mercredi 29 décembre 2010

La parole au Peuple, leçon 6.

La presse (entendez également la télévision et la radio) a pris pour habitude de déverser des tombereaux de nouvelles dont l'importance est parfois si ténue que, pour nombre d'entre elles, ne pas en faire mention du tout n'aurait en rien perturbé le train-train quotidien du citoyen. A contrario, d'autres, qui sont autrement plus préoccupantes, sont enrobées d'un tel luxe de détails inutiles qu'elles paraissent insignifiantes. Pour exemple, observez de quelle façon est rapporté un sommet des pays industrialisés où l'économie de la planète, entre autres sujets de premier ordre, est décidé sans vous qui, pourtant, par votre travail ou vos impôts alimentez les caisses où ils vont puiser sans vergogne. Souvenez-vous également de la façon particulièrement tortueuse dont les politiques ont fait usage pour vous faire gober la nécessité qu'il y avait à donner des milliards aux banques quand vous-même n'obtenez jamais rien. Essayez un même argumentaire lorsque vous rencontrerez votre conseiller financier pour qu'il comble votre découvert sans discussion ni contrepartie. Là, vous serez bien forcé de constater que l'égalité ne s'applique pas à tous avec les mêmes tarifs.
Parmi les nouvelles de ces derniers jours, il y en a une, tout particulièrement, qui pourrait être classée avec les nombreux sujets « à n'aborder que si vraiment, il n'y a rien d'autre à dire »: il s'agit de la tête du bon roi Henri IV, retrouvée et authentifiée par des scientifiques. A première vue, « il n'y a pas de quoi écrire à la famille » pour reprendre une expression entendue jadis dans un contexte qui ne prêtait pas spécialement à sourire. La tête d'Henri IV, l'omoplate de Hugues Capet, les bijoux de la duchesse de Windsor, les reliques de Saint Machin ou le cordon ombilical du tout premier homme (dont on ne sait pas encore s'il avait, ou non, un nombril) sont autant de sujets qui encombrent les colonnes de certaines parutions et dont la connaissance est exactement équivalente à leur ignorance. Certaines informations font avancer le schmillblick, comme disait le regretté Coluche, d'autres le font reculer mais il en existe qui n'ont aucune incidence, ni sur le schmillblick, ni sur rien d'autre. Henri IV, roi de France assassiné en 1610, est devenu une image d'Epinal sous l'appellation de Bon roi Henri IV deux siècles après son règne pour servir à la propagande du régime, comme c'est souvent le cas avec les personnages de notre histoire. Il faut quand même savoir que tout le monde, à l'époque, fut soulagé d'apprendre la mort de ce roi à qui on reprochait d'avoir abjuré trop facilement et précipitamment sa religion (protestante) pour monter sur le trône de France (avec cette phrase connue « Paris vaut bien une messe!).
Je vais vous poser cette question toute simple: si la coutume est d'enterrer les morts, et le bon roi Henri n'a pas échappé à la règle (il a été enseveli à Saint Denis), comment se fait-il que sa tête à voyagé à part du reste?
Pour les souverains de l'ancien régime, la règle générale suivait à peu près ce schéma: tandis que le cœur était embaumé et conservé dans un objet appelé « carditaphe » que l'on déposait ensuite à l'église du Val de Grâce (celui de Henri IV, si mes souvenirs sont exacts, reposait à l'église Saint Maurice de Lille), le reste du corps allait reposer dans une église, en général l'abbaye de Saint-Denis. Il s'est donc produit quelque chose à un moment donné pour que des morceaux de monarques se mettent à voyager hors de leur lieu de résidence définitif. Voici, extrait d'un forum où sont abordés des sujets historiques, quelques éléments de réponse.
« Mais où est la tête d'Henri IV ? (Sam 07 Mai 2005 11:02:36 )
En 1793, les révolutionnaires s'en allèrent en la basilique royale de Saint-Denis pour tout casser. Ils ouvrirent le tombeau d'Henri le Grand et trouvèrent un corps parfaitement conservé, comme si la mort datait d'hier. Ils sortirent le corps et le placèrent verticalement contre un mur pour que chacun puisse l'admirer. Et là, une mégère lui colla un soufflet puis un sans-culotte lui trancha la tête ! Cette tête connut un périple que je ne connais pas bien, mais je sais qu'elle a été vendue en 1919. A qui ? Il existe une photo où l'on voit la tête momifiée. Mais où est donc cette tête ? Toutes infos sur le sujet m'intéressent.
(Jeu 19 Mai 2005 18:43:14 )
Elle a été vendue à M Bourdais qui ne put jamais la faire reconnaitre vrai ( le Louvre l'a même refusée en 1947); apparemment sa sœur en a hérité . Il existe aussi un moulage réalisé par les sans-culottes lorsqu'ils ont pillé St Denis en 1793. »
(source : http://www.forum.roi-president.com/topic231.html)

Un complément d'information extrait de Wikipedia:
« Le tombeau de Henri IV à Saint-Denis n'échappe pas à la profanation en 1793, due à la haine des symboles monarchiques sous la Révolution française. La Convention avait ordonné l'ouverture de toutes les tombes royales pour en extraire les métaux. Le corps d'Henri IV est le seul de tous les rois à être trouvé dans un excellent état de conservation en raison de son exsanguination. Il est exposé aux passants, debout, durant quelques jours. Les dépouilles royales sont ensuite jetées, pêle-mêle, dans une fosse commune au nord de la basilique, excepté quelques morceaux qui sont conservés chez des particuliers. Louis XVIII ordonnera leur exhumation et leur retour dans la crypte, où elles se trouvent encore aujourd'hui. »
Toujours extrait de cette encyclopédie en ligne:
« Le corps d'Henri IV est jeté comme les autres dans une fosse commune sous des boisseaux de chaux vive lors de la profanation des tombes de la basilique Saint-Denis en 1793. Louis XVIII décide de ramener dans la basilique les restes de ses prédécesseurs le 19 janvier 1817 : à cet effet, les ossements sont récupérés dans la fosse mais il manque trois têtes. Dès cette époque, des rumeurs courent que la tête embaumée d'Henri IV aurait été séparée au moment de la profanation (un témoin oculaire parle d'Henri IV « frappé à coups de sabre et mis en pièce », un autre évoque un médecin emportant son crâne) et aurait disparu - mais aucun document d'époque n'atteste cet hypothétique larcin. Sa trace aurait ensuite été retrouvée au XIXe siècle dans la collection privée d'un comte allemand, le comte d'Erbach, puis le 31 octobre 1919 aux enchères à l'Hôtel Drouot lorsqu'un brocanteur montmartrois, Joseph-Emile Bourdais, achète pour trois francs une « tête momifiée dite d'Henri IV » lors de la vente de la succession d'Emma Nallet-Poussin, artiste peintre de Montmartre, pour la somme modique de 3 francs. Le brocanteur tentera toute sa vie, en vain, de prouver qu'il s'agit bien de la tête d'Henri IV, notamment en réalisant des radiographies, des moulages ou en exposant la tête momifiée aux badauds dans la rue ou à ses invités dans son domicile. Il la montre aussi dans « un petit musée de Montmartre avant de la proposer au Louvre... qui la refusa, doutant de son authenticité », précise Jacques Pérot, ancien conservateur du château de Pau où était né Henri IV. Les journalistes Stéphane Gabet et Pierre Belet, souhaitant réaliser un documentaire sur Henri IV à l'occasion de la commémoration du 400e anniversaire de sa mort, retrouvent cette tête en 2008 chez Jacques Bellanger, un fonctionnaire retraité qui l'avait acheté 5 000 francs à la sœur de Joseph-Emile Bourdais en 1955, la conservant depuis dans une caisse dans son grenier. Ce dernier ayant contacté Jean-Pierre Babelon, historien qui fait autorité sur l’époque d’Henri IV, pour identifier cette tête, les journalistes ont en effet appris cette histoire et convainquent Jacques Bellanger de lui confier la tête pour la faire authentifier. Une étude réalisée par une équipe multidisciplinaire de scientifiques menés par le médecin légiste Philippe Charlier et publiée par le British Medical Journal en 2010 a réalisé les examens sur la tête...
Cette étude ayant trouvé trente points de concordance confirmerait que l'identité de la tête embaumée est bien celle du roi Henri IV avec «99,9% de certitude». Le test ADN étant inexploitable (la longue exposition au plomb du cercueil aurait trop segmenté l'ADN mitochondrial et aucun échantillon prélevé n'était vierge de toute contamination), plusieurs historiens comme Philippe Delorme ou Franck Ferrand remettent en cause ce degré de certitude. »
Pour se faire une idée de ce que peuvent être certaines reliques, voici un extrait du Figaro Magazine du 21 juillet 2007):
 « L'étude (de la tête de Henri IV) a été réalisée par dix-neuf scientifiques rassemblés autour du Dr Philippe Charlier, médecin légiste de Garches. Surnommé l'Indiana Jones de l'histoire, ce paléopathologiste s'est rendu célèbre pour ses étonnantes découvertes. En 2007, il prouve que les ossements de Jeanne d'Arc, pieusement conservé à Chinon dans un bocal sous l'intitulé «Restes trouvés sous le bûcher de Jeanne d'Arc», authentifiés en 1909 par une commission papale, étaient en réalité ceux d'une momie égyptienne et d'un chat. »
Pour revenir à cette information concernant la tête du roi Henri IV, les journalistes ont voulu faire croire que cette découverte était récente alors que, selon toute évidence, le périple de l'objet est connu (et même bien connu) depuis l'origine. Pour preuve:
« Il y a eu un article sur cette tête dans un "Point de Vue Image du Monde" des années 1950... Elle existe donc encore. J'aimerais beaucoup la retrouver !
http://www.linternaute.com/histoire/magazine/magazine/interview/clementine-portier-kaltenbach/chat.shtml
Si les aventures de cette tête, sa redécouverte et son attribution à Henri IV (dont certains continuent de douter) ne sont finalement qu'anecdotiques, il n'en demeure pas moins que l'épisode originel qui a causé ces tribulations est encore fort méconnu. L'histoire officielle, qui puisait sa propagande dans la Révolution, n'en parle que très peu, voire pas du tout. Vous pouvez chercher dans vos livres d'histoire à l'année 1793, vous n'y trouverez, au mieux, qu'une vague allusion. Voici quelques précisions sur ce qui s'est passé en réalité.
« La profanation des tombes royales de la basilique Saint-Denis est un épisode de la Révolution française au cours duquel les tombes de la basilique Saint-Denis, nécropole des rois de France, ont été détruites. La symbolique associée à cet événement, l'un des plus marquants de cette période, apparaît encore aujourd'hui comme très forte et supposée empreinte d'une grande barbarie.
La proposition est faite lors de la séance du 31 juillet 1793 de la Convention nationale, par Barère, pour fêter la prise des Tuileries du 10 août 1792 et sous prétexte de récupérer le plomb pour en faire des balles. La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son Comité de salut public, fait savoir par son deuxième décret du 1er août 1793 que : « Les tombeaux et mausolées des ci-devant rois, élevés dans l'église de Saint-Denis, dans les temples et autres lieux, dans toute l'étendue de la république, seront détruits le 10 août prochain ».
Dom Germain Poirier, ancien bénédictin de la congrégation de Saint-Maur et ancien archiviste à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, est nommé commissaire chargé d'assister à l'exhumation. Le mois d'août doit être consacré à pratiquer l'exhumation des corps. Une décision inappliquée jusqu'au mois d'octobre puisqu'un conventionnel, Joseph Lequinio, dénonce son inapplication le 7 septembre 1793.
Dom Poirier a été le principal témoin oculaire de l'exhumation et de la profanation des tombeaux royaux. Il demeure dans la basilique du 12 au 25 octobre, jour et nuit et rédige en 1796 un Rapport sur l'exhumation des corps royaux à Saint-Denis en 1793, rapport repris et complété par le Conservateur du Patrimoine Alexandre Lenoir, autre témoin oculaire, dans le Musée des monuments français en 1801. Georges d'Heylli restitue en 1872 ce rapport dans Les tombes royales de Saint-Denis.
Dom Poirier avoue n'avoir pas retrouvé certains personnages comme le cardinal de Retz (mort en 1679) ou Alphonse de Brienne. Plusieurs corps sont retrouvés en état de putréfaction ou réduits en poussière (dont celui de Louis XV non embaumé car variolique ou de Louis XIV « noir comme de l’encre »). Curieusement, le corps d'Henri IV est dans un si bon état de conservation qu'il est exposé aux passants, debout, durant quelques jours devant la basilique. D'autres sont outragés ou mutilés, certains révolutionnaires n'hésitant pas à prélever ici un ongle, là des cheveux, des dents ou des os pour les conserver comme fétiches ou les revendre, tel Alexandre Lenoir qui fait un trafic de ces reliques royales. Les corps sont ensuite jetés dans deux fosses communes du cimetière attenant à la basilique vers le nord puis recouverts en partie de boisseaux de chaux vive.
Mais, c'est lors de la deuxième vague de profanation, en octobre 1793, qu'ont été véritablement réalisées les exhumations. Le 12 octobre, Henri IV et Turenne (le corps de ce dernier fut exposé quelques temps puis transféré au Jardin des plantes de Paris, puis au Musée des monuments français, et enfin sur ordre de Napoléon Bonaparte (qui deviendra Napoléon Ier) à l'église Saint-Louis des Invalides. »
(Sources: Wikipédia) 
 
La Révolution Française avait pris une direction fortement anti-religieuse et s'était engagée dans une politique de déchristianisation particulièrement rude, voyez vous-même.
« La Commune de Paris, sous l'impulsion de son procureur-syndic Chaumette, est la première à prendre, après le 10-août 1793, des mesures anticléricales : interdiction du port du costume ecclésiastique en dehors des fonctions sacerdotales (12 août), interdiction des processions et manifestations religieuses sur la place publique (16 août), réquisition des bronzes d'église pour l'armée (17 août). Toutefois, les arrêtés de la Commune ne sont pas toujours reconnus par la Convention, ni même suivis dans toutes les sections.
L'an II (septembre 1793-septembre 1794) voit l'apogée de la politique de déchristianisation. Ce sont des représentants en mission qui donnent l'impulsion décisive. L'activité de Joseph Fouché, dans la Nièvre et en Côte-d’Or, reste la plus célèbre. Sous l'influence de Chaumette (qui fait un voyage dans le département en septembre 93), il prend différents arrêtés interdisant toute manifestation extérieure du culte, rend obligatoire le mariage des prêtres pensionnés (ou à défaut, soit l'adoption par eux d'un enfant, soit l'entretien d'un vieillard indigent), et laïcise les convois funèbres ainsi que les cimetières. Sa décision d'inscrire sur les portes d'entrée des cimetières : « La mort est un éternel sommeil » connut un grand retentissement. Envoyé à Lyon avec Collot d'Herbois, il y poursuit sa politique antireligieuse : le 10 novembre 1793, il organise une grande cérémonie aux mânes de Chalier exécuté lors de l'insurrection de juin. Dans le cortège, un sans-culotte portant mitre et crosse précède un âne recouvert d'habits pontificaux, coiffé d'une mitre, portant un calice sous le cou et, attachés à sa queue, une bible et un missel. D'autres représentants, appuyés par les armées révolutionnaires, passent à la fermeture et au pillage des églises.
Le 24 octobre, la Convention, après les rapports de Romme et de Fabre, adopte le calendrier républicain en remplacement du calendrier grégorien, substituant, comme ère, à la naissance du Christ la date du 22 septembre 1792, premier jour de la République, et éliminant le dimanche au profit du « décadi ».
Le 6 novembre, la Convention accorde qu'une commune est en droit de renoncer au culte catholique. Dans la nuit du 16 novembre, certains radicaux forcent Gobel, l'évêque constitutionnel qui avait été élu à Paris, à abdiquer ; le 17, il vient, avec ses vicaires, se démettre solennellement à la Convention. La Commune s'empare de Notre-Dame ; une montagne s'édifie dans le chœur ; une actrice personnifie la Liberté ; la Convention se rend à la cathédrale, baptisée « temple de la Raison » et assiste à une nouvelle présentation de la fête civique. Des sections imitent cet exemple ; le 20 novembre, des citoyens de la section de l'Unité, revêtus d'ornements sacerdotaux, défilent, chantant et dansant, devant la Convention.
Le 23 novembre 1793, sur la recommandation de Chaumette, la Commune ordonne la fermeture de toutes les églises de la capitale.
La majorité de la Convention, en adoptant le calendrier républicain, avait montré son hostilité au christianisme. Mais les mascarades antireligieuses lui déplaisent et l'abolition du culte lui paraît une faute politique. Robespierre en juge de même. Il pense que la déchristianisation cache une manœuvre politique et aggrave l'agitation, menée par les sans-culottes radicaux (hébertistes et enragés), qui dans les sections et les clubs menacent le Comité de salut public. Le 21 novembre 1793, il inaugure au Club des Jacobins sa croisade contre l'« athéisme ». Il oppose l'athéisme qui est « aristocratique » à l'idée « d'un grand Être qui veille sur l'innocence opprimée » et qui est « toute populaire ». Le 28, il déclare au club : « Nous déjouerons dans leurs marches contre-révolutionnaires ces hommes qui n'ont eu d'autres mérite que celui de se parer d'un zèle anti-religieux... Oui, tous ces hommes faux sont criminels, et nous les punirons malgré leur apparent patriotisme. » De concert avec Danton, il combat la déchristianisation, la faisant condamner par les Jacobins. Danton conjure la Convention de « poser la barrière ». Le 6 décembre, un décret affirme que la liberté des cultes subsiste ; le 29, une loi sur l'enseignement le déclare également libre, sans exclusion des prêtres. Les dirigeants hébertistes sont exécutés le 24 mars sans que les sans-culottes ne bougent. Chaumette les suit à distance de vingt jours.
Cependant, le succès du Comité resta relatif : la Commune admit que les prêtres constitutionnels pussent célébrer leur culte à titre privé, mais les églises de Paris restèrent closes et le 26 mars, la Convention suspendit le paiement des pensions ecclésiastiques. »
(Source: Wikipédia)
L'information est là où on la cherche. Derrière les détails les plus insignifiants de l'actualité, celle que les médias vous livrent, il y a toujours quelques éléments qui se cachent et qu'il peut être gratifiant de découvrir. Il est même probable que les journalistes qui vous ont livré la tête du roi Henri IV ne soient même pas allés fouiller dans notre passé pour y découvrir ce que vous, amis lecteurs, auriez découvert en tapant quelques mots dans votre moteur de recherche internet habituel. Ce sont ceux-là, qui viendront vous dire que vous n'avez pas les connaissances ou le savoir nécessaire pour vous inclure dans le fonctionnement de la république. Eux sont payés pour chercher les informations qu'ils doivent diffuser, vous non. Pourtant, vous le faites, et je sais parfaitement que vous le faites...

samedi 25 décembre 2010

Pour faire comme tout le monde...

La coutume, les habitudes et la politesse me poussent à souhaiter à tous :
  • Lecteurs de ce blog,
  • Internautes divers et variés (profitez-en bien !!!),
  • Collègues, amis et futurs électeurs,
  • Ma famille (parents, frère et sœurs, oncles, tantes, mes parrain et marraine).
une année 2011 faite de joie et de bonheur ! 

Armez-vous de patience, aussi !!!

lundi 20 décembre 2010

La parole au Peuple, leçon 5.

Un être humain absorbe des milliers d'informations tous les jours avec ses cinq sens. La plupart de ces informations est traitée par le cerveau de façon inconsciente. Cette banque de données sert à appréhender le monde extérieur. D'autres informations, sous forme de messages extérieurs, sont livrées à l'intelligence de celui qui les reçoit par d'autres canaux que les cinq sens. L'intelligence, dans ce cas, est utilisé comme un terme générique.
L'intelligence est définie comme suit.
  • Faculté de comprendre, de ne pas se méprendre sur le sens des mots, la nature des choses et la signification des faits.
  • Activité volontaire et réfléchie de l’homme s’exerçant d’une façon normale en vue de la connaissance et s’opposant à l’instinct.
  • Parfois utilisé avec le sens limité de capacité d'acquisition et d'utilisation de la connaissance rationnelle et conceptuelle.
  • Développement des facultés de comprendre et de raisonner au-dessus de la moyenne.
  • Connaissance approfondie, compréhension nette et facile.
Or, certaines informations, plus ciblées, échappent à l'intelligence de celui qui les reçoit. Les raisons sont multiples, en voici quelques unes:
  • L'information paraît insignifiante et n'a pas réussi à capter l'attention de celui à qui elle était adressée.
  • L'information a été enregistrée telle quelle et n'a pas fait l'objet d'une analyse même rudimentaire (ce qui est le cas le plus répandu).
  • L'information a été répétée plusieurs fois, à intervalles réguliers, et a fini par être assimilée.
  • Le diffuseur de l'information a compté sur la paresse (naturelle) de l'intelligence humaine.
  • L'information a été livrée d'une manière particulière. Ainsi, la forme attire l'attention plutôt que le fond.
Or, pratiquement toutes les informations qui sont livrées au public sont passées dans une sorte de moulinette qui peut être, ou non, volontaire, intentionnelle, idéologique. La source peut être manipulée, incomplète, orientée, partiellement vraie, ou fausse. Les méthodes de « cryptage » utilisées sont pratiquement tout le temps d'ordre rhétorique, donc faisant appel à des figures de styles. Celles-ci sont connues et pratiquées depuis l'invention du langage et ont servi aux politiques, aux religieux, bref, aux gens de pouvoirs, dans toutes les périodes de l'histoire (passées et présentes) pour assurer leur position sociale. Avec ce procédé, subi et utilisé par tous, même par les plus humbles, certes à des niveaux différents, nous obtenons une équation qui ressemble à quelque chose comme cela:
(Un fait de base) + (un cryptage du diffuseur) = (un message interprété)
Je vais à présent prendre un exemple précis pour vous montrer une partie de l'étendue des possibilités que donne cette information lorsqu'elle prend l'apparence d'un message. J'ai choisi un paragraphe issu d'un discours de Monsieur Nicolas Sarkozy, Président de la République. Sur le site officiel de la Présidence de la République (http://www.elysee.fr), j'ai entré le critère suivant dans le moteur de recherche: « nouvel ordre mondial ». Le résultat est surprenant: l'expression exacte figurait dans quinze discours différents. L'intégralité des paragraphes où figure cette expression est consultable sur mon site de la Polimitique ainsi que sur le site officiel d'origine.
Voici l'extrait:
« Au nom de la France, j'appelle tous les Etats à se réunir pour fonder le nouvel ordre mondial du 21ème siècle sur l'idée que les biens communs de l'humanité doivent être placés sous la responsabilité de l'humanité toute entière.
Au nom de la France, je lance un appel solennel aux Nations Unies pour que, dans ce siècle marqué par le retour de la rareté, elles se donnent les moyens d'assurer à tous les hommes l'accès aux ressources vitales, à l'eau, à l'énergie, à l'alimentation, aux médicaments, à la connaissance. »
(Discours du 25 septembre 2007 à la 62ème Assemblée Générale des Nations-Unies)
Première étape:
Je vais faire le relevé de tout les thèmes, idées, notions qui sont cités dans cet extrait, dépouillés de leur enrobage rhétorique.
  • Réunir tous les états
  • Fonder un nouvel ordre mondial,
  • Les biens communs de l'humanité
  • placé sous la responsabilité de l'humanité toute entière.
  • Le retour de la rareté
  • les moyens d'assurer à tous les hommes
  • L'accès aux ressources vitales
  • l'eau, l'énergie, l'alimentation, les médicaments, la connaissance.
Les différents points qui sont soulevés, même ceux qui paraissent insignifiants, sont une source inépuisable de crises, de guerres et de conflits continuels. Il suffit de les prendre les uns derrière les autres et de faire quelques recherches sommaires sur internet pour s'en convaincre. Prenons-en quelques uns au hasard et voyons.
  1. La réunion de tous les états est une idée formidable et d'autant plus ambitieuse qu'elle est vouée à l'échec pendant encore quelques dizaines d'années, voire plus. Le journal de vingt heures de n'importe quelle chaîne, entre deux reportages sans grand intérêt, vous en a donné une idée plus que générale.
Note: Ce que je viens de dire n'est que le reflet de ce que les médias veulent faire passer. A partir du moment où l'idée est largement répandue, et entretenue avec constance, il serait bon de douter de son authenticité et de poser le contraire comme une vérité possible.
Les Nations-Unies sont un bon début mais il faut reconnaître qu'on y parle beaucoup et qu'on a souvent du mal à se mettre d'accord. D'autres réunions de pays, ou plutôt de leurs dirigeants, ont fait, ces derniers temps, la une de l'actualité. En dehors du fait que le grand public ne sait pas grand chose, si ce n'est rien du tout, de ce qui s'y est dit, il suffit de prononcer les deux noms de villes suivants « Kyoto » et « Copenhague » pour comprendre que cela n'a pas été une réussite fulgurante. (relire ce paragraphe en mettant tout au négatif et comparer les résultats)
Les réunions des potentats de ces pays industrialisés dont les noms sont composés de la lettre G et d'un nombre qui croît au fil du temps ont toutes les peines du monde à trouver un terrain d'entente pour polluer (ou ne pas polluer) on les imagine difficilement tomber d'accord sur des sujets plus ardus comme le conflit israëlo-palestinien, l'Irak, l'Afghanistan et ainsi de suite. Malgré tout, le G8 est passé par le 14 pour arriver à 20. (Ce qui est étonnant! Il y aurait donc de plus en plus de pays pour se réunir et ne pas être d'accord!)
Les personnes curieuses qui auront fait des recherches sur ce G20, auront noté la chose suivante: l'apparition d'un concept qui a pour nom « le nouvel ordre mondial ».
  1. Le Nouvel Ordre Mondial, qu'est-ce que c'est? Voyons ce que dit l'encyclopédie en ligne Wikipédia: « Le Nouvel ordre mondial (New World Order en anglais) est un concept géopolitique de l'après-guerre froide immédiat. L'expression désigne l'alignement idéologique et politique des gouvernements et organismes mondiaux vers une certaine unipolarité. »
G20 - Un “nouvel ordre mondial” et beaucoup de questions. (Christine Ollivier, le 03/04/09 à 16h11, sur http://www.francesoir.fr )
« Le sommet de Londres, salué unanimement par les dirigeants de la planète, s’est conclu par un accord historique de gouvernance mondiale. Mais de nombreuses interrogations demeurent.
Faut-il voir dans le sommet du G20 à Londres un nouveau Bretton Woods, et l’émergence d’un « nouvel ordre mondial » comme l’a déclaré jeudi Gordon Brown ? Pour la première fois, les principales économies de la planète, à commencer par les États-Unis, affichent leur volonté de réguler ensemble certains aspects du capitalisme mondial. Et la pression est montée d’un cran à l’égard des paradis fiscaux. Mais il va falloir mettre les mains dans le cambouis pour traduire les engagements en actes. Relevé des copies en septembre à New York, pour le troisième sommet du G20. »
Un autre avis, relevé sur le site suivant (et à l'adresse ci-dessous) http://alexdesilesie.kazeo.com/Conspirations/Le-Nouvel-Ordre-Mondial-NOM,a1748294.html
« Le Nouvel Ordre Mondial a pour but la domination totale de la planète. 
Le Nouvel Ordre Mondial, ou gouvernement mondial n'a pas de frontières.
Le nouvel ordre mondial désigne par définition un groupement de puissances dont les idées et surtout les buts se différencient de l'"ancien ordre", dont les concepts se sont essoufflés progressivement pour finalement disparaître complètement à la fin de la deuxième guerre. Ce nouveau concept tend à vouloir établir un communisme mondial, maintenu par une élite qui se veut éclairée et habilitée à penser pour nous, à notre place. En résumé, ce sera un communisme du type "ce qui est à toi est à moi et ce qui est à moi ne te regarde pas". Et à l'exemple du régime du camarade Staline, "je me montre faible avec les puissants, et fort avec les faibles".
La première étape à été franchie, pour nous européens, depuis la création de la CEE. On tend vers cette globalisation et assimilation de la culture, des politiques, des idées. On va manger, parler, penser européen. Car nous sommes européens! On nous le matraque du matin au soir, on est bien obligé, finalement, de se faire une raison.
Notre nationalisme? Du folklore de carte postale, désormais.
La mondialisation qui se prépare, qui est déjà là, a pour but d'aboutir à un total pouvoir sur les individus par le gouvernement, et certainement pas l'inverse.
Les organisations nationales et internationales (ONU, OTAN, G7, G8, FMI, Banque Mondiale...)ne se donnent même plus la peine de dissimuler quel maître elles servent.
Ceux qui se constituent comme l'élite, depuis des siècles, et surtout depuis le siècle dernier, échafaudent de redoutable plans et n'oublient pas de les mettre à exécution. Ils n'hésitent pas à se servir de variables créés de toutes pièces pour parvenir à leur fin.
Guerre, inflation, terrorisme, épidémie..ce ne sont pas des sentimentaux..
Les nouveaux maîtres du monde sont aujourd'hui tripartites. Ce qui signifie que trois grands groupes se partagent la planète et qu'ils ne s'entendent pas sur tout. »
  1. Les deux points précédents, la réunion de tous les états et le nouvel ordre mondial, aboutissent sur une notion qui, si elle n'est pas citée dans l'extrait du discours choisi en exemple, figure dans d'autres extraits: la gouvernance mondiale.
Il y a trois grands axes de réflexion :
  • Tout d’abord l’intensification des échanges et la montée en puissance des multinationales (acteurs à prendre évidemment en compte) à travers l’investissement direct et l’accroissement de la mobilité des capitaux ont des implications qui n’ont pas encore été pleinement appréhendées et qui servent principalement les intérêts des pays les plus riches.
  • La multiplication croissante d’acteurs non étatiques –les ONG et les mouvements sociaux - appartenant dans leur grande majorité aux pays du nord qui utilisent les NTIC. A l’occasion des grandes rencontres internationales officielles, ces acteurs non-étatiques cherchent à dépasser leur diversité pour définir leur action commune au-delà d’une seule stratégie de négation.
  • Enfin ce sont bien des préoccupations nouvelles ou soulevées plus intensément qui sont apparues dans le débat public : les normes sociales, l’écologie, la sécurité des consommateurs ou encore la criminalité internationale .
  1. Les biens communs de l'humanité semblent fortement intéresser les grands de ce monde (entendez les grands groupes industriels et financiers) et l'intéressement ne doit pas être humaniste ou humanitaire mais purement mercantile, voire pire. Le fait de lier ces biens communs aux notions abordées jusque là (qui sont la réunion des états, le nouvel ordre mondial et la gouvernance mondiale) ne laisse guère de place à un espoir de bonté et de bonheur mais plutôt à une ère de pouvoir et de résistance.
Certes, comme pour me contredire ou apaiser les craintes (justifiées, soit dit en passant) ces biens communs seront placés sous la responsabilité de l'humanité toute entière. Mais il faut se livrer à une petite opération de logique (mathématique autant que linguistique) très simple: je vais aligner les points importants sans y placer de connecteurs (qui peuvent être: et, ou, donc, alors...)
  • réunion de tous les états
  • au sein d'une gouvernance mondiale
  • dans le cadre d'un nouvel ordre mondial,
  • les biens communs de l'humanité
  • la responsabilité de l'humanité toute entière.
Si je relie ces différents points par des conjonctions de coordination ou de subordination (il va falloir réviser un peu votre grammaire, celle qu'on vous a enseignée à l'école primaire et au collège) cela peut donner quelque chose d'effrayant.
«  Le nouvel ordre mondial a pour but, par la réunion de tous les états dans une même gouvernance mondiale, de s'approprier tous les biens communs de l'humanité et d'en disposer en lieu et place de l'humanité toute entière. »
Deuxième étape:
Il faut toujours avoir à l'esprit que l'information qui est diffusée est passée au travers d'une moulinette qui modifie la source pour en faire un message ciblé. Ce message peut être multiple et pas nécessairement négatif. On peut même considérer que seuls les messages circulent et que les véritables informations, quand elles existent réellement (ce qui n'est pas forcément le cas) ne sont jamais brutes. Il est possible de reprendre la formule que j'avais précédemment proposée et de l'adapter comme suit.
Le message diffusé = un contenu (l'information source) + une grille d'interprétation.
Ne croyez pas qu'il y ait systématiquement une volonté de manipulation. Elle existe, certes, mais au quotidien, tout le monde accommode la donnée brute perçue par ses sens par une grille d'interprétation qui est à la fois personnelle et issue de son milieu social, professionnel et familial propre. Entrent également en jeux les desseins et envies, conscients ou non, la volonté de pouvoir et de domination, etc... A titre d'exemple, prenez la tirade du nez de « Cyrano de Bergerac » (disponible sur le lien suivant: http://membres.multimania.fr/cultureg/Extrais/Cyrano.html ) et voyez le nombre de variantes pour un même nez. D'autres exemples vous environnent tous les jours au travail (décortiquez les sermons de vos supérieurs hiérarchiques), à la radio ou la télévision.
  1. Contenu type d'un journal télé;
En règle générale, la structure d'un journal télévisé est toujours à peu près la même. L'exemple qui suit est emprunté au site (http://syti.net)
« Contenu d'un Journal Télévisé ordinaire ou comment faire de l'info sans infos...
J.T. 20h - TF1 - Janvier 1997
20h00 : Le froid, les accidents sur les routes.
20h04 : La naissance du petit Joseph, dans le Gers couvert par la neige.
20h05 : La récolte des brocolis, chez Albert en Bretagne, est menacée par le gel.
20h06 : La récolte des poireaux se fait au marteau. Augmentation inévitable du prix des légumes.
20h08 : Compteurs d'eau et canalisations gelées chez les habitants d'une ville de province.
20h09 : Début des soldes à Paris.
20h11 : Reportage sur la fabrication artisanale du pain.
20h13 : Viol d'une petite fille.
20h14 : Jugement en Belgique d'un membre présumé islamiste du "Gang de Roubaix".
20h15 : En Israël, présentation devant le juge d'un jeune soldat qui avait tenté de mitrailler des Palestiniens.
20h16 : Jugement en Angleterre des époux West, assassins en série de jeunes filles.
20h18 : Départ à la retraite de Miguel Indurain. Rappel de sa carrière de champion cycliste.
20h22 : Rétablissement d'un malade cardiaque greffé aux Etats-Unis.
20h23 : Les hommes consomment de plus en plus de soins et de produits de beauté. Reportage.
20h26 : Prison pour Bernard Tapie, suite à l'affaire des comptes de l'OM.
20h28 : Reportage sur la "poupée qui mange", conçue pour manger des frites, mais qui "mangeait" aussi les cheveux des enfants, voire la peau du doigt. Il est suggéré que la poupée soit équipée d'un "bouton d'arret d'urgence".
20h30 : Stages-nature en montagne pour les enfants en Savoie.
20h32 : Présentation du téléfilm de la soirée, consacré à Dalila,femme du héros biblique Samsom. Reportage sur le tournage du téléfilm.
20h34 : Fin du J.T. Générique. »
  1. Quels sont les thèmes récurrents (les poncifs, leitmotivs et autres clichés tout faits) avec les messages qu'ils sont supposés faire passer (c'est à dire: faire admettre comme vrais).
  • Le président (et tout ce qui va avec). Depuis son élection, Nicolas S. a pris une place très (trop, beaucoup trop) importante dans l'actualité. Comme, on dit, il occupe l'espace de communication par tous les moyens possibles et imaginables: discours, petites phrases, bons mots, gaffes (vraies et fausses)
  • Le gouvernement et le parlement dont on a pu constater qu'ils étaient l'un et l'autre à l'écoute du président et non des français.
  • La sécurité, la sécurité et encore la sécurité. A toutes les sauces, à tous propos, que ce soit pour les radars automatiques ou la vidéo-surveillance. Le tout saupoudré de cascades de chiffres qui démontrent que ça ne sert à rien d'autre que faire le jeu de certains lobbys.
  • La folie sécuritaire qui se décline avec les lois Hadopi et Loppsi qui va transformer monsieur et madame tout le monde en pirate dangereux et en terroriste sanguinaire mettant en péril « les formes républicaines du gouvernement » (Si, si! Ils ont osé faire ça!)
  • Les étrangers, parce que les élections de 2012 vont approcher à grands pas et qu'il y a de l'électorat à racler chez le voisin, même s'il est front national. (Hein, Nicolas, on aimerait qu'ils votent pour soi!) Les étrangers, par tradition, sont responsables de tous les maux. Une rumeur tenace qui prétend qu'ils viennent exprès en France pour toucher les allocations diverses et variées que les français (par voie de conséquence) ne peuvent plus toucher (puisqu'il n'y a plus de sous) est savamment entretenue par les médias à la botte du pouvoir en place.
  • Les musulmans, par tradition issue de la guerre d'Algérie, sont désignés, en France, comme les responsables de tout ce qu'on n'a pas pu mettre sur le dos des étrangers. Ben oui, ils sont français (les gouvernements d'après guerre, la deuxième, les ont fait venir pour travailler dans les mines et les industries parce que le pays manquait cruellement de main-d'oeuvre, et puis ils ont choisi de rester). Il sont français et musulmans. Oui, et alors? Alors, la France, toujours par tradition (imbécile, celle-là) est « la fille aînée de l'Eglise ». La France est catholique, malgré la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat, elle n'est pas musulmane, d'où les tombereaux d'inepties entendues quotidiennement partout. Le grand public, encouragé par les médias, le gouvernement, certains anciens combattants, les racistes et les ignorants, finit par tout mélanger et tout confondre: islam, musulman, terroriste, et tout le reste.
  • La laïcité. Là aussi, on a le droit à de la compote de conneries (excusez-moi pour le mot, mais je n'en vois pas d'autres) Chacun y va de sa conception (stupide, cela va de soi) La laïcité est tout sauf musulmane, islamique. En France, la laïcité est catholique, un point c'est tout. Et la devise de la république, « Liberté, Egalité, Fraternité », elle est catholique aussi. Bref sous couvert de cette laïcité qui devait simplifier les rapports de l'état avec les religions, tout devient d'une terrifiante complexité (mais est-ce un hasard?)
  • L'identité nationale a failli être le cocktail Molotov idéal pour faire péter la république mais la bombe a été désamorcée et le soufflet est retombé aussi vite qu'il était monté. Sachant que définir une identité nationale n'avait manifestement pas d'autre but que celui d'écarter les indésirables.
  • Le social (ou assimilé) permet de déployer une panoplie impressionnante de sornettes contre les fonctionnaires, bombardés nantis pour l'occasion, contre les syndicats et ainsi de suite. Grâce à une vision étriquée du social, les médias et le gouvernement, main dans la main, montent les français les uns contre les autres.
  • Le dernier thème surexploité dans l'actualité est le chiffre: celui du chômage, du déficit de la sécurité sociale, de la criminalité, de la dette publique, celui de la croissance (ou de la décroissance positive, véridique!) le prix du pain, du pétrole, du litre de gazole à la pompe, du caddie de courses à la supérette du coin. Comme il y a des chiffres pour tout et pour tous, qu'ils sont cités et commentés indéfiniment par des experts qui ne prennent même pas la peine d'expliquer ce qu'ils représentent et que les français ne peuvent y comprendre grand chose, on les absorbe sans réfléchir. En fait, le but n'est pas d'éclairer l'auditeur sur la situation économique mais de l'hypnotiser pour faire passer des messages comme la nécessité de réduire les dépenses, de licencier ou de mondialiser.
  1. Comment on vous enrobe tout ça.
  • La répétition, pour ne pas dire le matraquage, régulier, toutes les heures, même.
  • L'opinion d'experts médiatiques qui en savent autant que vous mais qui étalent ce qu'ils ignorent ou ce qu'ils veulent faire gober.
  • Le récit de témoins (plus ou moins directs)
  • Le choix d'un vocabulaire ou de tournures grammaticales selon que vous devez comprendre facilement ou non.
  • L'interprétation des faits, l'adjonction d'éléments extérieurs ou les associations d'idées.
  • Il peut arriver que l'emballage soit tellement important que le fait qu'il englobe finit par être insignifiant, inexistant ou simplement absent.
  • Un événement important (un sommet du G20, par exemple) où sont en jeux des intérêts dont le grand public n'a pas idée, dont on ne peut rien savoir de concret, finira enrobé par un luxe pharaonique de détails annexes qui masqueront l'absence totale de fait à relater.
  • Le style, la diction, le rythme, la personnalité du journaliste feront le reste pour faire passer les messages.
  1. Que faut-il faire de ce qu'on vous raconte?
Pour résumer cette leçon, à partir de l'exemple cité plus haut (l'extrait du discours de Nicolas Sarkozy) je vous invite à décrypter l'actualité de la façon suivante:
  • Décortiquez ce qu'on vous dit. Ne retenez jamais les informations telles quelles mais essayez de différencier ce qui est dit de ce qu'on veut vous dire.
  • Posez vous des questions simples: comment? pourquoi?
  • Comparez les sujets similaires sur différentes stations, chaînes, journaux et autres support.
  • Vérifiez les informations, cherchez-en les sources officielles.
  • Complétez les infos avec vos apports.
  • Diffusez vos observations remarques et critiques à votre entourage ou sur votre blog (si vous en avez un)
  • Demandez-vous quel message le diffuseur de l'information veut faire passer.
  • Passez toutes les informations à l'épreuve de la grille de la manipulette disponible à cette adresse: http://pascaldequeant.blogspot.com/2010/11/le-jeu-de-la-manipulette.html
  • Eliminez tout ce qui est inutile.
  • Retenez l'essentiel, l'info de base sans les accessoires.
Pensez à observer ces quelques règles et vous finirez par constater qu'on ne vous dit pas tout et que quelque fois, on ne vous dit rien du tout.

vendredi 17 décembre 2010

La parole au Peuple, leçon 4.

En guise de prolégomène, un petit texte intéressant qui n'a pas forcément de lien direct avec le sujet de ce message. Or, comme énoncent les philosophes, il faut se méfier des apparences.
Pronoms indéfinis.
Il était une fois quatre individus qu'on appelait : « Tout le monde », « Quelqu'un », « Chacun » et « Personne ».
Il y avait un important travail à réaliser et on a demandé à « Tout le monde » de le faire.
« Tout le monde » était persuadé que « Quelqu'un » le ferait.
« Chacun » pouvait l'avoir fait, mais en réalité « Personne » ne le fit.
« Quelqu'un » se fâcha car c'était le travail de « Tout le monde »!
« Tout le monde » pensa que « Chacun » pouvait le faire et « Personne » ne doutait que « Quelqu'un » ne le fasse...
En fin de compte, « Tout le monde » fit des reproches à « Chacun » parce que « Personne » n'avait fait ce que « Quelqu'un » aurait pu faire.
Moralités.
Sans vouloir le reprocher à « Tout le monde », il serait bon que « Chacun » fasse ce qu'il doit faire sans nourrir l'espoir que « Quelqu'un » le fasse à sa place car l'expérience montre que là où on attend « Quelqu'un », généralement on ne trouve « Personne » !
Conclusion.
Je transfère ce message à « Tout le monde » afin que « Chacun » puisse l'envoyer à « Quelqu'un » sans oublier « Personne ».
Je vais commencer ce texte par trois nouvelles qui me semblent importantes et qui ont fait l'objet d'une publication sur deux de mes autres blogs. Comme il est question de démocratie et du droit de parole donné aux Européens d'une part, et de son application dans notre pays par des méthodes dont les résultats sont à l'exact opposé de ce qui est préconisé pour l'Union Européenne, je vais me faire un plaisir de vous les commenter avant que les ciseaux de Miss Censure ne sortent de leur écrin.
  1. Il a été annoncé sur les radios que les Citoyens Européens, dans le cadre de la démocratie participative (ou directe, je ne sais plus laquelle de ces deux blagues a été utilisée) pourraient avoir la parole sous la forme de pétitions. Jusque là, rien de bien extraordinaire. Les conditions à remplir, outre l'appartenance à un site Internet consultable (et facile à espionner) sont dérisoires : 1 000 000 de signatures réparties dans 9 pays différents. Certes, une période de deux années est prévue pour la collecte des signatures, il en faut tout de même un million.
  2. Tandis que le gouvernement, arguant de ses thèmes habituels qui sont la sécurité, la sécurité et toujours la sécurité, après vous avoir plumé avec le dossier des retraites, s'occupe désormais de vos libertés. L'épouvantail sécuritaire est bien pratique puisqu'il sert à tout en même temps. C'est une sorte de panacée universelle de la démocratie à la française vue par le tout petit bout de la lorgnette. Cette fois-ci, traque sur Internet. Non, ce n'est pas le film, mais la réalité. On va filtrer, surveiller, pister, fliquer, réprimer et débusquer les vilains : les pédophiles. On y met les limiers d'Hadopi qui vont être autorisés, si on ne fait rien pour les empêcher, à observer le streaming (la quantité de données qui passe sur votre connexion) et le tour est joué. Une question peut être posée : quel est donc le lien (logique ou non) qui relie le thème de « pédophile » à l'institution Hadopi qui gère les droits d'auteurs sur le web? Si vous ne voyez pas, on le verra pour vous!
    Est-ce un hasard, une coïncidence, un fait-exprès ou une erreur d'appréciation : le site satirique, ouvertement anti-Sarkozy « torapamavoa » hébergé chez blogspot (autrement dit Google) a été verrouillé, bloqué et sera purement et simplement supprimé. Une pétition existe pour soutenir ce site (lien disponible sur mon site de la polémitique)
  3. Mercredi 15 décembre, les députés ont procédé à la résurrection de Dame Censure en votant l'article 4 de la loi Loppsi qui permet désormais à l'exécutif (entendez par là « Son Excellence le Président de la République Française », lui-même et en personne!) de faire fermer les sites Internet sans intervention de la justice (comme le réclamait l'opposition). La liberté d'expression prend une de ces claques qui nous ramène à des périodes de notre passé qui ne sont pas républicaines. Pour ce qui concerne l'opposition (opposition à quoi, on se le demande) aucun député n'a proposé le retrait pur et simple de cette ignominie. Il serait presque permis de croire que cette loi arrange tout le monde : la majorité, pour contrôler les foules, l'opposition, pour leur éventuel retour (ils n'auront plus à s'en occuper puisque cela aura été fait!)
Avec ces nouvelles, nous pouvons considérer que la démocratie directe (une idée qui relève de la science-fiction, du moins pour nos politiques) fait un grand bond, mais en arrière. Et moi, dans tout cela? Je pensais que j'étais en avance sur mon temps en basant ma campagne électorale sur les Comités de Citoyens (une variante très avancée de la démocratie participative) mais si la liberté continue d'être malmenée par les démocraties libérales (une façon soft et passe-partout de désigner les dictatures) je vais finir par être définitivement anachronique (ce que des proches me reprochent déjà, mais à tort!)
Définitions du mot « libéral »:
  • Qui est favorable aux libertés individuelles.
  • Celui qui professe des idées libérales. (L'État et les groupes privés ne doivent pas, par leur intervention, gêner ce libre jeu bénéfique de la concurrence entre les individus.)
    « Le projet global du libéralisme, mis en oeuvre à partir des années 80, consiste à transformer la société pour qu'elle réponde pleinement aux exigences du capitalisme :
  • libre circulation des capitaux,
  • mise en concurrence des travailleurs et nivellement par le bas des salaires et droits sociaux,
  • suppression de services publics,
  • suprématie absolue de l'économie.
    Le libéralisme est devenu le fondement des grandes instances mondiales, comme l'OMC ou le FMI qui par leur supranationalité échappent à toute légitimité démocratique. Il est le seul modèle enseigné dans les grandes écoles où aucune autre vision n'est étudiée. Il est la seule logique des grandes entreprises et du capitalisme et tend à devenir la seule référence des gouvernements, de droite comme de gauche.
Présenté comme loi naturelle, le libéralisme devient alors intouchable, ce qui lui permet d'échapper aux aléas électoraux du jeu démocratique. »
(ce point provient du site : http://www.toupie.org)
  • Tolérant à l'égard des opinions d'autrui.
Pour donner la parole au Peuple, j'ai proposé la création de Comités de Citoyens dans toutes les mairies. Les Citoyens pourront s'y retrouver pour échanger leurs opinions, prendre connaissance des textes de loi et se réunir de leur propre initiative sur des sujets qui les concernent directement. Mes détracteurs ne manqueront pas de me rappeler que je ne suis pas le premier à vouloir faire participer les Citoyens et que des expérimentations de démocratie directe ont déjà eu lieu dans plusieurs pays. Le principe de Comités de Citoyens ne doit pas être rangé dans la catégorie dite « démocratie participative » mais dans celle que je désigne par « démocratie avec implication ».
Avant de passer en revue les différentes expérimentations démocratiques, je vais m'arrêter quelques instants sur ce mot : « participatif », du verbe participer auquel est ajouté le suffixe -atif.
Participer :
  • Prendre part à quelque chose.
  • Payer une partie de quelque chose, contribuer à.
  • Avoir droit à une partie de quelque chose.
Synonymes : adhérer, aider, collaborer, concourir, contribuer, coopérer, s'associer, s'immiscer, tremper (dans un sens figuré et péjoratif).
Le suffixe -atif transforme le verbe en adjectif. On le retrouve, par exemple, dans les couples suivants : communiquer et communicatif, associer et associatif, représenter et représentatif. Le suffixe donne au verbe de départ une nuance de possibilité. Pour reprendre un des exemples, un rire communicatif pourra se communiquer (ou non). Dans une démocratie participative, le Citoyen pourra participer (ou non) selon des critères qui peuvent être multiples, orientés et pas nécessairement objectifs.
(les articles suivants sont issus d'un site externe dont je donne l'adresse :
http://www.debatpublic.fr/notions_generales/autres_experiences.html)
1) Conférence de citoyens / conférence de consensus
Conçue et utilisée au Danemark depuis 1987 sous forme de conférence de consensus, la conférence de citoyens est une forme de participation citoyenne, dont l’objectif est de permettre à un panel de citoyens profanes de dialoguer avec des experts et de s’exprimer sur des problématiques scientifiques et technologiques pour lesquelles il existe d’importantes incertitudes et divergences d’opinion. Après une formation préparatoire, sur deux ou trois week-end, menée par des scientifiques, le panel de citoyens débat publiquement avec des représentants du monde politique, économiques, associatifs et avec des experts. A l’issue de cette conférence, qui dure en moyenne quatre jours, le panel de citoyens rédigent à huis-clos un rapport contenant leurs avis et recommandations, qui est ensuite rendu public et remis aux instances politiques.
A la différence de la conférence de consensus telle qu’elle se pratique au Danemark, la conférence de citoyens à la française n’a pas pour but la recherche systématique d’un consensus entre tous les membres du panel des citoyens, mais laisse la possibilité d’émettre des opinions divergentes.
En France, trois conférences de citoyens ont été organisées :
  • 1998, Conférence de citoyen sur « Les OGM dans l’agriculture et l’alimentation organisée par l’office parlementaire des choix scientifiques et technologiques (OPECST).
  • 2002, Conférence de citoyen sur « Les changements climatiques et citoyenneté » organisée par la Commission française du développement durable.
  • 2003, Conférence de citoyens sur « Le devenir des boues domestiques issues de station d’épuration », organisée dans le cadre du Débat national sur l’eau.
2) Cellule de planification/ Jury de citoyens
Méthode de participation citoyenne mise au point en Allemagne dans les années 1970 par le sociologue Peter Dienel, les cellules de planification sont surtout utilisées au niveau local. L’objectif est de permettre à un panel de citoyens regroupant des personnes directement concernées représentant un microcosme de leur communauté et divisé en petit groupe appelé « cellule de planification », après avoir reçu des informations différentes sur des aspects économiques, politiques et sociaux, de discuter et d’évaluer différentes options d’une problématique concernant la planification urbaine. Les recommandations et avis des citoyens sont ensuite publiés dans un rapport qui est transmis aux décideurs politiques.
3) Scenario workshop / Atelier scenario
Méthode de participation citoyenne initiée pour la première fois en 1992 au Danemark par l’Office danois de technologie, les ateliers scénarios consistent à organiser plusieurs ateliers de travail regroupant chacun des élus, des experts, des représentants du monde socio-économique, des habitants. L’objectif est de permettre à partir de plusieurs scénarios possibles sur une problématique du développement durable, l’échange de connaissances et d’expériences, le développement de visions communes et l’émergence d’un plan d’action.
En 1994, un programme européen intitulé « European Awareness Scenario Workshops » a été mis en place afin d’encourager l’utilisation de cette méthode en Union européenne.
4) Sondage délibératif
Méthode de construction d’une opinion publique, mise au point par le politiste américain James Fishkin et utilisée aux États-Unis, le sondage d’opinion délibératif consiste à soumettre un panel de citoyen représentatif de la population à un processus intense d’information et de discussion puis de mesurer l’évolution de l’opinion des participants sur le thème abordé. Durant le processus, les participants délibèrent et ont la possibilité de poser des questions à des représentants du monde politique et à des expert
5) Jurys Citoyens
(cet article est issu de Wikipedia)
Un Jury Citoyen (ou conférence de citoyens, ou panel de citoyens) est une assemblée temporaire désignée par tirage au sort ou choisie par une autre méthode aléatoire (démarchage dans la rue, etc.) pour orienter certaines décisions politiques. Le but est de renforcer la participation citoyenne dans les processus politiques et/ou d'éclairer la prise de décision dans des situations complexes en consultant un échantillon de la population. Historiquement, les Jurys Citoyens s'inspirent du modèle des jurés des Assises, d'où le nom de "jury" qui leur est souvent donné, en particulier dans les pays anglo-saxons, mais leur objectif est de faire des propositions plutôt que de juger des décisions déjà prises.
Les jurys de citoyens sont utilisés à titre expérimental dans de nombreux pays depuis les années 2000 et ont un cadre plus officiel dans certain pays comme l'Allemagne (notamment à Berlin), au Danemark ou en Espagne.
Fonctionnement
Bien que le fonctionnement des Jurys Citoyens puisse varier, il existe quelques constantes :
  • Le nombre de jurés est limité pour permettre des débats plus efficaces (généralement à une dizaine ou une vingtaine) ;
  • Les jurés sont tirés au sort pour obtenir un panel représentatif des personnes concernés par le processus politique à arbitrer (une minorité des jurés est parfois désignée dans les milieux associatifs) ;
  • Les jurés sont officiellement libérés de leurs obligations professionnelles et familiales et sont souvent indemnisés financièrement ;
  • La participation aux Jurys Citoyens est volontaire (aucune pénalité ne touche ceux qui refusent d'y participer) ;
  • Les périodes de délibération sont précédées d'une phase d'apprentissage, qui peut se limiter, dans certains cas à la simple lecture d'un document résumant les enjeux du débat mais qui comprend généralement des débats avec des experts et des représentants d'associations porteurs d'opinions contrastées sur la question posée ;
  • Les périodes de délibération sont généralement courtes (2 à 4 jours).
Critiques:
Si les critiques faites aux Jurys Citoyens sont souvent d'ordre idéologique, il en existe certaines d'ordre factuel. Leurs coûts : indemnisation des jurés, formation des jurés, organisation des débats préparatoires, etc. En Espagne, où les jurés sont très nombreux, le coût peut aller de 5000 euros pour 50 jurés jusqu'à 100 000 euros pour 300 jurés. Dans le cas de jurys décisionnaires, ce coût est amorti par les processus qu'il remplace alors que pour les jurys consultatifs, il vient s'y ajouter.
(Fin des citations)
Ces expérimentations ne manquent pas d'un certain attrait. Elles ont dû donner des résultats intéressants, voire surprenants mais ce n'est pas avec ça que la démocratie va pouvoir être concrètement bâtie. Si je n'étais pas intimement persuadé que ces expériences ont permis à des élus ou des industriels de se débarrasser de certains problèmes sur un panel de la population supposé représentatif (représentatif de quoi, on ne sait pas!) je croirais que ces expériences de « démocratie amusante » n'ont été organisées que pour endormir un public mécontent. Effectivement, les Citoyens de ce pays, comme dans beaucoup d'autres, ont l'impression (vérifiée) de ne pas avoir « voix au chapitre », bref de ne jamais avoir leur mot à dire, ne jamais être écoutés ou entendus (et les exemples ne manquent pas : ce sont toujours les mêmes et ils ont tendance à se reproduire depuis des dizaines d'années). Les Comités de Citoyens, tels que je les conçois, vont bien plus loin que ces manipulations de laboratoire.
Au lieu de rejeter bêtement le principe de Jury Citoyen, il convient de prendre chacune de ses caractéristiques et de les comparer avec celles des Comités pour en isoler les différents points de divergence.
L'initiative des Jurys Citoyens.
  • Les Jurys Citoyens ne se réunissent jamais de leur propre initiative.
  • Rien n'est fait pour que pareille chose soit possible.
  • Personne n'a jamais imaginé que cela puisse être possible.
  • Tels qu'ils sont constitués, ce n'est même pas envisageable.
  • Ce sont des organismes extérieurs qui font appel à ces jurys, ponctuellement et pour des motifs bien définis, voire fermement encadrés.
  • Les avis de ces jurys sont fortement influençables et les débats orientés.
Les Comités de Citoyens ont les particularités suivantes :
  • Ils sont permanents.
  • Les réunions de ces Comités sont régulières.
  • La participation des Citoyens n'est pas obligatoire mais volontaire et encouragée.
  • Le fait de se rendre à la mairie pour prendre connaissance des lois, d'y exprimer une opinion (ou non), de consulter les sites Internet officiels chez soi, c'est participer au Comité.
  • Un ordre du jour peut être défini par un élu, une association, un parti, un syndicat, un professionnel ou un particulier. Il peut être lié à l'actualité, un projet local ou national, un sujet de société.
  • Il peut prendre la forme des Jurys Citoyens. Les Comités peuvent être scindés en groupe différents, ces groupes se réunir à des dates étalées et rendre des conclusions différentes.
Le nombre des jurés, dans les Jurys Citoyens, est limité, voire réduit alors que les Comités de Citoyens sont constitués, par défaut, de la totalité des citoyens de la commune. Comme il est possible de former des groupes séparés, il est possible de considérer qu'un Comité de Citoyens est composé d'un ensemble de Jurys Citoyens. D'autre part, tous les Citoyens ne se réuniront que très rarement en totalité. La participation sera étalée sur plusieurs réunions, ce qui peut être un avantage. Il peut être organisé des consultations publiques (et citoyennes) sur plusieurs jours, plusieurs groupes, et avec des approches différentes. Le comte-rendu sera unique mais contiendra tous les débats.
Le choix des jurés est lié à la notion statistique d'échantillon représentatif. Je ne considère pas l'être humain, citoyen responsable et impliqué dans la gestion de sa République comme une donnée statistique mais pour ce qu'il est : un être vivant et pensant, avec ses qualités mais aussi ses défauts. Débattre sur des sujets suffisamment importants pour que les citoyens y soient associés ne devrait pas laisser de place au hasard. Les Comités de Citoyens, par définition, contiennent l'intégralité des citoyens. Ceux qui participeront aux réunions, même irrégulièrement, se sentiront directement concernés et pourront s'impliquer directement. Il suffira simplement de les rencontrer quand ils sont disponibles et disposés : l'échantillon représentatif, même si je n'aime pas l'expression, n'aura pas besoin de procédé aléatoire pour exister.
Comme les Jurys Citoyens sont calqués sur les jurys d'assise, les jurés qui sont réunis pour débattre sont libérés (de leurs emplois) et indemnisés (c'est à dire rémunérés). Procéder de cette manière, même s'il encourage (financièrement) le citoyen à s'investir (c'est le cas de le dire) et participer à des débats de fond, du fait qu'elle est liée à une rétribution, amène son cortège d'inconvénients : fiabilité, honnêteté, spontanéité etc... Du fait que le participant trouve un intérêt (en euros) à ces réunions, il peut se laisser influencer (intentionnellement ou non) et se convaincre de la véracité de l'avis de celui qui paie. Si les privilèges, ce sont les avantages des autres, les avantages des uns peut faire le jeu de celui qui les accorde!
Les Comités de Citoyens s'affranchissent volontairement de cet aspect « sonnant et trébuchant » puisqu'ils sont volontaires, bénévoles et permanents. Les Citoyens se réunissent librement quand ils sont disponibles, donnent leur avis aussi bien par Internet qu'en passant à la mairie. L'absence de toute rémunération élimine l'aspect mercantile, dissuade les hypocrites, les opportunistes et permet d'éviter les abus. Il conviendra de garder à l'esprit que la « démocratie avec implication » est fondée sur un contrat de collaboration et de complémentarité entre les électeurs et les élus. La différence entre les uns et les autres, la rémunération des élus, logique puisqu'elle est versée pour l'exercice d'un mandat.
Le seul point qui peut être commun aux Jurys et aux Comités, tous deux Citoyens, est la formation des participants. En apparence, seulement :
  • Les Jurys Citoyens sont formés de façon ponctuelle, avec ce qu'on désigne par un panel représentatif, et répondent à une demande précise. Ils est donc nécessaire de former les participants, de leur apporter quelques informations de base. Si la durée de ce jury est trop courte, les participants ne peuvent faire des recherches personnelles et basent leurs travaux sur ce qui leur est dit. Ce panel étant renouvelé à chaque jury, la formation ou la préparation est à recommencer à chaque fois.
  • Les Comités de Citoyens sont formés de tous les Citoyens qui, certes, ne se réuniront pas tous en même temps. La participation de ces citoyens ne sera pas unique, même si elle est irrégulière, et la formation, si elle est nécessaire, n'aura pas besoin d'être reproduite à chaque réunion. Les mois passant, les nouveaux venus seront informés des procédures par les anciens. Une auto-formation finira par se mettre en place d'elle-même. De plus, les avis des spécialistes invités à présenter des problématiques pourront être complétés par les recherches extérieures des Citoyens participants. Les résultats, s'ils ne sont pas forcément conformes à ce qui est attendu, peuvent être d'un secours précieux. (Il faut conserver l'idée d'une collaboration, dans le sens d'assistance mutuelle et non celle de Vichy!)
En fin de compte, les Jurys Citoyens sont peut être des expériences utiles, elles demeurent timides et en deçà des capacités de l'ensemble des Citoyens. Je ne le répéterai jamais assez : le Peuple de France possède une expérience qui vaut bien mieux que toutes les connaissances des soi-disant élites. Plutôt que de vouloir museler le Peuple, il est plus logique et honnête de lui rendre la parole et de l'écouter. S'il n'ose pas parler, le Président de la République devra aller à sa rencontre et susciter le débat.