mercredi 28 mars 2012

La République sociale et démocratique est-elle une farce? (1ère partie)

« Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte est un ouvrage de Karl Marx écrit en 1852 qui traite du coup d'État du 2 décembre 1851, par lequel le futur Napoléon III a pris le pouvoir en France et instauré le Second Empire. Il s'intitule Le 18 Brumaire en référence au coup d'État du général Bonaparte (Napoléon Ier) qui, lui, renversa le Directoire le 9 novembre 1799, soit le 18 brumaire an VIII selon le calendrier révolutionnaire : ce coup d'État avait instauré le Consulat puis le (premier) Empire. Marx parle du coup d'État de 1851 comme de la « deuxième édition du 18 Brumaire ». Reprenant Hegel, il affirme au début de son livre : « tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois […] la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce ». Cette remarque place clairement son livre dans une perspective critique, à une époque où paraissent aussi Napoléon le Petit, de Victor Hugo, et Le Coup d'État, de Proudhon.
Cet ouvrage s’inscrit aussi dans la prolongation de Les Luttes de classes en France (1850). Il reprend une grande partie des théories de cet ouvrage notamment l'idée que la République est l'outil ultime de domination de la bourgeoisie. « A la monarchie bourgeoise de Louis-Philippe peut seule succéder la république bourgeoise. Autrement dit : si, au nom du roi, a régné une partie de la bourgeoisie, c’est désormais au nom du peuple que régnera l’ensemble de la bourgeoisie. » Il mène l’analyse de la période allant de 1848 à 1851 sous l'angle de l’antagonisme de classe. » (wikipedia)
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Ces périodes de campagne électorale sont propices à réfléchir sur ce genre de question : la République, telle que nos politiques nous la concoctent, ne serait-elle rien d'autre qu'une farce, un attrape-nigaud ou un leurre ? Et lorsque nous les voyons défiler sur le petit écran pour défendre, tous partis et toutes tendances confondus, la République et ses valeurs, est-on sûr qu'ils ne parlent pas d'autre chose ?
Je me pose une simple question, d'ordre logique, toute aristotélicienne, une question de base qui peut s'énoncer comme suit :
  • Ils défendent la République (le concept, rien d'autre) avec un enthousiasme suspect comme s'ils y avaient quelque chose à gagner (à part les élections),
  • Dans nos contrées dites occidentales sur lesquelles règnent en maîtres absolus et libéraux les dieux de l'argent, de la bourse, des profits, de la compétitivité and so on, quand on a quelque chose à gagner, cela se calcule en euros (il n'est plus question de gagner sa place au Paradis, ou en considération, en transparence),
  • La république est-elle alors un moyen de subsistance, un métier qu'on exerce (pour gagner sa croûte, ou de la brioche, lorsqu'on voit le montant de la retraite de certains agnosognosiaques ou simplement une tire-lire qu'on ne partage sous aucuns prétextes ?
Remarquons au passage que les américains, lorsqu'ils partent en vacances avec des bagages armés dans quelques destinations exotiques, ils y vont pour y installer des démocraties et non des républiques, avec le succès que l'on sait. République et démocraties peuvent avoir des sens équivalents, surtout lorsqu'il y a du pétrole à la clé.
Dans ce coin-ci de la vieille Europe, au pays des lumières (dont l'ampoule est à remplacer depuis plusieurs décennies) on nous bassine avec la République, en alternance avec d'autres modèles de société, plus ou moins légitimes, qu'on essaie de temps à autre comme pour mieux revenir à ce qui nous convient le mieux : ce que quelqu'un d'autre a décidé pour nous. Il se trouve, donc, que c'est la République. Et comme elle ne peut se suffire à elle-même, on l'a doté d'une constitution dans laquelle des législateurs avisés lui ont trouvé de formidables qualités. Notre République est la plus belle du monde car elle est sociale, laïque et démocratique. Rien que ça ! Et puis tout le monde à l'air d'y tenir à cette République, la cinquième ! Sa constitution passe à la moulinette régulièrement, on ajoute des articles avec des tirets, on en supprime d'autre en gardant leur numéro mais en précisant qu'ils sont vides tout ça pour qu'au final, le nombre soit toujours le même. La différence avec la magie, c'est qu'on ne fait disparaître personne (à part les chômeurs) on ne coupe personne en deux (en dehors du nombre des mécontents qui manifestent) et on ne fait pas sortir de colombes des chapeaux (à l'exception de réformes qui ressemblent à s'y méprendre à des cataplasmes sur des jambes de bois).
N'en déplaisent aux cinq derniers royalistes authentiques et démodés qui jurent que seul un roi peut fédérer tous les français dans une sorte de bonheur jubilatoire et extatique, la république est défendue, encensée et portée aux nues par la gauche, la droite, le centre et mêmes les extrêmes avec une égale ardeur. Et non seulement notre République a toutes les qualités que la constitution est supposée garantir, mais en plus, elle traîne derrière elle tout un lot de valeur aux contours très fluctuant selon les circonstances. Mais c'est uniquement pour pointer du doigt des gens qui ne les respectent pas et qui ont l'outrecuidance de croire qu'ils peuvent en imposer d'autres dont on ne sait en définitive, rien de plus.
Nous vivons donc dans un pays idyllique, une sorte de jardin d'Eden, le pays joyeux des rires et des chants (l'île aux enfants, comme dirait Casimir). Mais est-ce bien vrai tout cela ? Avant de trancher la question, examinons quelques points.
  • J'ai proposé ma candidature à l'élection présidentielle parce que j'estimais que le projet que j'avais élaboré valait la peine de s'investir. En dehors du fait que l'expérience a été intéressante et qu'elle m'a permis de comprendre certains rouages institutionnels que ne connaissais pas, elle m'a aussi appris que ce petit monde était un domaine réservé et qu'un citoyen seul, sans une solide structure financière et médiatique, avait fort peu de chance de pouvoir percer. Il faut, au départ, être investi de qualités absolument nécessaires : la persévérance, la ténacité , la patience et une bonne dose de confiance en soi.. Mais cela ne suffit pas.
  • Lorsqu'un citoyen veut se présenter à une élection, quelle qu'elle soit, il doit faire parler de lui et proposer un programme (ou celui du parti auquel il appartient, s'il y a lieu). Pour ma part, j'avais fondé mon propre mouvement et je devais le faire connaître. Comment ? Voici quelques indications fort précieuses.
  • J'ai d'abord remis un dossier de presse à différents journaux de mon département, aux chaînes de radio et de télés locales.
  • Comme je suis fonctionnaire, j'ai informé mes supérieurs hiérarchiques de mon engagement, d'abord parce que c'est obligatoire et ensuite pour qu'ils sachent qu'à la base, il y a aussi des gens qui réfléchissent.
  • J'ai envoyé un courrier au Maire de ma commune pour éviter toute surprise. Et puis c'est une question de politesse surtout lorsqu'on a fait partie de la liste opposée aux dernières élections municipales.
  • Un article est paru dans un hebdomadaire régional, ce qui est d'un grand secours pour lancer une campagne.
  • L'inconvénient c'est que une machine de guerre ne se lance pas comme ça toute seule : il faut savoir attirer l'attention et la maintenir tout le temps. Pour ce faire, j'avais mis sur pied quatre sites Internet différents où je mettais toutes les informations nécessaires.
    Petit conseil aux webmestres : incorporer un compteur de visite est une opération à double tranchant. Le nombre de pages vues sera toujours largement inférieur que ceux des sites de téléchargement de musique ou de films (sans parler du reste).
  • Les résultats n'ont pas été à la hauteur de mes espérances : par manque d'enthousiasme, ou de politesse, les réponses n'ont pas été nombreuses. Je peux même dire qu'elles ont été fort rares. Il n'y a plus grand monde pour observer le principe dit d'obligation de réponse.
  • En France, comme un peu partout sur la planète, les politiques vous mentent et vous font avaler des couleuvres par pelletées entières. Le mensonge est une forme de management comme une autre, à l'instar du bluff, de l'intimidation, le harcèlement et j'en passe...
Puisque je viens de parler de mensonge, je vais évoquer quelques grands thèmes et autres idées reçues bien ancrés dans la conscience collective.
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La République a fait tout ce qui était possible pour s'imposer :
  • La première république s'est instaurée dans des conditions étranges le 21 septembre 1792. Jugez-en plutôt :
    « Dans ses Souvenirs, Jean-Jacques Fockedey, député du département du Nord sous la Convention nationale, décrit la façon précipitée dont est décrétée, le 21 septembre 1792 l’abolition d’une Royauté qui devait laisser place à la Première République : si l’unanimité fut obtenue, c’est parce que moins des deux cinquièmes des 749 députés sont alors réunis, les novateurs redoutant d’assister à l’échec d’une telle substitution en présence de la totalité.
    Mise en œuvre suite à la « suspension » du roi lors de la prise des Tuileries le 10 août 1792, la Convention nationale tient en effet sa première session le 21 septembre, sans attendre l’arrivée des 749 membres qui la composent et doivent venir des quatre coins du pays. » (source : la France pittoresque)
  • L'assassinat du roi Louis XVI après une parodie de procès. Pour cela, voyez l'article dont le lien figure ci-dessous. Il est issu d'un site royaliste mais les choses sont justes.
  • Je ne suis pas là pour refaire l'histoire. Mais la République a largement contribué à fausser les cartes des régimes et gouvernements précédents (ce qu'ils font tous, soit dit en passant!) Le système de gouvernement le plus juste est celui qui est consenti par tous et il peut être de n'importe quelle forme et changer en fonction des circonstances.
  • Les apports de la Révolution Française : la déclaration des droits de l'homme, les constitutions de 1791 et de 1793. Mais aussi les errances de la Convention et la période de la Terreur. Le général de Gaulle a répondu à quelqu'un qui rejetait la période la plus noire de la révolution pour n'en garder le positif : « La révolution est un tout, il y a le bon mais aussi le mauvais ! » Faire le tri, après coups, semble relativement facile : il suffit d'enlever les années 1793 et 1794. Pourtant, même durant ces années-là, des éléments disparate sont fertiligènes pour notre propre avenir.
  • La république vomit sur les royalistes et les bonapartistes alors qu'elle les imite de plus en plus. Le général de Gaulle était issu d'une famille royaliste. Lui même peut être fortement soupçonné de l'avoir été.
    « Voici ce qu'il aurait proclamé un jour, et qui est en fait une citation rapportée et non directement issue de ses discours ou de ses écrits :
    " Ce qu'il faudrait à ce pays, c'est un roi "
    (Déclaration à Robert Prigent, ministre de la Population, cité par Georgette Elgey, La République des illusions 1945-1951, Paris, Ed. Fayard)
    Raison pour laquelle, j'emploie toujours le conditionnel lorsque je me réfère à ce genre de citation apocryphe. » (
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Les efforts démesurés de la République pour éradiquer la Royauté :
Au risque de choquer les républicains, mais ce qui ne rassurera pas les royalistes, un roi à la tête d'un état n'est ni mieux ni pire qu'un président de la république. Des pays comme la Hollande, le Danemark, la Belgique, la Suède, la Norvège, l'Espagne, l'Angleterre, le Luxembourg et la France (Non, pas la France ! Pourtant on croirait!) s'accommodent encore d'un roi ou d'une reine et ce n'est pas pour autant que la révolution gronde à leurs portes. Toute la différence réside dans l'exercice du pouvoir. Les souverains d'Europe ne l'exercent pas : c'est le gouvernement, issu des élections qui en est titulaire.
Avec un raisonnement pareil, on peut imaginer un roi sur le trône de France, cela ne fonctionnerait certainement pas plus mal que maintenant, ou alors un président de la République avec un mandat de cinq ans, élu différemment que dans ce déluge de moyens à la limite du scandaleux, qui s'occuperait de sa tâche plutôt que de se mêler de gouverner à la place des ministres. Or, c'est une particularité de la France que de mélanger et confondre royauté, république et gouvernement. Depuis 1789, les institutions ne sont toujours pas fixées. Pour vous donner quelques preuves :
  • Lors de l'avènement de Napoléon Ier, les pièces de monnaie portaient l'inscription suivante : République Française, Napoléon Empereur.
    Premier exemple : An 12 (1804)
    Deuxième exemple de 1808.
  • Le premier président de la République était un prince : Louis-Napoléon Bonaparte, le futur Napoléon III.
  • Lors des visites protocolaires, à l'étranger, le Président de la République est appelé « Son Excellence ».
    « His Excellency Mr. Nicolas Sarkozy, President of the French Republic, will pay a visit to Japan on March 31, 2011.
    During his stay in Japan, The President will hold a meeting with Mr. Naoto Kan, Prime Minister of Japan.
    Upon the Tohoku-Pacific Ocean Earthquake, as the chair of the G8/G20 summit this year, President Sarkozy has been expressing his intention to visit Japan to express the support and solidarity of the international community to Japan. »
Mais la France se dit République et la République, même si elle envie et imite ses rois, ne veut pas l'admettre. Elle a tout fait pour les choses soient claires et définitives, et Dieu sait si elle a eu de l'imagination.
  • La destruction définitive des palais royaux que les communards et les prussiens avaient commencée en 1870. Et le mensonge : « On les reconstruira plus tard quand on y verra plus clair dans nos finances » c'est à dire jamais.
    Le Palais des Tuileries en 1850.
    Les ruines après la Commune en 1875.
    Vue générale des Tuileries.
    Emplacement par rapport au Louvre.
  • Même chose pour le château de Saint-Cloud, résidence d'été des Monarques du XIXème siècle.
    Le château avant la guerre de 1870.
    Les ruines après les bombardements de l'armée prussiennes et l'incendie qui a tout détruit.
  • Après la défaite de Sedan, l'Empire s'est effondré. L'épisode de la commune passé, les royalistes (majoritaires) voulurent rappeler le Comte de Chambord, petit fils de Charles X et dernier descendant des Bourbons directs. C'est là qu'il y eut cette histoire de drapeau blanc, celui de Jeanne d'Arc et d'Henri IV. Mais ce n'était qu'un prétexte. Le comte de Chambord, qui aurait été appelé Henri V, ne voulait surtout pas avoir à gérer la revanche de la perte de l'Alsace Lorraine sur le tout nouvel empire allemand. Par dépit, la république prit la place laissée libre par le prétendant qui resta en exil.
    Page extraite du Bulletin des lois, vu sur Google books.
  • Les lois d'exil des familles ayant régné sur la France en date du 23 juin 1886.
    Extrait d'un ouvrage du Comte de Paris (1908-1999)
  • L'article 44 de la Constitution de la 4ème République précisait ceci :
    « Les membres des familles ayant régné sur la France sont inéligibles à la présidence de la République. »
    Près de 80 ans après leur départ, les républicains avaient donc toujours une peur bleue de les voir se réinstaller sur le trône comme si de rien n'était.
  • Le cas du comte de Paris qui, dans les années 60 avait cru que le général de Gaulle lui céderait le trône, est très cocasse. Le Général n'était pas le seul à fréquenter la famille royale déchue : François Mitterrand errait également dans les réceptions organisées à Louvecienne. Plus proche de nous encore, un Président a remis la légion d'honneur au fils du comte de Paris qui est également comte de Paris (ce qui ne sera pas facile pour s'y retrouver!)
    L'image parle d'elle-même.
    Monseigneur a été décoré par le Président Nicolas Sarkozy au cours d'une cérémonie de 45 minutes durant lesquelles le président a prononcé un discours s'adressant à monseigneur le comte de Paris
    ...où il a rendu hommage aux 40 rois qui ont fait la France, puis il a personnellement offert un bouquet de fleurs à la comtesse de Paris.
  • L'école de la république : laïque, publique et obligatoire.
    Les scrupules et les honnêtetés de l’historien allaient être balayés par l’idéologie progressiste, grâce à l’introduction de l’instruction civique dans les programmes, en vertu de la loi du 28 mars 1882.
    Cette grande querelle scolaire débute avec les manuels de Steeg et de Paul Bert. Deux exemples de caricature d’autant plus choquants que leurs rédacteurs… n’étaient pas historiens.
    Le manuel de Steeg dresse un tableau saisissant de la France à la veille de la Révolution : « Depuis des siècles, la France gémissait sous le joug des rois et des seigneurs. Ils étaient les maîtres, et le peuple n’avait aucun droit ; il travaillait pour eux, il payait toutes leurs dépenses, il était foulé aux pieds, et souvent il mourait de faim. On disait de lui qu’il était taillable et corvéable à merci, c’est-à-dire que ses maîtres pouvaient lui imposer, à leur volonté, toutes les corvées et toutes les contributions imaginables, qu’on appelait la taille, le cens, la gabelle, la dîme, etc. Quand il ne voulait pas travailler pour les seigneurs, on le battait, on le jetait en prison. Quand il ne pouvait plus payer les lourds impôts qui l’écrasaient, on vendait la maison, les outils, et on jetait les pauvres gens dehors, dans les bois où ils se nourrissaient d’herbe. Soumis à tous les caprices de ses maîtres, le peuple ne jouissait d’aucune liberté, il ne pouvait ni suivre la religion qui lui convenait, ni diriger les affaires de sa ville ou de son village, ni exercer les métiers qu’il lui convenait ».
    ou encore (chez Paul Bert qui n’avait aucune formation d’historien)
    L’auteur y développe l’exemple d’un village imaginaire qui aurait eu pour seigneurs l’abbé de Saint-Gildas et le baron de Saint-Yrieix : « Là-haut était le couvent, habité par six moines qui passaient leur vie à prier, à se promener, à surveiller les travaux de leurs serfs, à recevoir les produits et redevances. Monsieur l’abbé, lui, ne venait pas souvent ; il était à Versailles à s’amuser avec son frère le baron. Les moines avaient bien plus qu’il ne leur en fallait pour vivre ; aussi étaient-ils aussi gros et gras que leurs paysans étaient décharnés…
    Au plus haut niveau de l’État, le mensonge volontaire est loué. Jules Ferry affirme ainsi qu’il n’y a pas de neutralité politique dans l’enseignement :
    En revanche, sur la vision manichéenne de l’Histoire, opposant l’Ancien Régime à la France contemporaine issue de la Révolution, Jules Ferry reste intransigeant : « Messieurs, dit-il au duc de Broglie, nous avons promis la neutralité religieuse, nous n’avons pas promis la neutralité philosophique, non plus que la neutralité politique ».
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lundi 19 mars 2012

Qui parraine qui? (6ème partie)

Marine Le Pen aura-t-elle ses 500 parrainages pour se présenter à l'élection présidentielle ?
La question divise les partisans d'une démocratie exemplaire. Dimanche, François Bayrou a lancé l'idée d'un coup de pouce à la candidate du Front national, au nom du « contrat démocratique français ».
Nous avons voulu savoir comment cette proposition du président du MoDem était perçue par les maires sans étiquette déclarée de notre secteur.
  • Aimé Duquenne (Gruson). « J'ai été sollicité, mais je ne donnerai pas ma signature. Notre tendance (NDLR : le maire parle au nom de son conseil) sera représentée, je ne vois pas pourquoi je parrainerais quelqu'un d'autre ! Quant à Marine Le Pen, avec 17 ou 20 % de voix, on ne peut pas être en tête. Si elle dit des choses qui peuvent s'entendre, de toute façon, ce n'est pas un parti qui puisse gérer la France. »
  • Philippe Delcourt (Bachy). « À Bachy, le FN a fait 17 %, c'est sûr que c'est un peu gênant s'il n'est pas représenté au premier tour. Mais en même temps, 17 %, ça ne fait pas une majorité. Je trouve qu'on devrait laisser tomber le système des 500 signatures, et lui préférer un examen de compétences. Ça écrémerait tout aussi bien. Pour le parrainage, je viens de recevoir ma 16e demande. Je ne donnerai pas ma signature, car j'ai été élu par le conseil et qu'à ce titre, je l'engage. Or, mes conseillers sont de tous bord et ne voulaient pas que je parraine. En 2007, l'ancien maire s'était engagé à ne pas parrainer, suivant en cela l'avis de son conseil, mais il l'a fait en catimini, pour Besancenot. pensant que cela ne se saurait pas. Ça a jeté un très grand froid. »
  • Pascal Zoute (Chéreng). « Je reste neutre et je ne parraine personne. Marine Le Pen ? Cela ne me concerne pas ! »
  • Damien Castelain (Péronne-en-Mélantois). « Ce serait anormal, oui, que Marine Le Pen ne puisse pas se présenter. Mais lui donner un parrainage n'est absolument pas envisageable. Cela ne correspond pas du tout à mes valeurs, c'est très clair et sans langue de bois. »
  • Jacques Ducros (Sainghin-en-Mélantois). « Je trouve dommage que l'on demande leur avis à des maires pour un sujet comme celui-là. Nous, nous sommes dans le cadre d'une démocratie locale. J'ai été élu sur une liste apolitique. Je ne connais pas les opinions des conseillers municipaux. Mon combat, c'est celui de la commune et de l'intercommunalité. Je n'envisage donc pas de donner ma signature à un candidat. Marine Le Pen a eu tort de dire que les parrainages n'étaient qu'une formalité administrative. À mes yeux, c'est au contraire une démarche politique, la reconnaissance qu'un candidat est légitime pour se présenter à l'élection présidentielle. »
  • Jean-Paul Béarez (Louvil). « J'ai été sollicité à plusieurs reprises, mais je ne donnerai ma signature à personne. Ici à Louvil, nous sommes une commune apolitique. Pour le reste, il y a une règle et elle doit être respectée. Elle évite peut-être qu'il y ait trop de candidats. De toute façon, il serait surprenant que Marine Le Pen n'ait pas ses signatures. »
La chasse aux signatures embarrasse souvent les élus, très sollicités par les aspirants candidats.
Les candidats à l'élection présidentielle ont jusqu'à 18h00 vendredi pour déposer les 500 parrainages leur permettant de se présenter. Pour de nombreux élus, c'est la fin du casse-tête. Très sollicités ces derniers mois, certains en ont assez de l'insistance des candidats.
"C'est lourd".
La maire d'Etchebar, dans le pays basque, l'admet au micro d'Europe 1 : "c'est vrai que c'est lourd". "Je suis agricultrice donc vous pouvez être avec les vaches, sortir du fumier ou autre et ils arrivent comme ça, sans prévenir. Vous trouvez cinq, dix messages sur le répondeur de la même personne", raconte Nathalie Irigoyen.
90% des maires sans étiquette.
La décision de parrainer un candidat peut aussi entraîner des ennuis au niveau local, sachant que 90% des maires de France sont sans étiquette. "Dans l'équipe municipale, certains pourraient être gênés et me dire : 'Francis, là tu ne respectes pas le deal que nous avons entre nous, pour ceux qui ne seraient pas du bord que je soutiendrais", estime Francis Delrue, maire de Baisieux, dans le Nord.
"On vous fait des remarques".
Georges Poncelet, maire d'Urschenheim dans le Haut-Rhin, connaît le problème. En 2007, il avait donné sa signature à Arlette Laguiller. "On vous fait des remarques lors de réunions : 'toi tu es à gauche, ou extrémiste, ou révolutionnaire'. On vous met une étiquette, donc ce n'est pas la peine", explique-t-il à Europe 1. Du coup, pour cette élection, personne n'a obtenu ses faveurs. En 2007, 60% des élus n'avaient parrainé personne.
Parrainages : les maires du Douaisis préfèrent le plus souvent s'abstenir.
Les candidats à l'élection présidentielle ont jusqu'à ce soir 18 h pour déposer leurs 500 signatures. Contactés par téléphone, des maires du Douaisis affirment avoir été démarchés par (presque) tous les postulants à la plus haute fonction de l'État. Mais près de la moitié a refusé d'accorder son parrainage. Décryptage.
1 Les raisons du refus Pour la neutralité. Numériquement, ceux qui n'ont pas donné leur parrainage sont des maires qui ne sont pas encartés. Leur conseil municipal est souvent composé d'élus de tous bords politiques, ou peu politisés. Pour plus de sérénité au sein de l'équipe, parce que leur « devoir est de servir tout le monde » et avant tout la commune, ils s'abstiennent de participer au processus de sélection des candidats. C'est l'argument évoqué, par exemple, par Jean-Luc Detavernier, maire d'Aix-lez-Orchies, ou Patrice Bricout de Warlaing.
  • Par principe. Jamais au cours de leurs mandatures, ils n'ont donné leur parrainage. Une façon de marquer leur « indépendance » vis-à-vis des partis politiques ou de contester ce mode de sélection pour la présidentielle. Lionel Courdavault, maire de Roost-Warendin, est de ceux-là.
  • Par pragmatisme. Les maires, estimant que les candidats qu'ils soutiendraient n'ont finalement pas besoin d'eux pour être officiellement éligibles, ne la donnent pas. À l'instar de René Ledieu, maire d'Esquerchin, qui affirme n'avoir jamais parrainé personne en 31 ans de mandat.
  • Par peur de l'amalgame. Pour les maires de Cantin ou Wandignies-Hamages par exemple, le parrainage est un acte républicain qui devrait permettre à toutes les composantes politiques d'être représentées à cette élection. Parrainer ne signifie pas pour eux « soutien » à un candidat.
Craignant la confusion, ils s'abstiennent.
2 Mélenchon, candidat favori En revanche, la plupart des maires qui ont parrainé l'ont fait, au contraire, par soutien et adhésion politique. Un peu comme un vote dans l'isoloir avant l'heure. Dans l'est du Douaisis, un grand nombre de maires étant communistes, il n'est pas surprenant que Jean-Luc Mélenchon pour le Front de gauche arrive en tête. Ceux-là, comme d'autres élus bien identifiés politiquement, du PS à l'UMP, ont été souvent moins sollicités.
3 Petits candidats cherchent parrains Sollicités, les maires des petites communes ? « Oh que oui », répondent-ils. Mails, courriers, démarchages téléphoniques, visites de délégués en mairie ou à leur domicile. Ils ont reçu des demandes de quasi tous les postulants à la présidentielle. Jacques Cheminade (Solidarité et progrès), Frédéric Nihous, Christine Boutin ou Hervé Morin (avant leur désistement), Philippe Poutou du NPA, Corinne Lepage (Cap 21), Nicolas Miguet, sont de ceux-là. Mais aussi Marine le Pen (FN), Nicolas Sarkozy (UMP), Eva Joly (EELV), François Bayrou (Modem), ont demandé un parrainage.
Avec 46,9 % de refus de parrainage, on arrive à un paradoxe : les « petits » candidats sont finalement boudés par les maires des petites communes qui auraient pu être leur planche de salut.
Parrainages. Les maires du pays de Morlaix ont fait leur choix.
Ceux qui rêvent de l'Elysée ont jusqu'à vendredi 16 mars, 18h, pour déposer les 500 parrainages indispensables pour être candidat à l'élection présidentielle. Sollicités, les maires de l'arrondissement de Morlaix ont moins parrainé qu'en 2007.
Hollande devant Sarkozy. Parmi les 60 maires de l'arrondissement de Morlaix, dix ont parrainé le candidat socialiste François Hollande, contre 13 pour Ségolène Royal en 2007. Nicolas Sarkozy a reçu quatre soutiens, soit six de moins qu'il y a cinq ans. Alors que trois petits candidats avaient été parrainés en 2007 (Besancenot, Voynet et Bové), aucun n'a eu - publiquement - cette chance cette année.
Moins de parrainages qu'en 2007. 38 maires ont refusé de parrainer un candidat cette année, contre 30 il y a cinq ans. Cette «peur» de s'engager s'explique par la volonté de ne pas faire de vagues au sein de conseils municipaux où les tendances politiques sont diverses.
Forcing jusqu'au dernier moment. Certains candidats n'ont rien lâché pour obtenir les précieuses signatures. À Tréflaouénan, par exemple, André Seité a été démarché par les équipes de Marine Le Pen «pas plus tard que vendredi dernier». Dominique de Villepin et Corinne Lepage ont également fait le forcing ces derniers jours.
Un système à modifier? Certains maires comme Louis Fagot (Guimiliau) souhaiteraient un anonymat des parrainages, «car l'interprétation qui en est faite peut être gênante». Du côté de Mespaul, Jacques Moal estime que ce système «n'est pas le bon car pas assez démocratique.»
Le canton de Plouzévédé reste muet. Sur les quatre maires qui n'ont pas donné suite à nos sollicitations, trois sont issus du canton de Plouzévédé: Gérard Daniélou (Cléder), Viviane Pluchon (Plouzévédé) et Marie-Claire Hénaff (Saint-Vougay). Maire de Saint-Jean-du-Doigt, Hervé Quéméner n'a pas non plus répondu à nos appels.
Le cas Mazurié. Comme il y a cinq ans, le maire de Saint-Servais, Laurent Mazurié, souhaitait parrainer un petit candidat par tirage au sort. Non autorisé à le faire en public par le Conseil constitutionnel (Le Télégramme du 25février), il n'a pas souhaité dévoiler le nom du successeur de Christine Boutin (2002) et Olivier Besancenot (2007).
Ces «anciens» maires qui n'ont désigné personne...
  • Guimiliau (L. Fagot) : «Si ça avait été anonyme, je l'aurais sûrement fait».
  • Ile-de-Batz (G. Cabioc'h): «Je n'ai jamais parrainé, ce n'est pas maintenant que je vais commencer».
  • Landivisiau (G. Tigréat) : «Si je n'avais pas été en convalescence, j'aurais parrainé le président sortant».
  • Lanhouarneau (E. Pennec) : «Je ne veux froisser personne, je souhaite continuer à travailler sereinement ».
  • Le Ponthou (J.-P. Minec) : «Quand j'étais candidat aux cantonales, je n'ai pas demandé de parrainages, donc là je n'en vois pas l'intérêt ».
  • Loc-Eguiner Saint-Thégonnec (F. Raoult) : Il faudrait imaginer un autre système, celui-ci ne marche pas».
  • Locquénolé (G. Pouliquen) : «Je n'ai jamais parrainé. C'est trop politisé par rapport au fonctionnement des communes».
  • Mespaul (J. Moal) : «Je n'ai jamais parrainé personne, je ne trouve pas ce système démocratique du tout».
  • Plougasnou (Y. Tanguy) : «Je respecte les tendances variées de mon équipe».
  • Plougoulm (J. Berrou) : «Je n'ai jamais donné et je ne donnerai jamais. Je n'ai eu que cinq sollicitations».
  • Plounéour-Ménez (E.Géréec): «Aucun candidat ne parle de ruralité donc aucun ne mérite mon parrainage. »
  • Plounéventer (P. Héraud) : Je suis apolitique et je veux garder l'unité dans la commune».
  • Plourin-lès-Morlaix (J. Brigant) : «Le papier est resté sur mon bureau. Je soutiens Hollande. Il a assez de parrainages».
  • Roscoff (J. Seité) : «Je ne veux pas mettre qui que ce soit en difficulté sur ma liste». Saint-Sauveur (J. Billon): «Je ne veux pas prendre position en tant que maire, je n'en vois pas l'intérêt».
  • Taulé (A. Hamon) : «Une volonté de rester neutre ? Oui, si on veut».
...et ces «nouveaux» qui ne l'ont pas fait non plus
  • Bodilis (A. Moysan) : «J'ai mes convictions, mais je ne veux pas être marqué politiquement».
  • Botsorhel (M. Quéré): «J'ai mes convictions, mais je n'avais pas envie de parrainer».
  • Garlan (J. Irrien) : «Vis-à-vis de mes colistiers, je ne prends pas le droit de parrainer».
  • Henvic (C. Micheau) : «Il y a des sensibilités diverses au conseil. Or, ce choix doit être représentatif de sa tendance».
  • Lampaul-Guimiliau (J.-M.Puchois) : «J'ai hésité un moment, mais sans savoir vraiment qui parrainer».
  • Lannéanou (M. Beuzit): «Dans une petite commune, on ne fait pas de politique».
  • Locmélar (R. Kerambloc'h) : «Je n'ai pas encore fait mon choix. Je me garde le choix de parrainner un petit candidat au dernier moment».
  • Locquirec (G. Guyomarc'h): «Issu d'une liste diverse, je ne me sens pas apte à me décider».
  • Plouégat-Moysan (F.Girotto) : «Je ne parraine personne pour ne pas créer de polémique inutile».
  • Plouénan (A. Chevaucher) : «Les leaders n'ont pas besoin d'un maire rural».
  • Plouescat (J. Le Duff) : «Je ne considère pas avoir de choix à faire, bien que j'ai été beaucoup sollicité».
  • Plougar (M.-F. Mingam): « Je trouve que d'autres choses sont plus importantes à l'échelle de la commune».
  • Plouigneau (R. Le Houérou): «Je préfère me limiter à la gestion communale».
  • Plounévez-Lochrist (G. Bernard) : «Beaucoup sollicité, je respecte la pluralité de ma liste».
  • Plouvorn (J.-C. Marc) : «Je respecte tout le monde sur ma liste apolitique».
  • Saint-Derrien (G. Riou) : «Dans les petites communes, on est sans étiquette».
  • Saint-Pol-de-Léon (N. Floch): «Vis-à-vis de mon équipe qui est multi-confessionnale, je n'ai pas de position à avoir».
  • Sainte-Sève (G. Michel): «S'il avait manqué de voix, le candidat PS aurait eu mes faveurs».
  • Santec (B. Le Pors) : «Il faut savoir ne pas prendre le bâton pour se faire battre».
  • Tréflaouénan (A. Seité): «Je n'avais déjà pas pris partie lors des cantonales ».
  • Tréflez (F. André) : «Ce n'est pas aux maires de désigner les candidats. Je ne me voyais pas prendre partie».
  • Trézilidé (D. Philippe): «Je n'ai pas été élue pour faire de la politique, mais pour défendre les intérêts de la commune».

dimanche 18 mars 2012

Qui parraine qui? (5ème partie)

Présidentielle : les maires ne jouent pas aux parrains
PAYS CHAUNOIS - Les candidats à la présidentielle ont jusqu’au 16 mars pour recueillir leurs 500 parrainages. Très sollicités, les maires se montrent réservés. Explications.
Donner sa signature à un candidat, ce n'est pas si simple que ça pour les maires des communes rurales en particulier. Ils sont d'ailleurs majoritaires à ne pas répondre aux sollicitations dont ils font l'objet depuis plusieurs semaines.
Si certains avancent tout simplement un choix personnel, d'autres préfèrent rester neutres pour ne pas avoir de souci. « On ne sait pas comment notre prise de position pourrait être perçue par nos administrés », résume Michel Lacaze, le maire de Villequier-Aumont. En dehors de cette crainte, il y a aussi la peur de représailles financières. « Au moment de demander des subventions au conseil général ou au conseil régional, des maires ont eu droit à des réflexions du style "vous n'avez qu'à demander au candidat que vous avez parrainé". Ce n'est pas un fantasme, c'est une réalité », affirme René Pâris, maire d'Abbécourt.
« Il faudrait l'anonymat »
Le fond du problème se situe au niveau de la publication au Journal officiel des parrainages. « Il faudrait préserver l'anonymat », lancent plusieurs élus. Nul doute que dans ces conditions, les « petits » candidats rencontreraient moins de difficultés. À écouter les maires, on sent bien que ce système les gêne. « C'est archaïque voire antidémocratique », exprime par exemple Jean-Marie Chombart, le maire de La Neuville-en-Beine.
D'autres, sans forcément partager les idées du Front national (FN), redoutent la non-participation de Marine Le Pen « alors qu'elle est créditée dans les sondages de 15 à 20 % des intentions de vote ». Pour beaucoup, « la démocratie serait alors bafouée ».
Pour les conseillers généraux, les conseillers régionaux et le député, la donne est différente puisqu'ils ont été élus sous une étiquette politique ; ils n'ont donc pas de scrupules à avoir. Tout l'opposé des maires ruraux, à quelques rares exceptions.
Le conseil constitutionnel saisi
La situation pourrait toutefois évoluer puisque la requête du Front national contestant l'obligation de rendre publics les parrainages d'élus pour concourir à la présidentielle va être transmise au Conseil constitutionnel, a annoncé jeudi le Conseil d'État. Ce dernier a estimé que la question prioritaire de constitutionnalité posée par le parti politique « remplissait les conditions juridiques pour être renvoyée, en vue de son examen, au Conseil constitutionnel ». Les sages doivent statuer avant le 22 février.
CHAUNY / COUCY : DES ELUS MAJORITAIREMENT FRILEUX
Nous avons posé la question suivante à quelques maires des cantons de Chauny et Coucy : « Allez-vous donner votre parrainage ? » Leurs réponses.
  • René Pâris, Abbécourt : « Pour l'instant, je n'ai pas l'intention de donner mon parrainage. C'est un acte difficile pour un maire d'une commune rurale. »
  • André Didier, Amigny-Rouy : « Je l'avais donné à M. Schivardi en 2007 mais cette fois, je ne parrainerai personne. »
  • Francis Garcis, Autreville : « Je ne me suis pas encore décidé mais ça pourrait évoluer. En 2007, je n'avais parrainé aucun candidat. »
  • Marcel Bertholet, Beaumont-en-Beine : « Je vais m'engager en faveur de Philippe Poutou, le candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA). Je donne toujours en faveur d'un petit ; ce n'est pas une opinion politique. »
  • Philippe Géloën, Béthancourt-en-Vaux : « Comme il y a cinq ans, je ne donnerai pas mon parrainage. Il s'agit d'une décision personnelle. »
  • Michel Deccol, Bichancourt : « Sur le principe, je suis contre ; ça devrait être anonyme. Dans les communes rurales, on est apolitiques ; on y tient. »
  • Patrick Laplace, Blérancourt : « J'ai toujours donné à ma famille politique, c'est-à-dire aux radicaux de gauche. Ils en feront ce qu'ils veulent. »
  • Alain Albaric, Caillouël-Crépigny : « Si je dois signer en faveur de quelqu'un, ce sera pour Nicolas Sarkozy. C'est un choix personnel qui n'engage en rien la commune. »
  • Alain Dubois, Caumont : « Je ne donnerai pas mon parrainage. Nous en avons discuté en conseil municipal et je respecte la décision prise. »
  • Marcel Lalonde, Chauny : « Depuis que je suis maire, je n'ai jamais parrainé qui que ce soit. Comme cela, je suis quelqu'un de libre. »
  • François Cukrowski, Commenchon : « Je ne donne à aucun candidat, c'est la neutralité totale. C'est un choix personnel. »
  • Jean-Claude Dumont, Coucy-le-Château : « J'ai décidé de parrainer, de manière logique, Jean-Luc Mélenchon, du Front de gauche. »
  • Denis Cordier, Folembray : « J'ai dit oui à Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République). La philosophie est de donner à un petit candidat sauf le FN. »
  • Alain Dumont, maire de Fresnes-sous-Coucy : « Je vais parrainer Jacques Cheminade, candidat de Solidarité et progrès. Il dit des choses intéressantes. »
  • Nadine Podevin, Guivry : « J'ai choisi de parrainer Nathalie Arthaud, la candidate de Lutte ouvrière. Je devrais signer les papiers prochainement. »
  • Christian Rocher, Marest-Dampcourt : « Je suis sans étiquette donc je resterai sans étiquette. Et comme au sein de mon conseil, il y a des gens de tous bords…»
  • Jean-Marie Chombart, La Neuville-en-Beine : « Comme je suis ni à vendre ni à acheter, je n'ai pas l'intention de signer en faveur de quelqu'un. »
  • Éric Ficheux, Ognes : « Je pense que je vais me prononcer pour Philippe Poutou, le candidat de NPA. »
  • Bernard Pezet, Sinceny : « Même si j'ai mes idées, je n'ai pas d'étiquette politique. Et l'équipe municipale non plus. Donc, je ne répondrai à aucun candidat. »
  • Thierry Lemoine, Trosly-Loire : « Je n'ai jamais donné ma signature ; je ne vais pas commencer cette année. Sur le principe, je suis contre la publication au Journal officiel. »
  • Sylvie Lelong, Ugny-le-Gay : « Comme beaucoup de maires, j'ai reçu beaucoup de sollicitations, mais je ne donne pas suite. »
  • Michel Lacaze, Villequier-Aumont : « Je n'ai jamais parrainé un candidat, car je ne veux pas que l'image de Villequier-Aumont soit associée à untel. »
  • Jean Farez, Viry-Noureuil : « Ici, la tradition veut qu'on ne se prononce pour personne ; je ne vais donc pas commencer. J'ai été élu sur une liste apolitique… »
  • Jean-Luc Lanouilh, conseiller général canton de Chauny : « Mon choix s'est naturellement porté sur Mélenchon, le candidat du Front de gauche. »
TERGNIER / LA FERE : PEU DE SIGNATURES
  • Bernard Lemire, Anguilcourt-le-Sart : « J'ai été sollicité par trois partis, mais je ne donne aucun parrainage. Je ne fais pas de politique dans la commune. »
  • Jacky Vasseur, Beautor : « Je ne donne ma signature à personne. Même s'il peut apparaître injuste pour certains candidats de ne pas recueillir toutes les signatures nécessaires. »
  • Bruno Cocu, Charmes : « Quatre partis politiques m'ont contacté mais je ne parraine personne. Lors des dernières élections municipales, je me suis présenté sans étiquette. Je suis apolitique. »
  • André Bonnave, Condren : « Depuis que je suis maire, je m'en tiens à une ligne de conduite : je ne parraine personne. Au conseil municipal, plusieurs tendances sont représentées… »
  • Gilbert Pottier, Danizy : « Hier matin, j'ai encore été sollicité. J'ai des idées bien arrêtées et je ne donne jamais mon parrainage. Les partis n'ont pas besoin de ma signature. »
  • Charles-Edouard Law de Lauriston, Frières-Faillouël : « Pour l'instant, je ne parraine personne, j'ai une position consensuelle. Il y a des bonnes idées et visions à droite et à gauche. Le clivage est contre-productif. Mais je pourrais donner un parrainage à un démocrate. »
  • Raymond Deneuville, La Fère : « Je ne donnerai pas mon parrainage. Le système actuel n'est pas bon. Marine Le Pen, soi-disant, aurait des problèmes à avoir ses 500 signatures, alors qu'elle ne représente pas loin de 20 % des intentions de vote. Si elle n'était pas au premier tour, cela serait scandaleux. »
  • Guy Paquin, Saint-Gobain : « Quasiment tous les partis m'ont sollicité, mais je donnerai ma signature à François Hollande. Je parraine à chaque élection, par conviction politique. Il faut avoir le courage de ses opinions. »
  • Christian Crohem, Tergnier : « Je donnerai probablement mon parrainage mais je ne me suis pas encore décidé. »
  • Michel Carreau, conseiller général Tergnier : « Je donnerais ma signature à Jean-Luc Mélenchon. Je m'occupe d'ailleurs de collecter les parrainages, chargé par l'association nationale des élus communistes et républicains. »
  • Bernard Bronchain, conseiller régional : « Pour l'instant, je n'ai pas encore reçu les papiers officiels. Je réfléchis encore sur ma décision de parrainer ou non. Les candidats ont de toute façon les soutiens nécessaires. »
Les candidats à la présidentielle à l'assaut des clochers audois.
Le Conseil constitutionnel a rejeté, hier, la demande du Front national relative à l'anonymat des signatures de parrainage à la Présidentielle. Une décision qui laisse donc ouvert le débat sur le sujet. Dans l'Aude, de plus en plus de maires de petites communes font "la grève des parrainages", selon les termes du secrétaire départemental du FN, Robert Morio. Gérard Fabre, maire de la petite commune de Mérial (20 habitants) dans le Pays de Sault témoigne. "J'ai pris mes responsabilités déjà en 2007 en parrainant Le Pen. Ce n'est pas un vote. On détourne le sens du parrainage. Je permets simplement une candidature."
Une nuance que n'ont pas appréciée certains élus locaux en 2007. "J'ai eu des pressions du Département. Les dossiers de subventions prenaient du retard. On a voulu en supprimer d'autres."
Même constat du maire d'Aragon (455 habitants), Bernard Bru qui prendra une décision collégiale avec son conseil. "Je regrette que le maire soit de plus en plus sous la pression des élus, mais aussi des citoyens."
Pression des conseils
La marge de manoeuvre des élus locaux semble se réduire et pas seulement à cause des intercommunalités et du chantage aux subventions. La pression vient parfois de l'intérieur. Jean-François Daraud, responsable départemental du Nouveau centre, rapporte le témoignage d'un maire qui avait donné son parrainage à Madelin en 1995. "Il était prêt à signer pour Morin, mais il a eu pas mal de problèmes au sein de son conseil en 95. Il ne voulait pas revivre ça."
Depuis des mois, les boîtes mails et boîtes postales des petites mairies de l'Aude sont submergées par les demandes comme à Fontiers-Cabardès. Et notamment par de petits candidats, parfois insolites, comme Renaud Camus, du Parti de l'Innocence, ou François Pasquier, de la Monarchie parlementaire.
Mais les élus reçoivent aussi la visite de représentants de candidats comme ceux de Lutte ouvrière. "On a rendu visite à au moins 150 maires, confie Dominique Galonnier. On essaye de faire appel à leur sens civique, mais ça les gêne, car le parrainage est public."
Villeneuvois : Ces maires qui ne sont pas prêts à brader leur parrainage
  • Benjamin Dumortier (Cysoing). « Je suis un peu sceptique sur les difficultés rencontrées par Marine Le Pen. En tout cas, moi je ne lui donnerai jamais ma signature, ses idées ne correspondent pas du tout à mes convictions intimes. Si elle n'est pas présente au premier tour, on peut craindre les réactions de ses électeurs : ils voteront blanc, pourraient descendre dans la rue. Mais ces risques, on peut les circonscrire en s'attaquant aux causes qui font le succès des idées de rejet et d'exclusion (...) Pléthore de candidats m'ont sollicité pour un parrainage, il y en a un qui est venu me voir, Maxime Verner, le candidat des Jeunes de France. Je n'ai pas donné ma signature, mais n'exclue pas de la donner à un candidat pour lequel je n'aurai pas mauvaise conscience. En 2002, je l'avais donnée à Corine Lepage, pour qu'il y ait un représentant des écolos de droite ; en 2007, je voulais la donner à Jean-Pierre Chevénement. mais il s'est désisté. C'était pour... favoriser l'éparpillement des voix à gauche ! ».
  • Ludovic Rempteaux (Cobrieux). « Ça ne me pose pas de problème que Marine Le Pen n'ait pas tous ses parrainages. Après tout, elle n'est pas la seule dans ce cas et d'autres ont fini par jeter l'éponge très récemment. C'est la règle du jeu. Peut-être faudra-t-il la changer à l'avenir, mais en tout cas, ça me paraît difficile de la faire évoluer en cours de partie, actuellement. Ça me gênerait qu'on fasse une exception pour Marine Le Pen, pas en tant que personne, mais en tant que candidate. Dans ce cas, il faudra le faire pour tout le monde, y compris ceux qui sont crédités de 1 % des voix dans les sondages. Personnellement, je ne lui accorderai pas mon parrainage : je l'ai déjà donné à Frédéric Nihous. C'est un chasseur et je suis moi-même administrateur de la fédération des chasseurs du Nord. Et c'est aussi le seul candidat nordiste à la présidence ! »
  • Michel Dufermont (Camphin-en-Pévèle). « Je pense que tout le monde a le droit de se présenter. Si Marine Le Pen n'a pas ses signatures, il faut se poser la question : pourquoi ? Les thèses qu'elle défend sont-elles compatibles avec un esprit républicain ? Ses propos sont-ils tenables ? Y a-t-il eu des pressions sur des maires ? Personnellement, je n'ai jamais été appelé pour ça. je crois surtout qu'elle crie au loup, comme son père, pour faire le buzz. En ce qui me concerne, je ne donne mon parrainage à personne.
  • Bernard Chocraux (Cappelle-en-Pévèle). « J'ai justement en ce moment des personnes dans mon bureau pour une demande de parrainage, ils auront la même réponse que tous les autres : je ne parraine personne ! Nous sommes une municipalité plurielle, il n'est pas question de privilégier une tendance plus qu'une autre. Entre nous, nous n'abordons pas de sujets de politique intérieure... à part la réforme territoriale parce que nous sommes bien obligés ! Mais pour le reste, nous sommes davantage axés sur la gestion du village. Quant à Marine Le Pen, peut-être faudra-t-il revoir la loi, même si j'imagine bien que le seuil des 500 signatures est avant tout fait pour éviter les candidatures farfelues... »
  • Francis Delrue (Baisieux). « J'ai été beaucoup sollicité, mais je ne donnerai pas ma signature. Je ne l'ai jamais fait depuis que je suis maire. Certes, il y a des candidats qui en ont besoin, mais je trouve qu'ils n'apportent rien au débat. Concernant l'absence possible de Marine Le Pen au second tour, le maire de Baisieux estime qu'il y a des règles et qu'elles sont à respecter. C'est aussi ça, être démocrate... ».
  • Dany Wattebled (Lesquin). « Si Marine Le Pen n'a pas ses signatures, oui c'est un problème, c'est antidémocratique. Il y a une forme de connivence entre l'UMP et le PS, c'est une façon de dire : "on n'en veut pas". Enlever 20 % du corps électoral, c'est très embêtant. Il aurait fallu changer la loi avant l'élection, mais sinon, oui, donner un parrainage à Marine Le Pen au nom de la démocratie, c'est une question qui peut se poser. Mais moi j'ai déjà donné le mien à François Bayrou. »
  • Nicolas Lebas (Faches-Thumesnil). « Marine Le Pen bluffe, j'en suis absolument convaincu. Il y a environ 40 000 élus qui peuvent lui donner un parrainage, ce serait bien le diable si elle n'en trouvait pas 500. Si c'est le cas, elle peut s'interroger. La proposition de François Bayrou est l'illustration de sa grande rigueur et son honnêté intellectuelle. Comme Voltaire, il dit : "Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire". C'est admirable, mais cela ne doit pas conduire à tomber dans le jeu de Marine Le Pen.En tout cas, j'exclus complètement de donner mon parrainage à la candidate du Front national. Ce n'est pas du tout mes convictions. En plus, j'ai déjà signé ma promesse pour François Bayrou. Je ne dévie pas de cette posture. C'est la troisième fois que le donne et j'en rendrai compte au conseil municipal avant l'élection. Même si c'est l'un des rares droits intuitu personae, je considère que c'est un devoir d'informer mes collègues et la population. Je serais par exemple favorable à un système de parrainage d'élus mixé avec un parrainage de citoyens. »

samedi 17 mars 2012

Qui parraine qui? (4ème partie)

Le maire de Saint-Servais a fait son choix
Comme il l'avait fait pour les deux dernières élections présidentielles, le maire de Saint-Servais (29), près de Landivisiau, Laurent Mazurié, comptait à nouveau tirer au sort, en public, son parrainage. Mais vendredi, le Conseil constitutionnel a averti le maire qu'un parrainage de candidat à la présidentielle décidé après tirage au sort ne serait pas valide.
Hier matin, Laurent Mazurié a glissé son parrainage dans l'enveloppe adressée au Conseilconstitutionnel. A-t-il tiré au sort? Qui a-t-il parrainé? «J'ai fait mon choix et je ne l'ai pas effectué par un tirage au sort en public, comme le stipule le Conseil constitutionnel», veut-il tout juste bienconfier.
On devine cependant que le maire de Saint-Servais a donné son parrainage à «un petit candidat» qui pourrait rencontrer des difficultés à obtenir ses 500 signatures. «Il faut que toutes les sensibilités puissent s'exprimer», explique ainsi Laurent Mazurié, qui reconnaît avoir «écarté les cinq principaux candidats: Sarkozy, Hollande, Bayrou, Le Pen et Melenchon». Par tirage au sort, le maire avait parrainé Christine Boutin, en 2002, et Olivier Besancenot, en 2007.
L'élu finistérien ne pensait pas que son intention de tirer au sort aurait provoqué un tel emballement médiatique. «Mais si cela peut, à présent, être l'occasion de réfléchir pour modifier le système de parrainage. C'est tout de même regrettable que les petites sensibilités ne puissent pas être représentées car elles n'ont pas leurs 500 signatures. C'est dommage que ces candidats consacrent leur temps à rechercher les 500 parrainages. Mais en même temps, il ne faudrait pas, non plus, qu'il y ait 40 ou 50 candidats comme dans certains pays».
Présidentielle : les maires des villages pas très motivés pour les parrainages
Alain Pédegert, maire d'Arnos, est indécis comme bon nombre de ses collègues. © marc zirnheld
C'est hier que les formulaires de parrainages des prétendants à l'élection présidentielle ont été adressés aux édiles, parlementaires, députés européens, conseillers régionaux et présidents de communautés de communes et d'agglos, notamment. Les maires représentent le gros de la troupe, soit 36 000 des 42 000 élus habilités à donner leur signature. Dans les petites bourgades du Béarn, on ne se bouscule pas au portillon !
A Tabaille-Usquain (canton de Sauveterre), le premier magistrat de ce village d'une cinquantaine d'habitants, Germain Sallenave, explique pourquoi il ne donnera sa bénédiction à aucun parti en quête des 500 signatures indispensables pour accéder au scrutin: «Je suis élu depuis 1971. Je n'ai parrainé qu'une seule fois une formation politique. C'était le RPR. J'ignorais que les signatures n'étaient pas protégées par l'anonymat. J'ai décidé de ne plus signer. Pour personne. J'en ai avisé le conseil municipal formé de gens de droite et de gauche. La politique partisane n'a pas sa place dans la gestion d'une petite collectivité. Nous devons travailler tous ensemble, nous rassembler plutôt que nous opposer. De nombreux collègues sur le canton disent la même chose ».
On évite de parler politique
Même son de cloche à Pouliacq (canton de Thèze), la plus petite localité du département qui compte moins de 40 autochtones. L'édile, Pierre Dupouy-Bas, élu depuis 2008 après trois mandats d'adjoint et de conseiller, a décidé lui aussi en son âme et conscience de taper en touche: « Je n'en ai pas parlé à l'assemblée communale. J'ai pris seul ma décision de préserver mon indépendance vis-à-vis des partis traditionnels et des petites formations qui sollicitent les parrainages ». En indiquant au passage qu'il aurait plutôt une sensibilité de droite, il n'en souligne pas moins sa détermination « à ne jamais parler de politique au sein du conseil municipal ».
Et de confier par ailleurs: « Je n'ai pas à affirmer de tendance. Les maires des petites communes ne sont pas des grands politiciens. Moi-même je suis bien incapable de dire qui mettra la France dans la bonne direction ». Charles Pélanne, maire de Mont-Disse (76 âmes), et conseiller général de Garlin présidant l'intercommunalité, qui s'était engagé sous la bannière du Nouveau Centre d'Hervé Morin, lequel a retiré sa candidature, est pour sa part dans une expectative dont il ne voit guère l'issue. S'il a signé lors de ses deux derniers mandats pour François Bayrou, il ne partage plus aujourd'hui, laisse-t-il entendre, les mêmes engagements sur certaines questions. « A priori, je ne parraine personne », observe-t-il.
Indécision et coups de pouce
C'est aussi l'indécision qui pousse Alain Pédegert, premier magistrat d'Arnos (68 habitants), dans la canton d'Arthez, à ne pas accorder sa signature. Pour autant, il estime: « Un parrainage ne traduirait pas forcément mes convictions ». En clair, les grands partis sont assurés d'obtenir les 500 feux verts. Alors pourquoi prêter aux riches ? « Encourager l'expression démocratique et républicaine », c'est au demeurant ce qui motive Nathalie Irigoyen, qui s'occupe des destinées des 63 administrés souletins d'Etchebar (canton de Tardets).
Lors de son premier mandat, elle avait donné un coup de pouce à Gérard Schivardi, l'artisan-maçon audois. Cette fois-ci, elle apporte son soutien au NPA (nouveau parti anti-capitaliste). Au total, des sensibilités tout en nuances !
Sur le bureau du maire de Villeneuve d’Olmes Gérald Sgobbo, les sollicitations par courrier de candidats en recherche de leurs parrainages commencent déjà à s’amonceler. Et il n’est pas le seul dans ce cas.
Cela va du plus sérieux au plus fantaisiste: Yahia Gouasni (du Parti des antisionistes), au RLF de Jean-François Dole «Ensemble redressons la France», au Modem, en passant par Nicolas Dupont-Aignan, Corinne Lepage ou encore le Parti des Chasseurs.
«Nous avons aussi été sollicités par téléphone» précise le premier magistrat (non encarté) qui pour le moment n’a encore reçu personne.
Pour les petits partis, la chasse aux signatures peut s’avérer très compliquée.
Le conseil constitutionnel se penche en ce moment sur le sujet (à la demande de Marine Le Pen). Et les sages doivent se prononcer avant le 22 février.
Il y a en ligne de mire la question de l’anonymat des élus qui donnent leurs signatures.
Des pressions que pourraient subir les maires suite à un parrainage?
Le scénario n’est pas de la science fiction selon Gérald Sgobbo, «c’est vrai qu’au niveau d’un département, le fait de pas appartenir à une mouvance globale, ça peut rendre les choses compliquées.
Sur une petite commune, la pression peut s’exercer sur des choses très simples, comme un chapiteau qui n’est plus prêté pour la fête du village, ou un service auquel on n'accède plus»
Dans un des plus hauts villages du département, l’Hospitalet-près-l’Andorre (une centaine d’habitants), le maire Arnaud Diaz se dit prêt à parrainer un candidat, «si je reçois des choses intéressantes»
Mais par rapport à l’anonymat, «peut-être que des pressions peuvent exister» explique celui qui est par ailleurs non encarté, «mais il faut avoir le courage d’assumer ses intentions.
Et s’il y a ensuite des blocages aux subventions, il faut le crier haut et fort. C’est ça la démocratie, de ne pas faire les choses cachés !»
Tous ne sont évidemment pas de cet avis. Un des partis dont les militants sillonnent minutieusement le département en ce moment est le Front National.
Deux équipes ont déjà effectué une centaine de visites.
«Nous nous sommes heurtés à des «non» catégoriques !» résume en colère Thérèse Alliot (du Front National de l’Ariège), «certains nous disent qu’ils ne partagent pas nos idées, ce qui est tout à fait respectable.
D’autres nous expliquent très clairement qu’ils ont peur de perdre des subventions»
Le Front National n’a pour le moment obtenu aucune promesse de parrainage dans le département.
«Ça ne serait pas si difficile si l’anonymat existait» se plaint Thérèse Alliot, qui se remémore un évènement déjà vieux de 10 ans.
En 2002, le Front National avait obtenu une seule signature en Ariège, celle du maire de Besset de l’époque.
De quoi aboutir sur une belle polémique, et sur la démission de 5 conseillers municipaux dans la foulée.
Le NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste, pour Philippe Poutou) est aussi dans les starting blocks.
Laurent Marty (membre de la direction locale) résume: «nous avons fait la moitié des cantons»
Les visites se poursuivront ce week-end. Le butin est déjà précieux: 11 près-promesses de parrainages, «c’est plus que lors de la dernière élection»
«On travaille tous, donc on fait ça le week-end ou après le travail» raconte Laurent Marty, «en général, on est très bien reçu»
Des pressions sur les élus? «Je pense que ça peut exister. Un maire nous a raconté qu’en 1981, il avait donné sa signature à l’extrême gauche et que tout le village lui était tombé dessus.
Mais nous pensons que ce n’est pas aux maires de faire ça. Nous proposons un système de parrainages citoyens.
50 000 ou 100 000 citoyens pourraient parrainer eux-mêmes les candidats. Cela permettrait tout de même d’avoir un écrémage des mouvements trop marginaux»
En Ariège, le maire de Loubaut Ramon Bordallo (sur le canton du Mas d’Azil) a pris le taureau par les cornes.
Il a réuni l’ensemble du village (17 foyers) pour prendre cette décision, «c’est le maire qui signe, mais il représente avant tout les gens de sa commune. Ça m’a paru important de les consulter»
Un vote a donc eu lieu, «pour permettre à des petits partis de se présenter. Entre le Parti de la décroissance et le NPA, c’est le NPA qui a été choisi»
A la base, le système des parrainages a été instauré pour éviter la multiplication des candidatures fantaisistes.
Lors des trois premières élections présidentielles faites au suffrage universel (1965, 1969 et 1974) le parrainage de 100 élus était exigé.
Mais ce système n’ayant pas empêché la multiplication des candidatures, une réforme adoptée en 1976 a porté ce nombre à 500.
C’est aussi depuis cette date que la loi impose que les noms des élus parrainant un candidat soient rendus publics.
Et pour éviter les candidatures liées à la défenses d’intérêt purement locaux, les parrainages doivent venir d’au moins 30 départements ou collectivités d’outre-mer différents.
Au Congrès des maires de France, qui s'est ouvert ce mardi, les élus témoignent de la course aux 500 signatures des petits candidats à l'Elysée...
«Je suis maire depuis trois ans, mais avant j’étais conseillère municipale. Ca change tout d’être la «cible», on ne s’en rend pas compte quand on n’est que conseiller!», témoigne Danielle Goyet, maire de Sainte-Hélène-sur-Isère (Savoie). A quelques mois de la présidentielle, la saison de la chasse au parrainage s’est ouverte pour les candidats à la présidence de la République, et surtout pour les plus petits d’entre eux.
Au 94e Congrès des maires de France, à Paris, environ 7.000 élus se retrouvent jusqu’au 24 novembre. L’endroit idéal pour les petits candidats qui veulent «draguer» les maires, même si les premières demandes de parrainage sont parties depuis longtemps. «Ca a commencé avant l’été, d’abord par mail puis par courrier: les représentants des candidats nous demandent de réserver la signature magique», explique Daniel Level, maire de Fourqueux (Yvelines). Selon les maires, la plupart des petits candidats ont commencé à se manifester dès le printemps. Les demandes de parrainage les plus précoces ont même débuté il y a plus d’un an!
«Ce n’est pas que des âneries»
Qui sont ces petits candidats? On en connaît certains: Christine Boutin, Nicolas Dupont-Aignan, etc. Mais la plupart sont complètement inconnus des élus. «Ce sont des gens que je ne connais pas, de toutes tendances, de tous âges», poursuit Daniel Level. La maire de Sainte-Hélène-sur-Isère abonde: «Pour certains candidats, on se demande: ça existe ce parti? Je lis la plupart de ce qu’ils envoient, il y a souvent des idées justes, ce n’est pas que des âneries», reconnaît-elle. Anne Roger, maire de Fanlac (Dordogne), village de moins de 200 habitants, a la même expérience: «Il y a tout et n’importe quoi, des petits partis connus depuis longtemps ou bien des inconnus avec un projet farfelu.»
Le nombre de ces petits candidats est dur à évaluer, mais une chose est sûre: ils sont nombreux. Même les élus des plus petits villages reçoivent plusieurs demandes de parrainage. «Pour l’instant, j’en suis à une petite dizaine», juge le maire de Fourqueux, qui poursuit: «Il y a de plus en plus de candidats, je le vois depuis 1995 où j’étais adjoint au maire. A cette époque, je n’avais vraiment pas l’impression qu’il y en avait autant.» Maurice Jechoux, maire d’Aumontzey (Vosges), est plus tranchant: «Il y a pléthore de candidats, ça n’est pas sérieux», estime le maire, qui n’offrira son parrainage à personne. «Il y a suffisamment d’élus qui donnent leur signature!»
«Il y en avait trois à l’entrée, je les ai esquivés!»
Ce qui est sûr, c’est que pour obtenir ce parrainage, il faut bien se présenter. Les élus attachent une grande importance à la politesse des candidats ou de leurs représentants, et la plupart des maires n’ont d’ailleurs pas à se plaindre d’incorrections. Même si les conflits peuvent apparaître. «Certains petits candidats veulent une signature tout de suite, sans nous laisser le temps de réfléchir», regrette Bernard Broisin-Doutaz, maire de Glos (Calvados), qui raconte s’être même déjà «fâché». «Parfois les demandes se font par téléphone, même sur le portable, et ça peut carrément devenir du harcèlement: le représentant d’un petit candidat m’appelait deux fois par semaine, pour me relancer. A la fin je lui ai dit: arrêtez!»
Quant aux petits partis qui font l’effort de venir draguer l’élu au Congrès des maires de France, ils ne sont pas forcément mieux vus. «Les représentants des candidats présents à l’entrée, je trouve ça assez choquant. Ils distribuent plein de tracts que les gens jettent, c’est du gaspillage!», juge Bernard Broisin-Doutaz. Maurice Jechoux, lui, n’y va pas par quatre chemins: «Ce matin il y en avait trois qui attendaient les élus à l’entrée, je les ai esquivés!» sourit-il. «C’est classique, avant chaque présidentielle ils sont là.»
Subissent-ils des pressions ? Referont-ils le même choix cette année ? Les maires des A.-M. qui avaient donné leurs parrainages à la présidentielle de 2007 nous disent tout. Ou presque
Une petite signature, s'il vous plaît Monsieur le maire ! » La date fatidique du vendredi 16 mars approche. À 18 heures précisément, les prétendants à l'élection présidentielle devront avoir en main les fameux cinq cents parrainages qui leur ouvriront les portes du premier tour. Et, pour certains, le compte est loin d'être bon ! Au point que certains ont déjà jeté l'éponge, comme Christine Boutin et Hervé Morin.
Alors, les maires subissent-ils des « pressions » les empêchant de parrainer qui bon leur chante, comme le dénoncent de nombreux - plus ou moins petits - candidats, d'ailleurs déboutés dans leur demande de révision de la procédure par le Conseil constitutionnel en début de semaine dernière ?
Pour tenter de répondre à cette question, nous sommes allés la poser directement aux maires qui, en 2007, avaient accordé leurs parrainages.
En épluchant les cinq cents signatures recueillies à l'époque par les douze candidats en lice au premier tour de la présidentielle, nous avons retrouvé les noms de treize maires azuréens sur les listes officielles de parrainage.
Cela donne un pourcentage de 13,5 % des maires des Alpes-Maritimes dont le choix a officiellement été enregistré par le Conseil constitutionnel. Ce qui ne fait pas lourd*.
Rien ni personne
Seront-ils aussi (peu) nombreux en 2012 ? Il faudra attendre la prochaine publication officielle, le 10 avril, pour le savoir. Quant à la liste officielle des candidats habilités par le Conseil constitutionnel à se présenter à l'élection, elle sera publiée au Journal officiel du lundi 19 mars.
Alors, pression ou pas ? Tous les maires interrogés nous ont assuré que non. Certains, même, s'emportant presque que l'on puisse leur poser la question. « Personne ne pourrait me dicter quoi que ce soit ! », s'insurge par exemple le maire sans étiquette de Villeneuve-d'Entraunes, Jean-Pierre Audibert, qui soutenait Frédéric Nihous en 2007.
À défaut de pression directe, il est toutefois permis de penser que, dans un département très « sarkozyste », de nombreux maires UMP ou apparentés ne souhaitent pas jouer avec le feu et jouent à fond la carte partisane. Histoire d'éviter de se faire taper sur les doigts a posteriori…
Quant à la frilosité de certains maires à accorder leur parrainage à un candidat plus qu'à un autre… ou de faire un choix, disons, décapant, il faut se projeter en 2014. Cette année-là, nombre d'entre eux tenteront de se faire réélire. Et, dans les petites communes, si l'on tient à l'apolitisme des conseils municipaux, on tient aussi et surtout à rester copain-copain avec les citoyens-électeurs !
*On ne parle pas là des autres signataires, comme les députés, sénateurs, conseillers généraux, ou régionaux ou encore députés européens qui, eux aussi, sont habilités à donner leur parrainage.