samedi 17 mars 2012

Qui parraine qui? (3ème partie)

Vous êtes 130 à avoir répondu à notre sondage sur le site (www.lepaysgessien.fr) : Vous paraît-il important de savoir à quel candidat à l'élection présidentielle votre maire accorde-t-il sa signature ? Et vous êtes 71 à avoir répondu "oui".
Pour vous, voici la réponse des maires du Pays de Gex que nous avons pu joindre et qui ont souhaité répondre à nos questions.
Parmi les questions de départ : Avez-vous été approché dans le cadre de demande de parrainage pour l'élection présidentielle ?
Allez-vous donner votre signature à un des candidats ? ; Demandez-vous l'avis de votre équipe municipale avant de prendre une décision ? ; Que pensez-vous de la demande "de signature anonyme" demandée par madame Lepen ?
Du côté des "oui", je parraine :
  • Etienne Blanc, Divonne-les-Bains : le député maire a été "approché" par la quasi-totalité des candidats à l'élection présidentielle mais « étant député UMP, loyal et fidèle au gouvernement de François Fillon, la logique politique fait que j'accorde ma signature à Nicolas Sarkozy ». C'est une décision qu'Etienne Blanc a pris seul, « en tant que maire, on ne peut pas se réfugier dernière sa majorité pour soutenir ou pas un candidat ».
  • François Meylan, Ferney-Voltaire : « J'ai été approché directement par le candidat Jacques Cheminade et j'ai également reçu un délégué de Philippe Poutou. J'ai reçu un courrier de Villepin, de Lepage ». Le maire de Ferney donne toujours sa signature à un candidat, « par habitude, je la donnais à Arlette Laguiller car au moment des élections, elle portait un débat démocratique. Mais parrainer une personne ne veut pas dire voter pour elle... » précise le maire. « Sa remplaçante ne s'est pas présentée, ne m'a pas demandé ma signature ». Mais François Meylan l'a décidé, son parrainage ira à Corinne Lepage. « Je faisais parti avec elle de Cap 21, c'était ma patronne ». Concernant le passage à l'anonymat, François Meylan est contre, « il faut afficher clairement ce que l'on fait, on n'est pas obligé de donner notre signature. Et personnellement, je n'aurai pas donné ma signature à madame Lepen. Essayer de diviser les gens est une erreur. Certains thèmes de l'extrême gauche sont également peu défendables ».
  • Jean-Yves Lapeyrère, Mijoux : un seul candidat a approché le maire de Mijoux en la personne de Jacques Cheminade, « et je lui donnerai ma signature en sachant que mes idées politiques personnelles ne sont pas forcément liées à cette décision » . Pour le maire de Mijoux, c'est la démocratie qui prime, « c'est à nous maire de permettre à ces petits candidats de pouvoir se présenter et ainsi que la démocratie soit respectée. Prenons Marine Lepen, elle représente 20 % des Français, ce serait "républicainement" anormal qu'elle ne puisse pas se présenter ». Jean-Yves Lapeyrère a donc choisi Jacques Cheminade, petit candidat, mais avec qui il partage certaines convictions, « il a des propositions sérieuses comme par exemple déconnecter les banques de dépôts des banques d'investissement ».
  • Jean-Paul Laurenson, Prévessin-Moëns : « On est sollicité tout le temps, par tous les candidats et certaines demandes vont directement à la poubelle. Comme je l'ai annoncé lors de mes voeux à la population, je soutiendrai François Hollande en lui donnant ma signature » . Le maire ne cache pas ses décisions actuelles et passées, « la première fois, je l'ai donnée à Alerte Laguiller puis à Ségolène Royal. Je n'avais pas pour autant voté pour Arlette Laguiller mais je trouvais qu'elle méritait d'être candidate avec son envie de tout changer » . Concernant la demande de Marine Lepen, Jean-Paul Laurenson tranche, « je pense qu'il est tout à fait normal que les parrainages ne soient pas anonymes ».
  • Hubert Bertrand, Saint-Genis-Pouilly : sollicité lui aussi par plusieurs candidats, Hubert Bertrand a « promis sa signature à François Hollande et évidemment, j'ai pris cette décision seul » c'est-à-dire sans en parler avec les élus du conseil municipal.
  • Denis Linglin, Sergy : « On reçoit des demandes en mairie, ca va de Marine Lepen à des tas d'inconnus ! J'ai même eu la demande d'un jeune gamin de 21 ans ». Par contre, pas de Nicolas Sarkozy ou de François Hollande, « mais pour eux, on peut télécharger tout cela sur internet et envoyer ». Denis Linglin a choisi seul, « parce qu'on me le demande » et ce sera François Hollande, « je suis au PS, j'ai organisé les primaires dans ma commune et c'est aussi le seul candidat capable de l'emporter face à Sarkozy ». Concernant la demande de Marine Lepen, Denis Linglin a une toute autre vision, « un peu de transparence ne fait jamais de mal. Mais ce système français est un peu bizarre ». Denis Linglin pense en effet qu'il faudrait que le seuil du nombre de signature soit plus élevé pour avoir moins de candidat et il voudrait un peu plus de proportionnelle, "à la Suisse". « Par exemple, si Marine Lepen a 10 % des voix, on lui donne un poste ministériel sur les dix ».
  • Gérald Dentinger, Thoiry : Pour le maire de la commune de Thoiry, le choix est fait et ce sera le président Nicolas Sarkozy. C'est une décision personnelle, « le conseil municipal est apolitique. C'est mon idée personnelle et je ne me cache pas ».
  • Gérald Dentinger est d'ailleurs étonné du nombre de demande qu'il a reçu mais surtout le fait que ces demandes soient faites par « d'illustres inconnus. Quand on voit les candidatures que l'on reçoit, on se demande s'ils savent ce qu'est un candidat, s'ils se rendent compte de ce qu'est la fonction présidentielle ».
  • Franck Hedrich, Versonnex : « J'ai en effet été approché par plusieurs candidats et certaines demandes, c'est à la poubelle directement ». Franck Hedrich donnera son parrainage à Eva Joly, « c'est une décision personnelle mais je n'ai rien à cacher ». Concernant la demande de Marine Lepen, « je trouve cela déplacé. Si quelqu'un veut donner sa signature à madame Lepen, il faut assumer ».
Du côté des "oui mais je ne vous dirai pas pour qui"
  • Christophe Bouvier, Cessy : « J'ai déjà été contacté par une dizaine de candidats. Pour moi, les choses sont très claires : oui, je donnerais mon parrainage à un candidat, mais ce sera l'ensemble des élus du conseil municipal qui choisiront lors du prochain conseil » .
  • André Duparc, Collonges : Pour le maire de Collonges, rien n'est encore décidé malgré les demandes qu'il a déjà reçu des plus "petits" candidats au plus "importants". « Je pense que je donnerai ma signature, je le ferai en fonction de mes convictions mais j'attends car pour l'instant, des candidats se désistent (Hervé Morin et Christine Boutin, ndrl) et je pense que d'autres vont sûrement suivre ». Pour le maire de Collonges, parrainer un candidat sera une première, « les candidats importants n'auront aucun problème pour avoir des parrainages donc je verrai pour un petit candidat ».
  • Gabriel Robez, Lélex : « Trois candidats m'ont demandé de les parrainer. Je donnerais ma signature... mais pas à ces trois-là, j'attends qu'un autre me contacte, que je ne nommerai pas, car j'ai besoin de tout le monde ici donc je souhaite conserver l'anonymat, mais tout le monde connaît mes convictions politiques. Je prendrais cette décision seule, mais je peux d'ores et déjà vous assurer que l'ensemble du conseil municipal sera d'accord avec mon choix ».
  • Martial Santina, Vesancy : le maire donnera bien sa signature mais à qui ? « Je ne vous le dirai pas... » Du côté des "non" Bernard Tardy, Echenevex : « On reçoit des mails ou des courriers des différents candidats. Je ne donne pas ma signature » dira le maire sans rien ajouter de plus.
  • Gérard Paoli, Gex : « Je n'apprécie pas du tout ce système de signature. Je trouve que tous les candidats devraient pouvoir se présenter » assure le maire de Gex. Mais dans ce cas, des "centaines" de candidats pourraient se présenter aux élections présidentielles ? « Non, car à partir du moment où la campagne est lancée, cela a un coût financier et ce dernier limiterait de lui-même les candidatures ». Contre le système et donc, « je ne donne jamais ma signature ».
  • Jean-Pierre Mossiere, Grilly : « Ils ont été une dizaine à me contacter, tout le monde appelle en mairie ! Je ne donnerais ma signature à personne, il y en a beaucoup trop ! ».
  • Jean-Michel Guette, Segny : « Plusieurs candidats m'ont déjà approché à ce jour, mais je ne donnerais ma signature à personne, je tiens à garder ma neutralité, et je pense notamment qu'une petite commune a besoin de l'appui des politiciens de tous bords. Quand à l'anonymat des parrainages, très honnêtement, je n'ai pas d'avis sur la question ».
Les «agents rabatteurs» battent la campagne pour récupérer les 500 signatures nécessaires aux candidats à l'élection présidentielle.
Ils habitent dans des vignobles en Gironde ou sur la terre métallurgique de Haute-Marne, en pays de Coutances dans la Manche ou sur les terres modérées de la Mayenne, dans le Giunssani en Haute-Corse, sur le massif du Luberon, en Soule ou sur le plateau de Millevaches, cher à Jacques Chirac. Certains sont agriculteurs, d'autres employés, instituteurs ou aubergistes, retraités ou médecins. Toutes et tous sont à la tête de communes souvent petites et parfois microscopiques: une poignée d'habitants, 100, 200, 300, installés depuis toujours sur quelques hectares.
Depuis des semaines, parfois des mois, ces maires sont dans la ligne de mire des «agents rabatteurs» des candidats à l'élection présidentielle. Et la pression ne va pas aller diminuant, surtout de la part des «petits» candidats, pour lesquels cette chasse constitue tous les cinq ans une quête parfois désespérée. Ils doivent réunir, avant le 16 mars, la signature de cinq cents élus qui acceptent de les parrainer. De les «présenter» comme le dit le formulaire officiel. Pour pallier les désistements de dernière seconde, au moment où il faudra pour de bon signer le papier officiel, il leur faut obtenir au moins sept cents promesses de signatures dans les deux prochains mois. L'agacement est donc perceptible chez certains maires.
«Cela devient du harcèlement» souligne ainsi Nathalie Irigoyen à Etchebar (Pyrénées-Atlantiques), qui a failli refuser la communication téléphonique du Figaro, croyant qu'il s'agissait d'une nouvelle demande de parrainage. «Ils vont jusqu'à sonner à la porte de mon domicile le dimanche. Aucun barrage possible. Pour le téléphone, j'ai donné des consignes aux enfants…» dit-elle. La maire d'Etchebar a soutenu Gérard Schivardi en 2007. Cette année, son indécision pousse les représentants des partis à forcer la porte…
Les champions de ce démarchage pourraient bien être ceux de Lutte ouvrière (LO), qui envoie ses militants zélés au contact direct des élus plutôt que d'appeler ou d'envoyer une simple documentation. La représentante du parti trotskiste - historiquement lié à l'image d'Arlette Laguiller et désormais représenté par Nathalie Arthaud - est ainsi passée à Bérou-la-Mulotière (Eure-et-Loir)… dès le premier trimestre 2011. La maire Catherine Croibier, comme beaucoup, se dit «sans étiquette» mais elle a été séduite par la démarche de la militante «venue avec le sourire, sans tenir de discours politique, avec la seule envie de me convaincre de soutenir sa candidate…» et a donné sa promesse. À Broye-les-Loups-et-Verfontaine (Haute-Saône), Michel Boirin défend lui aussi la présence des petits candidats dans le débat et chez lui, «premier venu, premier servi.» Histoire de ne plus y penser. Ce sera aussi Nathalie Arthaud.
Outre la pression des partis, les élus doivent parfois subir celle de leurs administrés, lorsque l'image du candidat qu'ils parrainent est lourde à porter. C'est surtout depuis 2002 et l'arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour que la polémique fait rage. D'où une demande récurrente d'anonymat, de la part de Marine Le Pen mais aussi de Christine Boutin. Actuellement, le Conseil constitutionnel (lire ci-dessous) publie au Journal officiel cinq cents noms tirés au sort parmi les parrains. La liste est disponible sur Internet et les maires ont souvent les honneurs de la presse locale… avec des conséquences parfois inattendues. Élisabeth Clobourse à Coupru (Aisne), une des rares femmes maires à avoir soutenu Jean-Marie Le Pen en 2007 - elles furent quinze -, s'est ainsi vu affubler du surnom d'«Arlette» pendant longtemps pour avoir soutenu Laguiller en 2002. Et elle déplore s'être fait «agresser verbalement». De quoi hésiter cette année. Annick Ernoux, à La Lande-sur-Eure (Orne), a jeté l'éponge. Elle ne soutiendra pas Marine Le Pen, lasse des commentaires: «Il n'est pas normal que ce soit public.», dit-elle. Et puis comme Pierre Boulanger à Menarmont (Vosges), parrain de Jean-Marie Le Pen en 2007 et qui a voté Ségolène Royal au second tour, «vu la politique aujourd'hui, la crise et la corruption, ça ne donne pas envie».
Il faut avoir de la force de conviction pour soutenir les candidats typés. Dans le Jura, Luc Béjean, maire de Monteplain, affirme qu'il «surprend» ses collègues des communes voisines par ses longues années de militantisme au Front national, qui ne semble pas coller à son esprit «ouvert à tous». «Les pressions, dit ce père de quatre enfants marié à une institutrice, je les ai eues jeune. Aujourd'hui, mon travail témoigne pour moi et puis Marine Le Pen est dédiabolisée, on m'en parle très librement.» Fort aussi de ses convictions, Claude Fourquet, à Pomps (Pyrénées-Atlantiques), est socialiste mais a soutenu Olivier Besancenot en 2007 et signera en 2012 «sans doute encore pour un petit candidat». La pression est venue chez lui du PS, par un courrier invitant les élus à «bien réfléchir» avant de parrainer un autre candidat que François Hollande, «pour éviter le triste épisode de 2002».
Maire de Buoux dans le Vaucluse, Jean-Alain Cayla n'a pas hésité ni eu à défendre son choix en 2007 de parrainer Olivier Besancenot. Car le facteur qui travaille à Neuilly possède aussi sa petite résidence secondaire dans le Luberon, voisine de Buoux. «Il vient chaque été, il est très sympa…» Un lien affectif qui a aussi aidé Maurice Bello, maire de Molring en Moselle à faire un choix en faveur de Nicolas Dupont-Aignan. «J'ai fait 200 km pour le voir, cet homme-là, un gaulliste qui sait qu'on est dans une sacrée merde! Eh bien il m'a écrit une lettre après, et de sa main encore…» Parrain gagné…
Côtes-d'Armor: quel candidat à la présidentielle votre maire parraine-t-il?
Nous avons interrogé tous les élus du département habilités à parrainer un candidat.
Un système contesté
« Avez-vous été sollicité par des candidats à la présidentielle ? Avez-vous l'intention d'en parrainer un et, si oui, lequel ? » Nos rédactions ont appelé les maires des 373 communes du département pour leur poser ces questions. Questions simples pour les journalistes, réponses difficiles pour les maires, nombreux à juger encombrant ce pouvoir qui leur est conféré car les mettant en porte-à-faux vis-à-vis de leurs équipes municipales et de leurs administrés. Ils dénoncent un système « peu lisible », « mal compris », anonyme pour ceux dont les noms ne sortent pas au tirage au sort, mais pas pour d'autres. Certains maires, à leur 3e ou 4e mandat, ne parraineront jamais un candidat. C'est le cas de René Ropartz (Saint-Michel-en-Grève), Jean Nicolas (Louannec), Jean-Yves Guillemot (Saint-Bihy) pour qui ces parrainages ne « devraient même pas exister ».
Que montre notre enquête ?
Dans leur majorité (53 %) les maires sont décidés à ne pas utiliser leur droit de parrainage. 15 % hésitaient encore, ou ne souhaitaient pas dire ce qu'ils feraient lorsque nous les avons appelés ces derniers jours. Ceux-là ont jusqu'à demain 16 mars pour remplir le formulaire de parrainage que leur a adressé la préfecture. 32 % des maires annoncent donc clairement qu'ils soutiennent un candidat et disent lequel.
Hollande creuse l'écart
Dans ce département très rose, on ne s'étonnera pas du fait que 18 % des maires parrainent Hollande. Son suivant immédiat, Bayrou, est à moins de 5 %, Mélenchon et Arthaud à un peu moins de 3 %. Sarkozy n'obtient que 4 parrainages en Côtes-d'Armor. Même dans un département de gauche, ce soutien au président sortant apparaît très faible. Quand on se concentre sur les parrainages accordés et revendiqués par les maires, Hollande recueille près de 58 % des signatures, Bayrou 15 %, Mélenchon 9 %, Arthaud 8 %, Sarkozy 3 % etc. Villepin, Dupont-Aignan et Le Pen décrochent chacun un unique parrainage.
Hollande est donc largement en tête, et c'est sans compter sur de très nombreux maires qui nous ont dit qu'ils le soutenaient sans lui donner leur signature « dont il n'a nullement besoin ».
Collectif
Beaucoup de maires donnent leur signature après accord de leur conseil municipal. Mais l'inverse est également possible « C'est en conseil municipal que nous avons pris la décision de ne pas parrainer », confie Eric Rault (Quintenic). Plusieurs maires choisissent donc ainsi de ne pas gérer seul le « casse-tête » du parrainage en assumant collectivement la décision prise.
Dans les villes
Comportement sans surprise des maires des principales villes, en cohérence avec leurs engagements politiques. Bruno Joncour (Saint-Brieuc), fidèle du chef du MoDem, signe naturellement pour Bayrou ; René Benoît (UMP, Dinan) pour Sarkozy. Dans les « villes roses », les socialistes Christian Marquet (Lannion), Annie Le Houerou (Guingamp), Loïc Cauret (Lamballe), parrainent Hollande. À Paimpol, Jean-Yves de Chaisemartin (Parti radical valoisien) croyait à une candidature du leader de son parti. Borloo ayant jeté l'éponge, il signe « à titre personnel » pour Bayrou, « le plus proche de mes convictions ». Gérard Huet (sans étiquette, Loudéac) ne parraine personne.
Une géographie des parrainages
Notre carte le montre, c'est dans le nord ouest du département (de l'agglomération de Saint-Brieuc, au Trégor en passant par le Goëlo et Guingamp) qu'Hollande ramasse le plus de signatures. Sarkozy obtient les siennes à l'est.
Dans les petites communes, en zones rurales, les maires sont moins disposés à jouer le jeu.

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