besoin de main d’œuvre. La République est allée chercher les travailleurs dont elle avait besoin là où ils se trouvaient, dans ce qu'on a désigné par « l'Empire Français ». Les « étrangers » sont venus, ont travaillé dans nos usines et ils sont restés. D'autres ont continué à venir alors que le travail se raréfiait et aujourd'hui certains voudraient qu'ils s'en aillent ! Pour aller où ? Chez eux ? Mais c'est ici, chez eux, même si ça dérange !
  • Vous parlez de montée de l'islamisme comme si la France était devenue un repère de terroristes sanguinaires. Toutes les communautés, dont les membres ne demandent qu'à vivre tranquillement, que vous pointerez du doigt pour un oui ou pour un non se mettront sur la défensive. Vous pourrez trouver des hystériques dans toutes les religions et même chez ceux qui disent ne pas en avoir. L'extrémisme, où qu'il soit, est nuisible et tous les terrorismes sont condamnables.
  • Je pense que le problème n'est pas du tout religieux mais politique voire idéologique. Il y a un conflit ouvert non pas entre l'Islam et l'occident Judéo-Chrétien mais entre l'Islam et le capitalisme. L'Islam conçoit la société comme une communauté solidaire tandis que le capitalisme est individualiste. D'un côté vous avez une collectivité, de l'autre la liberté individuelle absolue, voire égocentrique. Ce sont deux conceptions de la société humaine qui sont contraires : elles ne peuvent que s'affronter.
  • Si l'Islam est une source de problèmes alors qu'elle est la deuxième religion professée en France, que penser du Catholicisme qui est la première ? Vous pensez bien que je n'essaierai pas de répondre à cet amusant syllogisme !
Il est vrai que quelques musulmans sont plus chatouilleux sur certains sujets mais il ne faut pas oublier que l’Église Catholique, il n'y a pas si longtemps, frappait d'interdit tout ce qu'elle n'admettait pas. L'Islam n'est pas un problème, c'est une religion, et comme toutes les religions, elle pense être la seule dans le vrai.
L'Islam, selon vous, serait parti en guerre contre le capitalisme ?
Je n'ai pas dit cela, du moins pas de cette manière. Il y a de toute évidence un conflit entre l'Islam et le capitalisme. Pour s'en convaincre, je vais donner quelques éléments caractéristiques :
  • Il se produit depuis quelques années maintenant, ce que j'appellerai une occidentalisation du monde qui se reconnaît par cette volonté affichée d'imposer un modèle supposé démocratique. Alors que l'occident a mis plusieurs siècles avant de se décider à en appliquer quelques règles, on voudrait que des pays comme l’Iraq ou l'Afghanistan en adopte les principes du jour au lendemain. C'est une aberration totale : regardez les résultats !
  • Tout le monde a entendu parler de la mondialisation, une autre façon pour le capital d'assurer son hégémonie sur l'économie de la planète. J'ai étudié avec attention quelques-uns des discours de Nicolas Sarkozy : le nombre de fois où il fait allusion à une gouvernance mondiale est terrifiant. Cela ne laisse rien présager de bon pour les Peuples de la Terre.
  • Les Américains croient qu'ils ont pour mission de surveiller la planète entière. On les trouve partout, il se mêlent de tout, même de ce qui ne les regarde pas. Vous comprendrez que certains pays y soient réticents. Et je ne parle pas des puissances industrielles, dans l’agroalimentaire, pour ne citer qu'un exemple, qui s'imposent dans des régions entières du globe.
  • Après la chute du bloc Soviétique et l'effondrement du communisme, à part dans quelques pays, et non des moindres, la Chine puissance industrielle au combien redoutable, le capitalisme triomphant s'est imposé comme modèle unique. Les États- Unis ont adopté une technique dite du « faites ce que je dis mais pas ce que je fais » en imposant leurs produits et leurs industries au monde entier tout en étant protectionnistes.
  • L'occident capitaliste est adepte fervent de la liberté individuelle. On n'aime pas les groupes, en occident, ni les syndicats. On préfère diviser pour mieux régner. Ce n'est pas vraiment comme cela que le Musulman perçoit le monde.
  • Le dernier sujet qui fâche, c'est le conflit israëlo-palestinien. Il faudrait des heures pour faire un point objectif sur ce dossier épineux. La seule chose que je voudrais dire c'est que les États-Unis soutiennent l’État d'Israël qui spolie petit à petit un Peuple qui, au départ, habitait là depuis des centaines d'années et qu'on chasse de chez eux.
Au lieu d'affirmer que l'Islam pose des problèmes, il serait peut-être judicieux de se poser quelques questions simples comme celles-ci : qu'est-ce qui pousse des Musulmans à partir en guerre contre l'occident ? N'auraient-ils pas des raisons justifiées ? Leur cause est-elle vraiment condamnable ? N'aurions-nous pas commis quelques erreurs ?
Pensez-vous que la laïcité soit la solution aux problèmes liés à l'Islam ?
Comme beaucoup de vos confrères, vous confondez Islam et islamisme. Je peux vous donner une liste de problèmes bien plus préoccupants pour les Citoyens de ce pays sans qu'ils aient un rapport avec l'Islam ou avec n'importe quelle autre religion. Le chômage, le nucléaire, les OGM, le coût de la vie, la crise économique, le monde de la finance, la mondialisation, la précarité et tout ce que nos concitoyens connaissent tous les jours sont des sujets bien plus inquiétants. Vous pouvez toujours essayer de les régler avec la laïcité, je doute que ce soit efficace.
Mon dictionnaire dit que la laïcité est « un système qui exclut les Églises de l'exercice du pouvoir politique ou administratif, et en particulier de l'organisation de l'enseignement. ». Il ajoute que l'école laïque est « l'ensemble des écoles publiques distribuant un enseignement qui ne contient pas d'éducation religieuse. » Il ne dit rien de plus. Mystérieusement, la laïcité s'est vue complétée de quelques verrues polémiques qui ne visent que des Musulmans. En France, c'est assez étrange, la laïcité est Catholique. Accessoirement, elle peut devenir positive, comme je le disais précédemment, sans qu'il soit permis de savoir en quoi. Mais pour citer l'exemple qui fâche généralement, le foulard dit islamique porté en classe par quelques originales, la réponse est simple : lorsqu'un parent inscrit son enfant dans une école publique (et laïque) il accepte de se conformer au règlement intérieur de l'établissement. Si une fois inscrit, l'enfant en question enfreint le règlement qu'il s'était engagé à respecter, il doit être sanctionné selon les règles prévues. Encore faut-il que ce soit prévu, mais là nous entrons dans un flou artistique.
Avant de vous donner mon point de vue concernant le port du foulard qu'on se plaît à dire islamique, je vais vous citer la Sourate 33, verset 59 du Coran qui en parle : « Dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de ramener un pan de leur voile sur elles. C'est le meilleur moyen pour elles de se faire connaître et d'éviter ainsi d'être offensées. » (traduction de Mohammed Chiadmi, éditions Tawhid, 2004)
La phrase dit que le port du voile (ou d'un pan de leur voile, selon les traductions) permet à la femme de ne pas être offensée. Si la même femme était offensée en le portant, la logique voudrait que, pour se préserver, elle le retire. Le tout étant de savoir qui du voile ou de la femme, est le plus important. Pour ma part, le port du voile ou du foulard m'indiffère. Mais si quelques puristes exigent, dans les écoles publiques, une application stricte des textes, outre le foulard, on doit également interdire les médailles de baptême, les croix, les étoiles de David, les mains de Fatima et toute représentation à caractère religieux mais également politique.
Thème 3 : le quotidien.
Une des préoccupations des Français concerne la sécurité. Que pouvez-vous proposer aux électeurs ?
Mon dictionnaire donne la définition suivante à sécurité « confiance, tranquillité d'esprit résultant de la pensée qu'il n'y a pas de péril à redouter. » Une fois de plus, la langue française, dans la bouche des politiciens, prend des directions tout à fait curieuses. Aujourd'hui, quand un ministre de l'intérieur, ou le Président Sarkozy, vous parle de sécurité, il est question de crimes et de vols, de terroristes et autres voyous, de statistiques (parce qu'il en faut partout), de répression et d'interdiction en tous genres, comme les lois LOPPSI et HADOPI, et surtout de vidéo-surveillance. Tout cela fait parler, dans le vide, et ne règle aucun problème. Comme l'a dit le très caustique Christophe Alévèque dans son spectacle « Debout » : « il faut que les gens aient peur alors on en fait ce qu'on veut ! » C'est dans ce but que la politique sécuritaire, loin d'être un ensemble de solutions concrètes, a fini par devenir une variante de la scolastique, autrement appelée langue de bois. Une politique de sécurité ne consiste pas à fixer des quotas à des policiers ou des gendarmes ni à exiger des statistiques purement mercantiles mais à donner les moyens nécessaires pour que tous ces personnels puissent remplir au mieux leur mission. Je sais, pour le vivre quotidiennement, que la dernière marotte des grands managers est de calculer des coûts et de tout vouloir facturer, mais il y a des moments où cela tourne au ridicule. La sécurité, ou plutôt, l'insécurité, concerne tout le monde : aussi bien le Gouvernement, les forces de polices que les Citoyens eux-mêmes. Ce dossier devrait leur être confié puisqu'ils sont les premiers concernés. Je reste persuadé, voire intimement convaincu, que les Citoyens savent mieux que quiconque ce qu'il conviendrait de faire. Il n'y a qu'à leur demander. C'est aussi simple que ça.
Ne pensez-vous pas avoir une confiance excessive en vos concitoyens ? Croyez-vous réellement qu'ils pourraient résoudre un problème comme le chômage ?
Oui, faire confiance aux Citoyens est certainement un gros défaut. Les autres candidats qui souhaiteraient élargir la sphère d'influence aux Citoyens parlent de démocratie participative. Ils en parlent mais ne disent pas ce qu'ils comptent faire concrètement. J'ai lu des choses surprenantes, ahurissantes voire inquiétantes. Par exemple : un des candidats a eu l'idée de créer des Comités de Citoyens tirés au sort et rétribués qu'il mettrait à tous les niveaux hiérarchiques des institutions pour, dit-il, assurer un équilibre des pouvoirs. Moi je pense plutôt qu'il va bloquer les derniers rouages qui fonctionnent de façon définitive. Mon projet est plus simple : il part d'un partenariat entre les électeurs et les élus dans un climat de confiance et d'honnêteté. Ce sont là deux vertus, deux valeurs républicaines, qui exigent une réciprocité. Vous considérez que je fais trop confiance à mes compatriotes, vous avez sans doute raison, mais jusqu'à présent, tout ceux qui ont exercé le pouvoir ne leur ont pas fait confiance du tout.
Je n'ai pas l'intention de créer les Comités de Citoyens pour qu'ils résolvent tous les problèmes comme par magie. Mon but est légèrement différent. Je souhaite donner la parole au Peuple pour qu'il fasse des propositions et qu'il puise dans son expérience quotidienne le matériau qui permettra à la Nation toute entière de se reconstruire. Vous parliez du chômage comme si c'était une situation économique inéluctable, les Citoyens ne le comprennent pas comme ça. En effet, lorsqu'ils constatent eux-mêmes que tout ce qu'ils achètent vient d'ailleurs, ils comprennent que nous avons besoin de ces produits mais que nous ne les fabriquons pas en France. Je ne vais citer qu'un exemple : dernièrement, en faisant mes courses dans un supermarché, je suis tombé sur des champignons de Paris qui venaient de Pologne. C'est quand même un comble. Une première étape consisterait à ramener la production industrielle dont nous avons besoin en France. Une idée simple mais encore inédite, on se demande bien pourquoi !
C'est assez simpliste, effectivement ! Mais comment financerez-vous ce projet ?
Avec les Citoyens il n'y a pas trente-six attitudes à adopter : il n'y en a que deux. Soit vous les méprisez, en les prenant pour des imbéciles, des incapables et des nigauds, soit vous les considérez comme des individus dotés d'intelligence, en acceptant le fait qu'ils aient tous une expérience à faire partager. Allez maintenant leur expliquer que le travail coûte cher, que c'est plus rentable de tout fabriquer en Chine, qu'il vaut mieux tout importer, qu'ils devront se contenter de salaires de misère, d'allocations diverses et variées, de périodes de chômages qui retarderont leur départ en retraite, si toutefois ils arrivent jusque là, qu'il n'y a plus de sous dans les caisses et que c'est la faute de la crise. Plus personne ne croit ce genre de sornettes depuis qu'il a été question des parachutes dorés, des salaires vertigineux que certains technocrates se versent, de Liliane Bettencourt qui aurait pu régler définitivement le problème des retraites en donnant ses revenus un mois sur deux et des mallettes de billets qui se promènent de ci de là. Quand un Gouvernement peut renflouer les caisses des banques avec les milliards qui appartiennent aux contribuables, il peut financer un programme industriel et social d'envergure. N'essayez même pas de leur faire croire le contraire : ce mensonge ne passe plus. Remarquez qu'on peut faire pire : les banques avaient beau avoir vidé les caisses de l’État, le Gouvernement va quand même réussir à aider la Grèce avec des milliards qui doivent sortir d'une trappe mystérieuse ou d'un double fond.
Vous êtes contre une aide financière à la Grèce ?
Je n'ai pas dit cela. Si la France n'aide pas la Grèce aujourd'hui, qui nous aidera quand notre tour viendra ? C'est ça, la magie de l'Europe des financiers ! Vivement l'Europe des Peuples.
Thème 5 : l'Europe.
Vous souhaitez une constitution pour l'Europe alors que les français avaient dit non.
La France a dit non au texte qui lui avait été présenté et elle a bien fait. Par contre, elle n'a pas été consultée pour l'adoption du traité de Lisbonne qui est une version soi-disant simplifiée mais qui reprend tout ce que contenait la fameuse constitution. Ils avaient appelé ça, souvenez-vous, le plan B. C'est là qu'on se rend compte que la démocratie telle qu'elle se pratique actuellement est une fumisterie. Il ne suffit pas de voter, encore faut-il que les décisions des électeurs soient respectées, ce qui n'est pas le cas dans cet exemple.
L’Europe doit pouvoir se doter d'une constitution fédérale digne de ce nom. Il n'est franchement pas nécessaire d'avoir un texte aussi complexe que celui qui régit actuellement la Communauté Européenne. Les États-Unis ont un texte simple, le même que celui de la Déclaration d'Indépendance en 1776 et je n'ai pas franchement l'impression qu'ils veuillent en changer régulièrement comme c'est souvent le cas de ce côté-ci de l'Atlantique. Il faut une constitution fédérale pour une Europe des Peuples.
Pourquoi souhaitez-vous que la Turquie entre dans l'Europe ?
Monsieur Sarkozy a dit : « La Turquie n'a pas sa place en Europe parce que c'est en Asie Mineure, et si l'Asie Mineure c'était l' Europe ça ce saurait ! ». Sur le plan géographique, la Turquie a déjà un pied en Europe. Mais c'est sur le plan historique que son attrait pour l'Europe est le plus fort. Les derniers sultans ont choisi de réformer leurs institutions en s'inspirant du modèle Allemand, la République Turque, Mustapha Kémal en tête, a continué sur cette voie : je ne citerai que l'adoption de l'alphabet latin qui est l'indice le plus marquant. Et puis ce pays a beaucoup évolué. Je disais il y a quelques temps à un ami, en regardant le journal télévisé sur la TRT : « Tiens, les Turcs sont devenus trop chers, ils commencent à tout fabriquer ailleurs ! Ils vont pouvoir rentrer dans l'Europe ! » C'est une boutade, évidemment, mais un pays qui est résolu depuis plus de cent cinquante ans et qui fait les efforts nécessaires pour adhérer à la Communauté Européenne doit pouvoir obtenir satisfaction si c'est la volonté de son Peuple.
Conclusion :
Croyez-vous réellement que vous ferez le poids face aux candidats qui ont les moyens financiers de faire une véritable campagne électorale ?
Les électeurs ne vont pas se laisser indéfiniment berner par le chant des sirènes des candidats officiels et institutionnels que la presse se plaît à prendre en considération, à l'exclusion de tous les autres. Je me démarque des autres candidats sur bien des points, en voici quelques-uns :
  • Je ne me présente pas pour tout diriger mais pour rencontrer les Citoyens de notre pays, quels qu'ils soient et où qu'ils soient. Mon but est de leur rendre la parole et de leur donner la garantie qu'ils seront entendus et écoutés.
  • Je propose un véritable projet démocratique où tout Citoyen sera impliqué directement dans la vie de la République. Il pourra donner son avis et participera à l'élaboration de la Loi dans les Comités de Citoyens.
  • Je souhaite que le Président de la République soit indépendant de tout parti politique. C'est pour cela que je ne me présente qu'avec l'étiquette de mon mouvement qui n'est pas politique. Je n'ai donc pas les moyens financiers de ces partis et ma campagne sera certainement la moins onéreuse de toute l'histoire de la République.
  • Mon projet peut plaire aux électeurs parce qu'il est simple et logique.
  • Il rétablit l'équilibre entre les électeurs et les élus grâce à un partenariat qui les liera pour une action commune et dans un but partagé par tous.
  • Il restaure la confiance entre le Gouvernement et la Nation par un dialogue constant et constructif.
  • Il donne les garanties nécessaires à la Nation pour exercer pleinement sa souveraineté.
  • Il assure une stabilité accrue des institutions du fait que toutes les réformes seront élaborées d'un commun accord.
  • Il oblige les élus à plus d'honnêteté du fait qu'ils seront amenés à travailler constamment avec leurs électeurs et qu'ils seront tenus de leur rendre des comptes.
  • Les électeurs en ont assez de payer sans arrêt pour des réformes qu'ils n'ont pas souhaitées. Ils ne veulent plus être laissés de côté. Les politiques ont montré qu'ils n'étaient plus capables de résoudre seuls les problèmes. Je suis convaincu que les Citoyens de ce pays possèdent les solutions à la crise qui secoue le pays depuis des années. Leur tour est venu d'agir.
Que diriez-vous aux électeurs pour les convaincre définitivement ?
Tous les autres candidats espèrent que les électeurs leur feront confiance et qu'ils voteront pour eux. J'ai décidé de procéder différemment. Les électeurs choisiront peut-être de voter pour moi parce que je leur fais confiance, une confiance sincère en leur bonne volonté, leur intelligence, leur envie de progresser, leurs expériences personnelles, leur connaissance du quotidien et la diversité de leur patrimoine culturel. Je suis persuadé que leur choix se portera sur un candidat qui les considérera comme des Citoyens à part entière et qui saura les écouter, les comprendre, les aimer. Ce candidat ce pourrait être moi, pourquoi pas !
Monsieur Dequéant, je vous remercie.