2 - Les principes de base

La royauté est définie par le dictionnaire comme dignité de roi avec une précision par cette expression : « aspirer à la royauté ! » Elle définit le titre de la personne qui est au sommet de l'État. On pourrait donc considérer la royauté comme une distinction comme l'était le maréchal pour les officiers généraux sans aucune incidence sur le type de gouvernement du pays. Dans le cadre de la royauté républicaine, il est possible de faire usage de cette distinction, ou pas.
Après une longue période où l'histoire officielle, celle apprise à l'école et qui figurait dans les ouvrages des collégiens et des lycéens, s'est efforcée d'amoindrir l'œuvre des monarques de l'ancien régime, de noircir plus que nécessaire les événements antérieurs à la révolution et de procéder à des raccourcis comme ramener Louis XIV à la construction du château de Versailles et s'en tenir là ou d'oublier d'évoquer des épisodes peu glorieux de la révolution comme la profanation des tombeaux aussi bien à Saint-Denis que dans tout le reste de la France, nous assistons sinon à une sorte de réhabilitation des temps anciens, du moins à des rectificatitions significatives. A titre d'exemple, le site internet officiel de la Présidence de la République ne fait plus de la révolution une séparation entre l'ancien et le nouveau régime. On y constate une continuité de l'État avec sa succession de périodes.
Le XIXème siècle, période située entre la Révolution de 1789 et la Troisième République proclamée en 1875 ( à une seule voix de majorité ) a vu monter sur le trône cinq monarques ( déjà cités plus haut : Napoléon Ier, Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe et Napoléon III ) Tous en sont descendus de force et ont dû quitter la France ( à l'exception d'un seul, Louis XVIII : il est vrai qu'il était fort malade!). Si les parlementaires de l'époque se sont servis de ces souverains pendant un temps et ont manipulé le peuple pour s'en débarrasser ( car il s'agit bien de cela ! ) on peut en déduire ceci : les français veulent bien d'un roi ( ou d'un président de la république ) mais ils ne veulent pas être obligés de le garder. La différence entre un monarque et un président, ce sont les élections et la durée du mandat. Si les français ont fini par exiler les souverains quand ils ont estimé que leur temps était révolu, ils gardent leur président cinq ans.
Je voudrais apporter quelques précisions sur les termes employés, et pas seulement par moi. Il sera question dans ces principes généraux de monarchie, de royauté, de « monarchie républicaine » ( expression utilisée par les journalistes pour parler du régime présidentiel de la Cinquième République : il ne faut pas confondre ces concepts ni les mélanger.
1)     La royauté a été définie en début de cette partie et on aura soin de ne pas l'assimiler à la monarchie qui est, selon la définition du dictionnaire, le « gouvernement d'un état régi par un seul chef, généralement héréditaire». Les précisions suivantes sont même apportées : état gouverné par un roi ou un empereur, exemple la monarchie anglaise.
2)    Les différents types de monarchie sont les suivants :
– absolue, lorsque le pouvoir du monarque n'est contrôlé par aucun autre,
– constitutionnelle, lorsque l'autorité du prince est limitée par une constitution,
– parlementaire lorsque le gouvernement est responsable devant le parlement.
Pour ce qui est de l'absolutisme, la référence est très souvent Louis XIV : si ce roi exerçait effectivement seul ses fonctions, les parlements n'enregistraient pas systématiquement toutes ses décisions. Le Roi Soleil n'en est pas moins à l'origine de la France moderne et du centralisme gouvernemental et un président de la Cinquième République concentre plus de pouvoir que n'en avait le grand roi.
3)     La monarchie n'est pas obligatoirement héréditaire : elle peut être élective. Les cas ne manquent pas dans l'histoire : Hugues Capet a été choisi par les barons ( par la suite, il a fait couronner son fils qui lui a succédé ), les empereurs du Saint Empire Romain Germanique étaient élus, les anciens rois de Pologne également ( le futur Henri III, dernier des Valois, a été roi de Pologne avant de monter sur le trône de France )
4)     Un régime présidentiel est un régime où le pouvoir exécutif est entre les mains du président de la république ou du chef de l'État. La Cinquième République glisse lentement vers ce type de fonctionnement et peut être facilement assimilé à une monarchie élective puisqu'elles ont les mêmes caractéristiques.
Le Parlement, du même bord politique, deviendrait même une chambre d'enregistrement comme avant la révolution. La question qu'il faut se poser est la suivante : quelle est la place laissée au Peuple Français et quel rôle peut-il avoir dans la structure qui se met lentement en place ?
Pour assurer une continuité de l'État et une stabilité politique, le Chef de l'État ne doit pas directement exercer le pouvoir exécutif mais doit être au-dessus des partis pour sa mission de médiation entre les électeurs et le Gouvernement. Pour cela, il est indispensable qu'il puisse être indépendant des opinions politiques et dégagé de tout principe électoral. Or ce n'est pas cela que prévoit la Constitution de 1958 (révisée en 1962) en soumettant l'élection du Président de la République au suffrage universel.
Le Président de la République peut prétendre être le président de tous les français, actuellement, il est surtout le président de l'U.M.P. Alors qu'il devrait être au-dessus des partis, et donc se démarquer du parti qui l'a fait élire, il continue de tirer les ficelles depuis son bureau de l'Élysée. Mieux encore, outre la politique spectacle à laquelle il se livre, ( les journalistes parlent de la présidence bling-bling ) il cumule les pouvoirs et les fonctions au mépris du texte constitutionnel qu'il n'hésite pas à faire modifier à sa convenance, ne serait-ce que pour aller parader à Versailles et y faire un discours onéreux et parfaitement inutile.
La classe politique ne voulait plus de cohabitation, c'est pour cela que l'élection du Président de la République précède de peu les législatives. Ainsi, par un tour de passe-passe constitutionnel, les institutions sont entièrement aux mains ou de la gauche ou de la droite pour une durée de cinq années. Les précédents cas de cohabitation avaient été des exemples d'équilibre des pouvoirs. Lionel Jospin avait perdu les élections à cause de cet équilibre, il ne voulut pas que pareille chose puisse se reproduire ( Pas l'équilibre, perdre les élections ! ). Le quinquennat fit son apparition. Avec Nicolas Sarkozy, les choses vont encore plus loin : il fait office à la fois de Chef de l'État et de Premier Ministre. Fort étrangement, dans notre histoire, pareille chose s'est déjà produite : à la fin de son règne, Louis XIV cumulait ces deux fonctions. C'est durant cette période qu'il a fait les erreurs les plus lourdes !
La seule conclusion est la suivante : la France n'est pas une république ni une démocratie : c'est une monarchie quinquennale où le peuple n'est appelé aux urnes que pour se taire après les résultats du scrutin. Deux autres termes peuvent également convenir : la démotature ou la dictocratie. Tout le monde, désormais, connaît la différence qu'il y a entre la dictature et la démocratie : la dictature, c'est « Ferme ta gueule ! » ; la démocratie c'est « Cause toujours ! ». ( Jean-Louis Barrault ).
Je ne vais pas terminer cette partie sans évoquer, de façon anecdotique, quelques éléments purement royalistes. Il existe en France des partisans du rétablissement de la royauté, pas la royauté républicaine telle que je l'expose dans ces principes généraux, mais la vieille royauté à peine dépoussiérée de ses oripeaux vétustes et rétrogrades. Ces partisans soutiennent ce qu'on appelle des « prétendants au trône », des personnages descendant des dynasties passées et révolues qui disent avoir des droits et tentent de les faire valoir. Les deux principaux sont le prince Jean d'Orléans, descendant du roi Louis-Philippe ( 1830-1848 ) et le duc d'Anjou et de Cadix, un autre Bourbon, espagnol de surcroît, et cousin de l'autre. Les rejetons de ces deux branches, pour passer le temps ou pour se distinguer, plutôt que de proposer un projet politique intelligent, se chamaillent pour déterminer qui est le chef de la Maison de France et de Bourbon, clé apparemment indispensable pour l'accès à un trône dont il faudra se décider un jour à leur dire qu'il n'existe plus depuis un bon siècle et demi. Laissons-les s'amuser à ces jeux stériles, les français ont d'autres soucis. Il existe également des bonapartistes mais les descendants de l'Empereur ont renoncé à toute prétention dynastique depuis 1926.
Tout français avec un projet pour la France est prétendant, non pas au trône mais à la Présidence de la République. On désigne désormais ce prétendant par le terme de « candidat ».
Du gouvernement actuel de la France...
La France, qui a longtemps prétendu éclairer le monde de ses lumières, celles qui à vouloir attirer les insectes finissent par leur brûler les ailes (les propriétaires de lampes halogènes connaissent ce principe) a fini par élever une statue, ailleurs, pour déléguer cette fonction à une autre nation. C'est la raison véritable qui a motivé la construction de la statue de la liberté à New-York car la liberté « C'est là-bas qu'elle est enterrée ! » (Patrick Timsit). La nation américaine a une qualité, voire une vertu, que la planète entière peut lui envier : la solidarité, que ce soit dans la sottise ou dans l'adversité. Pour le reste, elle est tout aussi tonitruante sur l'éclairage du monde (ou l'éclairement, l'éclairation... un terme adéquat reste à inventer !) et quelque peu brouillonne (manque de constance notoire, surtout pour terminer les projets commencés !)
Puisque notre pays, qui est celui des « Droits de l'Homme », rappelons-le (il serait bon que nos responsables, représentants et autres ministres s'en souviennent) a réussi à refiler à d'autres l'illumination des êtres aux bienfaits de la démocratie à l'occidentale, il peut donc s'occuper de ses affaires et dossiers intérieurs avec le brio, le sérieux et l'honnêteté qu'on lui connaît. Comment procède-t-on dans nos belles contrées plus connues sous les expressions plus imagées de « plancher des vaches » ou « reposoir à andouilles » plutôt que pays de l'entente cordiale et de la bonne intelligence ? C'est très simple : vous mettez d'un côté des élus investis d'un mandat, le passe-partout absolu dans le domaine de la loi qu'on impose, de l'autre les gens concernés par les effets de la loi décidés par ceux de l'autre côté. Aucun des deux côtés ne prête assistance à l'autre, personne ne consulte personne, tout se fait dans le dos des autres. On prétend avoir réuni les syndicats (mais pas pour les écouter, juste pour que l'un des moins représentatifs et plus dociles signe un accord) pour la forme, on fait une campagne publicitaire qui relève plus de la propagande que de l'information, avec quelques pointes subtiles de culpabilisation (c'est très tendance : un peu de psychanalyse de supermarché, un peu de thérapie cognitive comportementale, de la manipulation, en somme, pour un résultat terrifiant et efficace) et on obtient, sorti du chapeau de magicien, le projet sur les retraites (et contre les retraités).
La démocratie a, en France, une particularité bien spécifique : c'est du grec (ou du latin, de l'hébreu, du chinois...) on en sait quelques bribes, on en flanque un peu partout comme une épice dans une sauce (pour en relever le fumet) on croit savoir ce que c'est mais on ne vérifie pas, bref, on est croyant (ou pas) mais on n'est pas pratiquant (pour reprendre une astuce de langage d'Anne Roumanoff). La démocratie, on en décrit quelques principes dans les articles d'un texte fondamental désigné par « La Constitution », au besoin on la tortille pour faciliter le transit (non pas intestinal mais législatif ! Ce qui revient au même !) mais on n'en tient pas compte du tout. Il suffit, pour s'en convaincre, de voir comment le Gouvernement, et le Président de la République en personne, procèdent pour passer le projet déjà cité sur les retraites par la force. Heureusement (pour qui, mystère) la Constitution avait fait l'objet d'une modernisation en 2008 qui permet de faire passer le bébé au forceps.
La démocratie française, dans son état actuel, n'est pas sans rappeler la mort de certains chefs d'état dont on avait annoncé le décès bien tardivement par crainte d'événements incontrôlables (et qui s'étaient produits de toute façon). Le Gouvernement fait comme si la France était toujours une démocratie (qui est le « gouvernement du peuple pour le peuple et par le peuple » tel que décrit dès les premiers articles de notre Constitution) mais transgresse les règles les plus élémentaires ou les procédures prévues par la Loi (référendum). Quand le Président de la République Française se laisse glisser dans l'uniforme de Bonaparte à l'image de Jules César qui avait revêtu les insignes d'imperator et de pontifex maximus pour mieux berner son monde, on peut parler de dictature ou de despotisme. Mais avant d'affirmer que la France a basculé dans un régime autoritaire (ce qu'il est de toute façon) je préfère vérifier, ne serait-ce que pour en être certain.
Définitions de dictature :
1.                  La dictature désigne un régime politique dans lequel une personne ou un groupe de personnes exercent tous les pouvoirs de façon absolue, sans qu'aucune loi ou institution ne les limite.
La France est soi-disant un régime parlementaire. Je constate qu'il est présidentiel : le roitelet-président régnant actuellement est partout, s'occupe de tout (ou plutôt commence beaucoup de choses à la fois, trop à la fois) supplante le premier ministre et ses ministres dans leurs fonctions et rôles respectifs, parle énormément, ment avec une effronterie et un aplomb rarement égalé (il suffit de voir un pot-pourri de ses mensonges sur « YouTube », c'est édifiant !) Souvenons-nous bien que la révision de la Constitution de 2008, celle qui avait permis, entre autres, au chef de l'État de faire un discours fort onéreux devant le Parlement réuni en Congrès et à Versailles, permet aussi de passer les lois en force quand les députés renâclent trop à ratifier les textes. Pour que la gauche avale la pilule sans broncher, le président avait donné quelques « susucres » ministériels à des personnalités du parti socialiste (Kouchner, par exemple, ou Rocard pour la taxe carbone) et, comme on dit, « elle n'avait pas pipé » ! Je peux donc affirmer que même si la loi et les institutions limitent cette dérive vers la dictature (que les journalistes nomment déjà « la monarchie républicaine » et ce n'est pas moi qui l'ai inventé !), le président a fixé lui-même ses propres règles à l'avance. Pour ceux qui voudraient quand même voir dans les soubresauts hystériques et tapageurs d'une bande de députés poursuivants le président de l'Assemblée Nationale dans les couloirs un remugle de démocratie vociférante mais au bord de l'étouffement, je leur opposerai la notion de « dictature de la majorité ».
2.                  Magistrature exceptionnelle de la République romaine attribuant, en certaines circonstances critiques, tous les pouvoirs à un seul homme pour un mandat strictement limité.
Que je sache, il ne s'est pas produit d'événements si terribles dans notre pays (guerre, disette, passage du nuage de Tchernobyl, peste, retour des Bourbons ou invasion de l'Armée Rouge) qui méritent d'être considérés comme circonstances critiques. Le président Sarkozy devrait donc appliquer la Constitution, d'abord parce qu'il en est le gardien et qu'ensuite il n'a pas été élu pour transgresser la Loi, plutôt que de cumuler les casquettes (accessoire de mode trop prolétaire pour sa magnificence, la couronne de lauriers lui siérait mieux si sa tête était à la bonne taille). Le Parlement ne lui a pas voté de pouvoirs particuliers autres que ceux prévus par la Loi, les Citoyens n'en ont pas exprimé la nécessité et encore moins le désir. Le président, par son comportement, ses décisions arbitraires, est hors la Loi. En France, on ne contredit pas le président, on ne le critique pas non plus sinon gare ! Heureusement, il n'est là que pour cinq ans !
Avant la fin de son mandat, le Prince-Président Louis-Napoléon Bonaparte, pour garder le pouvoir, avait fait un coup d'état et restauré l'Empire. Par une pirouette qu'un plébiscite avait fini par cautionner, la Seconde République accoucha de Napoléon III. Pour la Cinquième République, ce ne serait plus une dérive monarchique, ce serait directement le désastre de Sedan. Sans relation directe avec ce que je viens de dire (quoique...) je vais poser une question (qui a l'avantage de ne pas exiger de réponse immédiate) : comment pourrait-on faire croire à la sincérité d'un nouveau type de gouvernement si on n'a pas respecté toutes les possibilités qu'offraient le précédent ?
3.                  La dictature est un régime politique qui s'impose et se maintient par la force. C'est en général le pouvoir d'un homme, parfois d'un groupe d'hommes plus ou moins étendu (parti, caste, armée, groupe religieux...).
La république se maintient en France par habitude et parce que l'école a bien conditionné les esprits. Je suis bien forcé de m'en rendre compte devant les réactions provoquées par les principes de « la Royauté Républicaine ». Ce qu'on retient le plus facilement et qui effraie le plus, c'est le terme de « royauté ». Elle peut être n'importe comment, même républicaine, ou populiste ou je ne sais quoi d'autre encore, elle fait toujours peur. La « royauté », tout le monde l'a appris à l'école (c'est pourquoi il faut se méfier !), c'était la dictature. Par une opération de mathématique moderne (rappelez-vous ces fonctions réflexives, bijectives et transitives fort amusantes) et de logique floue (comme en électronique sauf que flou est à prendre au propre et au figuré), si la dictature, c'est la royauté, ce ne peut donc être la république qui elle est la meilleure des choses (puisque c'est ce qu'on vous dit !). Il s'ensuit la vérité théologique suivante : la république n'est pas une dictature.
Une dictature s'impose et se maintient par la force, nous dit-on. Est-ce que c'est la cas en France ? Non, effectivement : la police et la gendarmerie nationale, qui ont toutes deux une mission de maintien de l'ordre (établi ?) et de sécurité des biens et des personnes sont bien trop occupées à chasser le contrevenant et à collecter des fonds pour le gouvernement pour s'occuper de tout autre chose. Pour s'imposer, plus besoin de l'armée comme dans certains pays d'Amérique du Sud ou d'Asie, la démocratie française use de subterfuges bien plus subtils (pas toujours, d'ailleurs) : la division des citoyens :
·                     le clivage gauche et droite qui est en train de pourrir la vie politique et syndicale, génératrice de ces termes et notions antagonistes « majorité » et « opposition ». En France, on ne s'entend pas, on ne veut pas et on ne peut pas s'entendre parce qu'on est soit dans un camp, soit dans l'autre. Et constituer un groupe avec des gens intelligents, venus de tous horizons et armés de leur patience et de leur bonne volonté pour mener le navire vers une destination commune est une aberration à proscrire impérativement.
·                     Le « public » contre le « privé », qui fait le bonheur des quotidiens. Les grèves des uns sont dépecées de tout fondement pour être une arme contre les autres.
·                     Ceux qui travaillent contre ceux qui sont au chômage ou qui viennent d'être licenciés.
·                     Les patrons contre les ouvriers, et inversement. Chacun croit que l'autre est un monstre d'égoïsme et de despotisme.
·                     La menace, la communication, la propagande, la presse, la télévision et j'en passe...
4.                  La dictature est un régime politique arbitraire et coercitif dans lequel tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains d'un seul homme, le dictateur, ou d'un groupe d'hommes (ex : junte militaire). Le pouvoir n'étant ni partagé (pas de séparation des pouvoirs), ni contrôlé (absence d'élections libres, de constitution), les libertés individuelles n'étant pas garanties, la dictature s'oppose à la démocratie. Elle doit donc s'imposer et se maintenir par la force en s'appuyant sur l'armée, sur une milice, sur un parti, sur une caste, sur un groupe religieux ou social.
Cette dernière définition regroupe tellement de conditions nécessaires pour obtenir une dictature qu'on se demanderait presque si elle n'a pas été façonnée de toute pièce pour endormir le peuple. C'est à la démocratie ce que la péridurale est à l'accouchement. « Vous voyez bien que la France n'est pas une dictature, il n'y a rien qui correspond ! » C'est bien joué, mais c'est quand même raté !
5.                  Dictature : « Régime où tout le monde doit dire que l'on est en démocratie. » (Georges Hahn)
Cette citation existe également dans l'autre sens. Démocratie : « Régime où tout le monde doit dire qu'on est en dictature. » On ne peut pas franchement dire qu'elle fasse avancer le schmillblick, comme dirait Coluche mais, à y regarder de plus près, est-ce que la situation actuelle ne reflète pas toute l'étendue de ce que sous-entend la définition ?
Parmi les conceptions équivalentes à la dictature, nous avons le despotisme, moins harmonieux à l'oreille, plus souvent péjoratif même lorsqu'il est éclairé. Un dictateur, quoi qu'il dise et quoi qu'il fasse, restera dictateur jusqu'à ce qu'il soit renversé. Un despote pareillement. Qu'est-ce qui les distingue l'un de l'autre ? Penchons-nous sur le sujet.
Définitions de despotisme :
1.                  Le despotisme est une forme de gouvernement où l'autorité est exercée par un individu qui règne avec un pouvoir politique absolu, et de manière abusive au regard des lois.
2.                  Système politique qui met le pouvoir entre les mains d'un seul individu dont l'autorité n'est ni limité par les lois ni par des structures politiques.
3.                  Le despotisme est un système politique arbitraire (non fondé sur le droit) dans lequel celui qui gouverne possède une autorité absolue.
Là encore, force est de reconnaître que la tentation est grande. Si la France n'est pas une dictature et que le président n'est pas un despote, au sens strict du terme, on sent bien que ce serait bien plus pratique si c'était le cas. On pourrait faire adopter n'importe quel projet (celui des retraites, le cas Hadopi et tous les autres) sans se préoccuper d'une quelconque représentativité : une majorité à sa botte suffirait à faire avaler n'importe quelle couleuvre. Dans les pays qui ont été autoritaires et qui viennent tout doucement vers la démocratie, parce que des grandes puissances veillent dans l'ombre avec des arguments de poids, on parle de « vitrine démocratique ». Les grandes nations occidentales, gardiennes des valeurs démocratiques, conservées dans des urnes (funéraires, électorales ou plus si affinités) hermétiquement closes ont inventé le « Canada dry » démocratique occidental par excellence : la dictocratie, la démocrature, ou encore la démotature. Si le terme pour décrire cette sorte d'organisation n'est pas encore définitivement choisi, son fonctionnement est mis en place depuis plusieurs années et, si c'était une voiture, on pourrait dire qu'elle est en rodage.
Définitions de dictocratie et démocrature :
1.                  La dictocratie (ou démocrature) désigne un régime qui, sous l'apparence d'une démocratie, fonctionne en réalité comme une dictature. Une constitution est en place, des élections ont lieu régulièrement, la liberté d'expression est garantie dans les textes, cependant les élites en place manipulent ces institutions afin de conserver leurs privilèges. Cela peut être aussi le cas lorsqu'il existe une collusion entre les médias et le pouvoir en place.
2.                  Plus répandue qu'on ne le croit, la dictocratie est un régime politique très en vogue dans les pays riches et puissants dont le président peut acheter sa place deux fois de suite (suivez mon regard) ou une fois en piochant dans la tire-lire de Tatie Liliane B.
3.                  Exemples de pays ou systèmes politiques pour lesquels le terme "dictocratie" (ou "démocrature") est parfois utilisé :
·                     Les États-Unis,
·                     La Russie de Poutine,
·                     Certains pays d'Afrique ou d'Amérique latine,
·                     le Conseil de Sécurité des Nations Unies,
·                     la Commission Européenne et plus largement les institutions de l'Union Européenne issues de Maastricht.
Les choses, à présent, devraient devenir plus claires, non ?
Pour détendre, voici quelques définitions concernant les urnes (dont j'ai dit qu'elles pouvaient être funéraires ou électorales) :
1.                  Vase pouvant avoir différentes tailles et formes et reposant généralement sur un fond à pied ou un piédestal.
2.                  Feuille ayant pris la forme d'un récipient conique ou cylindrique chez certaines plantes carnivores.
3.                  Réceptacle destiné à conserver les cendres d'un défunt après la crémation. Sa capacité est généralement comprise entre 2 et 3 litres. De capacité inférieure, l'on préfère parler de "reliquaire".
4.                  Boîte en plastique transparent dans laquelle les téléspectateurs glissent leur bulletin de vote, Contrairement aux usages pittoresques en cours dans certains pays africains, en France, les urnes arrivent vides et repartent pleines.
5.                  Container hermétique destiné à recueillir les imprimés de participation à une action promotionnelle ou loterie publicitaire.
6.                  Vase recueillant les cendres des idéaux.
7.                  Urnes, élections. « Moi je mets les cendres de mes adversaires dans les urnes de tout le monde ! »
Pour conclure, très provisoirement, je ne vous conseillerai qu'une seule chose : méfiez-vous toujours de ce qu'on veut vous faire admettre et faites-vous votre propre opinion.