dimanche 3 octobre 2010

Disparitions massives en France !

Il n'y a plus de secret désormais, lors des manifestations, vastes défilés de démonstration, il se produit des énigmes mathématiques qui étonnent, surprennent et, il faut bien le dire, agacent. Le but des organisateurs est d'amener le plus de monde sur la voie publique pour donner plus de corps aux revendications. Celui des officiels est à l'exact opposé, ce qu'on peut comprendre mais qu'on aura du mal à admettre : si personne n 'assiste au défilé c'est que les revendications ne sont pas sérieuses. Pour chacun, la finalité est d'avoir les chiffres qui plaisent, qui rassurent, bref, de fournir ses propres chiffres. Après la journée d'action organisée le samedi 2 octobre, une guerre des chiffres a encore enflammé les foules. Les syndicats ont affirmé que 3 millions de manifestants avaient défilé dans les rues tandis que le ministère de l'intérieur n'en avait dénombré que 997 milles. Ils auraient pu faire l'effort d'aller jusqu'au million mais, comme pour les prix des articles dans les supermarchés, il suffit d'un centime pour ne pas basculer dans la dizaine supérieure. Résultat, avec un rapport de un pour trois, ce sont deux millions de personnes qui ont purement et simplement disparu.
Où sont donc passés les deux millions de manifestants résultants des écarts de chiffres. Des explications existent, je vous les livre :
  1. Un avion privé transportant le célèbre magicien David Coperfield a été détourné par la Patrouille de France lors d'un entrainement. Le Gouvernement, qui s'efforce depuis quelques jours de faire croire qu'une menace terroriste pèse sur le pays, en détruisant un monument typiquement parisien, (la Tour Eiffel, le siège du Parti Socialiste de la rue de Solférino, le MacDonald's de l'avenue des Champs-Elysées, la FNAC Montparnasse, la table numéro 4 du Fouquet's ou les Éditions de la Pensée Universelle) a saisi cette opportunité pour démontrer la réalité de ses affabulations de propagande. Le magicien, vexé de ne pas avoir été reconnu immédiatement, après avoir refusé d'avouer vouloir commettre un acte terroriste inique, s'est vengé en jetant un sort à un cortège qui s'était fortuitement formé pour l'acclamer : deux millions de personnes ont donc disparu de la réalité objective pour rejoindre des ectoplasmes fictifs dans quelques mondes parallèles absolument terrifiants.
  2. Toujours obsédé par une menace terroriste contre la France, le Gouvernement de sa majesté Nicolaon Ier, a mandaté Michel Chevalet et Jean-Claude Bourret, deux journalistes en panne d'audience pour expliquer des phénomènes atmosphériques inquiétants proches des milieux islamistes d'Al Qaïda. Comme le public s'obstine à ne pas souscrire à ces menaces terroristes malgré des techniques subliminales contestées et contestables, les frères Bogdanov ont rejoint l'avion présidentiel toujours en construction et actuellement garé sur le parking du Auchan de Vélizy 2, pour vérifier leurs observations. Une cellule de crise, présidée par Tatie Liliane, au mieux de sa forme intellectuelle, a rendu ses conclusions : des ovnis en provenance de Mars-lamabad ont capturé les deux millions de manifestants manquants ce matin aux infos de 7 heures sur RTL pour en faire des faucheurs d'OGM.
  3. Le Gouvernement, toujours le même, pour détourner l'attention du public des manifestations et des revendications saugrenues de ces braillards de la CGT et de Sud, (Comment s'appellent les autres syndicats déjà?) a organisé ce matin une conférence de presse en présence de toute la nomenklatura médiatique (réduite à Gisèle Pruneau, de Mon Tricot et Gilbert Poteau de la Rougerie de ''Royalisme en maternelle''). Malgré des preuves évidentes et irréfutables (trois clichés truqués avec PhotoShop) nul n'a cru à un déplacement du triangle des Bermudes entre la Nation et République. Le ministre a pourtant répété plusieurs fois que les deux millions de manifestants qui manquaient à l'appel avaient du sombrer avec la Nation et la République dans le fameux triangle mais personne n'a été dupe : il n'y a pas de menaces terroristes en dehors du projet des retraites qui va péter au Sénat.
  4. François Bayrou a rassemblé ses fans dans une université d'été mais personne n'a été fichu de dire dans quelle ville. Le Gouvernement, ministres et porte-parole en tête, pour obéir aux ordres de sa majesté qui trempait dans sa baignoire de l'avion présidentiel toujours en construction sur le parking d'Auchan, a voulu répandre la nouvelle d'une attaque terroriste du MODEM islamique mais la crédibilité du père imam François est quasiment nulle : la faille dans l'espace temps ne pourra donc être ouverte avec assez d'efficacité médiatique pour avaler les deux millions de manifestants que les chiffres officiels ont virtuellement étouffés.
  5. Puisque la menace terroriste ne parvient pas à détourner les journalistes de cette manifestation de fainéants qui veulent couler des jours paisibles avec des retraites pour lesquelles ils ont cotisé toute leur vie, le Gouvernement a décidé de développer une théorie originale : les mathématiques non-arithmétiques. On prend des chiffres, on les tortille comme on veut, on leur fait dire ce qu'on veut, on en fait penser ce qu'on ne veut pas, on brouille toutes les cartes, on leur donne tort, puis raison, on joue avec mais on ne les cite jamais dans leur contexte, on mélange avec des pourcentages qui concernent d'autres sujets sans aucun rapport, on use de la langue de bois et on promet des choses vagues et obscures pour plus tard, pour calmer le jeu. Une fois que tout le monde croit avoir eu gain de cause, sans savoir sur quoi exactement, on fait passer le projet en catimini, en fin de soirée, devant des députés pressés d'aller se coucher.
  6. Dire que la menace terroriste tant espérée viendra des manifestations anti-gouvernementales : c'est ce que les publicistes appellent le « double effet Kiss Cool ». L'inconvénient est de taille : trouver de la place dans les prisons pour loger 2 millions de personnes qui ont défilé et qu'on ne veut pas du tout compter.
Puisque le Gouvernement veut absolument que nous ayons peur d'une menace terroriste, condition sine qua non pour faire ce qu'on veut de nous, nous allons le satisfaire : nous allons nous méfier de ses méthodes de calcul. Comment les compteurs officiels s'y prennent-ils pour se tromper aussi lourdement dans le dénombrement des manifestants : plusieurs méthodes sont appliquées (données issues du site internet « societefrance.suite101.fr ») :
  • 1e méthode : tout d'abord, il s'agit de compter le nombre de manifestants sur une seule rangée de cortège. Ensuite, armé d'un compteur à main, le policier compte le nombre de rangées qui défilent et multiplie le nombre obtenu par le nombre de manifestants sur une rangée.
  • 2e méthode : un peu plus élaborée, elle se base aussi sur le nombre de rangées de manifestants dans un cortège, mais c'est le nombre de personne par rangée qui est estimé, et non compté.
  • 3e méthode : lors des grands événements, il devient plus difficile d'établir des statistiques. On fait alors appel à un hélicoptère ou à un avion pour prendre une photo de tout le cortège. On mesure alors la surface en m2 du cortège et on la multiplie par le nombre de manifestants au m2 (en général, on compte un manifestant par m2).
Mais, assenant un coup à la crédibilité des comptes de manifestants, Nicolas Comte, secrétaire général du syndicat Unité police SGP-FO, a déclaré que les chiffres communiqués par les préfectures ou les mairies étaient souvent revus à la baisse par rapport à ceux que leurs transmettaient les policier ou les membres des RG chargés du comptage pendant les manifestations.
Pour établir leur comptage, les organisations syndicales se basent sur la vitesse de marche des manifestants. Elles mesurent la longueur du cortège, ainsi que la largeur moyenne des voies empruntées. Sachant qu'un manifestant marche environ à 2 km/h, il suffit de compter le nombre de manifestants sur un mètre de cortège (ce qui réduit les risques d'erreurs humaine sur le comptage) et de multiplier ce nombre par la longueur en mètre du cortège pour obtenir le nombre total de manifestants.
Le piège du trottoir. Mais, les syndicats comme les policiers l'ont avoué il y a bien longtemps : ils ne prennent pas en compte de la même façon non plus les gens qui sont sur les trottoirs. La police ne fait pas entrer dans la catégorie « manifestant » une personne qui défile sur le trottoir d'une rue. Les syndicats, quant à eux, estiment que toute personne présente sur le passage d'un cortège de manifestation est un manifestant. Donc, si vous avez été à pieds acheter votre baguette à la boulangerie aux alentours de la place de la République le 23 septembre dernier et que vous avez croisé la grande manifestation, il y a de fortes chances pour que vous ayez été comptabilisé comme manifestant !
Lors des prochaines manifestations, faites donc attention à marcher au milieu de le rue. Ou au contraire, prenez les chemins de traverses ! À vous de choisir en connaissance de cause. (Fin de l'emprunt.)
Il reste une méthode simple et efficace quand on ne sait pas, ou qu'on ne veut pas compter : on ne compte pas, tout simplement, et on écoute les personnes qui défilent. Elles ont des choses à dire et si elles les disent fort, c'est pour qu'on les entende. L'idéal aurait été de tout faire pour que de telles manifestations n'aient pas à se produire, mais ça, c'est la démocratie ! Le Gouvernement, dans ce domaine, est encore moins compétent que pour compter les manifestants.

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