vendredi 27 avril 2012

Le chant du cygne.


« D’après la légende, un cygne muet, sentant venir sa mort, chanta pour la première fois une mélodie de la manière la plus merveilleuse qu’il soit. »
« Le chant du cygne (expression d’origine grecque) désigne la plus belle et dernière chose réalisée par quelqu’un avant de mourir. En art, il s'agit donc de la dernière œuvre remarquable d’un poète ou d’un artiste. »
« L'expression, "le chant du cygne", qui nous vient de la plus haute antiquité grecque, est toujours utilisée pour désigner, par exemple, un discours ou un récital d'adieu. Dans la bouche de Socrate, elle prend une valeur sacrée. Représentons-nous ce sage dans sa prison d'Athènes, où il vient d'apprendre qu'il est condamné à mort pour impiété. Les amis qui l'entourent aimeraient bien l'entendre une dernière fois parler de la connaissance de soi et de l'immortalité de l'âme, mais ils n'osent pas le lui demander, de peur de l'importuner dans ses derniers instants. »
Son altesse électorale Napoléon Sarkozy, quinquennarque en fin de règne n'a pas fini de nous surprendre. Après avoir livré aux français une campagne qu'on aurait pu situer géographiquement au-dessus des Açores (comme l'anti-cyclone de même nom) faite de belles phrases creuses, de langue de bois et de propositions brumeuses, le tout entrecoupé de piques vers ses adversaires qui avaient le mérite de n'apporter de l'eau à aucun moulin, le petit Nicolas s'est emparé d'un symbole pour nous en faire une soupe à l'embrouille.
Dans les rues de Cologne, les spectateurs du carnaval ont vu passer un drôle de char, représentant Nicolas Sarkozy, habillé en Napoléon, sur l'opulente poitrine d'Angela Merkel, dont le bras porte un tatouage en forme de cœur au nom de « Merkozy ».
Le Premier mai :
  1. « La Fête du Travail, (ou Fête des travailleurs) célébrée dans de nombreux pays du monde pendant la journée du 1er mai porte les revendications sociales du travail. L'origine de cette célébration serait liée à la fois au mouvement syndical lancé le 1er mai 1886 en faveur de l'instauration de la journée de huit heures aux États-Unis et qui culmina avec le massacre de Haymarket Square de Chicago ainsi qu'en France, à la fusillade de Fourmies de 1891 au cours de laquelle l'armée tire sur des grèvistes pacifistes. Depuis lors, la Fête du Travail est déclinée dans de nombreux pays, avec des variantes et des noms divers. »
  2. « le 1er mai 1561, le roi Charles IX de France initie cette tradition : ayant reçu à cette date un brin de muguet en guise de porte-bonheur, il décida d'en offrir chaque année aux dames de la cour ; c'est au début du XXe siècle que cette tradition se confond avec celle de la Fête du Travail, supplantant alors l'églantine rouge, symbole de la Gauche. »
Monsieur le Président vient de s'apercevoir que le 1er mai va bientôt arriver et qu'il pourrait en profiter pour marquer les esprits par une des ces formules malheureuses qui ferait plaisir à tout le monde. Le premier mai, traditionnellement chômé, est la fête du travail. Enfin, pour ceux qui en ont, ce qui a de plus en plus tendance à se faire rare, surtout lorsqu'on écoute les informations. Pour une journée de fête du travail, il en reste 364 autres réservées au chômage, aux licenciements, aux délocalisations, aux faillites et autres effets de la crise et de la mondialisation, les deux fournisseurs officiels des jeux olympiques du capitalisme.
Bien sûr, il ne fallait pas s'attendre à voir monsieur le Président, accompagné à la guitare par son épouse, vendre des brins de muguets sur les pavés de la place de la Bastille avec son nouvel ami Mélenchon ou faire la démonstration de sa mauvaise foi en se réconciliant, in extremis (sans jeu de mot, quoique...) avec les syndicats avec lesquels ils pourrait négocier, ce qu'il n'avait encore jamais fait jusque là. Alors monsieur le Président a eu l'idée du siècle (mais on ne sait pas lequel) : fêter le travail et, mieux encore, le vrai travail.
C'est quoi d'abord le "vrai travail"?
« Selon le président sortant, candidat de l'UMP, le rassemblement sur le Champ-de-Mars s'adresse à "ceux qui travaillent dur, ceux qui sont exposés, qui souffrent, et qui ne veulent plus que quand on ne travaille pas on puisse gagner plus que quand on travaille". "Le vrai travail, ça veut dire les gens qui prennent leur voiture le matin pour se rendre dans leurs entreprises, leurs usines, leurs exploitations, qui travaillent toute la journée, rentrent le soir et ont encore mille choses à faire pour leur famille, pour eux-mêmes, pour gérer leur foyer. C'est la différence avec ceux qui vivent des revenus de l'assistance" à qui "nous voulons demander des contreparties", a précisé le ministre UMP Bruno Le Maire. Une définition qui se garde bien de préciser ce que serait le "faux travail". Mais qui, du coup, stigmatise tous ceux qui ne travaillent pas. Autrement dit, les chômeurs. Même si la plupart d'entre eux perçoivent un revenu issu de l'assurance et non de l'assistance. »
Il est permis de se demander si les intentions de monsieur le Président (aussi appelé : Président sortant, Président-candidat ou encore candidat-Président) ne relèvent pas de cette affection dont souffre déjà Jacques Chirac, à savoir l'anosognosie, d'une mauvaise foi dont il a régulièrement fait la démonstration durant ces cinq dernières années, ou d'un manque total d'imagination. Or, souvenons-nous que dès le début de sa campagne électorale, Nicolas Sarkozy avait déclaré qu'il ne lui restait que 60 jours pour convaincre les français et que chacun serait occupé par un événement. « Je vais occuper tout l'espace médiatique ! » avait-il alors précisé. Cette histoire de célébrer la fête du travail, qu'il soit vrai ou non, ne serait donc qu'un prétexte pour occuper cet espace.
Il existe une petite subtilité que le monde de la politique connaît bien pour l'utiliser très régulièrement : la multiplication médiatique. La recette en est très simple et peut s'adapter à toutes les situations possibles :
  1. Créez un événement A .
    Faites un déclaration à un journaliste, de préférence sur un sujet épineux (l'identité nationale, la laïcité, l'Islam, la fête du vrai travail) et laissez vos adversaires s'en emparer.
    Vous pouvez aussi promettre que vous ferez des choses que vous aviez toujours refusé de faire jusque là (redonner la parole aux français) ou vous approprier des idées de vos adversaires (le plafonnement des salaires ou la présomption de légitime défense).
    Vous pouvez également faire une apparition sur un plateau de télévision avec un gilet qui comporte un motif qui ressemble à s'y méprendre à une feuille de cannabis.
    Il ne faut pas perdre de vue que cet événement A doit faire polémique. (Les campagnes électorales sont tellement âpres que dire « Il pleut ! » peut devenir un sujet de discorde voire de guerre civile.)
  2. Réfutez cet événement A de toutes vos forces. Une fois que vous avez réussi à faire votre petit effet et que toutes les catégories socioprofessionnelles que vous aviez visé se sont exprimées, vous nierez avoir dit quoique ce soit.
    Si vous avez un peu de talent, vous pourrez enfoncer le clou, comme le dit l'expression populaire, en répétant mot pour mot ce qu'on vous reproche d'avoir dit en précisant que vous ne l'avez jamais dit.
    Et si vous êtes un virtuose de la rhétorique, vous pouvez pousser le bouchon encore plus loin en expliquant dans le détail les propos que vous prétendez n'avoir jamais prononcés. Dans le même ordre d'idée, après être apparu avec votre feuille de cannabis dans le dos, vous pourrez faire toutes sortes de mensonges.
  3. Une variante très prisée de nos politiciens consiste à affirmer l'exact contraire de la déclaration initiale à quelques jours d'intervalle avec la même conviction. L'exploit, dans ce cas, consiste à faire endosser la première version à son adversaire, à l'accuser publiquement et le blâmer. Cela, entre autres avantages, relancera la machine une fois de plus.
Feuille d'érable japonais.
Feuille de cannabis.
Comme vous le constatez, si vous choisissez avec soin vos sujets de polémiques, vous pouvez les faire durer, rebondir et occuper les esprits pendant plusieurs jours, voire mieux.
Souvenons-nous des centaines de milliers de manifestants déferlants dans les, rues de toutes les villes de France en 2010.
Que vous inspire cette dernière promesse faite lors de la campagne électorale. On a un peu de mal à la croire, non ?
Avec l'aide efficace de quelques journaux, surtout si leur patron est du même bord politique, il est encore plus facile de faire prendre la sauce.
Voyez ci-dessous les exemples de mise en pratique.
« Invité du journal 20 heures de TF1 hier mercredi, Nicolas Sarkozy a nié avoir employé l'expression "la fête du vrai travail" pour qualifier le rassemblement prévu le 1e mai avec ses sympathisants. Et pourtant le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle a bien utilisé plusieurs fois l'expression "vrai travail" lundi dernier.
"Nous allons organiser la fête du vrai travail" a-t-il d'abord annoncé aux journalistes devant son QG de campagne à Paris. Puis en fin de journée, Nicolas Sarkozy a prononcé 10 fois le terme "vrai travail", en l’illustrant par de nombreux exemples, lors d'un discours à Saint-Cyr-Sur-Loire.
L'insistance de ses interviewers aura été vaine, le président sortant n'a pas admis l'avoir dit. »
« La fête du "vrai travail" voulue par Nicolas Sarkozy n'est pas du goût des syndicats qui défilent habituellement le 1er mai. "On est en plein marketing politique du côté des deux candidats et des partis politiques", a déclaré le secrétaire général de Force Ouvrière (FO) Jean-Claude Mailly mardi sur France Info. "Le 1er mai, ce n'est pas la fête du travail, c'est Pétain qui a inventé ça, le 1er mai c'est une journée internationale de solidarité et de revendications en France et dans tous les pays du monde", a souligné le responsable de FO.
"On est dans la récupération politique: certains disent 'il faut aller derrière certaines organisations qui manifestent', les autres faisant leur propre rassemblement", a-t-il poursuivi. "Globalement, c'est un aveu de faiblesse des responsables politiques", a jugé Jean-Claude Mailly en les appelant à "rester sur les débats qu'attendent les citoyens".
"Plutôt que de faire du marketing politique ou du storytelling comme on dit maintenant, ils feraient bien de répondre aux vrais problèmes d'emploi, de pouvoir d'achat, de mondialisation", a avancé le responsable syndical. "Dans une démocratie, les syndicats ont un rôle différent des partis" et "taper sur les corps intermédiaires ou les organisations syndicales, c'est un problème démocratique", a-t-il affirmé.
Au cours de la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy a accusé les syndicats, et plus particulièrement la CGT de "confisquer la parole des Français". Son leader, Bernard Thibault, avait pris ouvertement position contre le candidat-président.
"La CGT dénonce la provocation du président de la République qui vise à détourner et à récupérer le 1er mai par l'annonce d'un rassemblement de ses partisans, à Paris, ce jour-là, sur le thème fallacieux du 'vrai travail'", a par ailleurs affirmée la commission exécutive de la CGT, dans un communiqué mardi midi. "Cette opération n'a d'autre objectif que de diviser les salariés et stigmatiser leurs organisations syndicales", ajoute la centrale. Elle "appelle, dans ce contexte, l'ensemble des salariés, retraités et privés d'emploi à relever le défi qui est lancé en participant massivement aux manifestations syndicales unitaires du 1er mai". Il s'agit, selon la CGT, de "conforter la place que les réponses aux revendications sociales doivent prendre dans les politiques à venir". »
« Invité du journal télévisé de TF1, Nicolas Sarkozy a reculé sur le terme de "vrai travail" qu'il entendait célébrer le 1er mai, en opposition aux syndicats.
"Je n'ai pas dit 'le vrai travail'. C'est une fête du travail. Je n'avais pas compris que François Hollande avait privatisé le 1er-Mai", a déclaré le président-candidat.
Lundi 23 avril, M. Sarkozy avait déclaré devant des journalistes :
"Nous allons organiser la Fête du travail, mais la fête du vrai travail, de ceux qui travaillent dur, de ceux qui sont exposés, qui souffrent, et qui ne veulent plus que quand on ne travaille pas on puisse gagner plus que quand on travaille."
Plus tôt dans la journée, son conseiller Henri Guaino avait lui aussi pris ses distances avec cette formule, qu'il souhaite "laisser tomber". »
Quand une République est conçue par un général royaliste qui pense que « il faut un roi à la France », on obtient une monarchie quinquennale. Lorsque son Président, élu au suffrage universel, se plaît à se comparer ou s'identifier à l'Empereur, au risque de remplacer la Marseillaise par la marche consulaire (jouée lors de la cérémonie du sacre du 2 décembre 1804, pour l'entrée de l'Empereur) on finit par faire rire la planète entière. Est-ce qu'on avait vraiment besoin de ça ? Et de lui ?
Il y a urgence à ce que le Président sortant soit définitivement sorti. Je propose donc que les décisions suivantes soient prises le lundi 7 mai 2012 :
Les résultats du scrutin du second tour sont annoncés officiellement. La défaite cinglante du Président sortant est constatée.
Des huissiers de justice vont prendre possession de Air Sarko One et le mettent en vente au profit des restaus du coeur.
Le « Charles de Gaulle » est réquisitionné pour transférer le (faux) empereur vers son lieu d'exil. Les destination peuvent être les suivantes :
  • Retour au bercail, c'est à dire en Hongrie, ce qui ne sera pas facile à bord du Charles de Gaulle, j'en conviens. Un avion de ligne, baptisé « le Karcher » pour l'occasion, pourra faire l'affaire.
  • L'île d'Elbe ou l'île de Sainte Hélène sont trop marquées historiquement par leur auguste visiteur pour être une destination d'exil. A défaut, la prison de Fleury-Mérogis peut être une excellente alternative. Des juges et des journalistes ne manqueront pas de justifier cette destination en faisant toute la lumière sur les quelques affaires qui traînent.
  • En référence au programme de Jacques Cheminade, qui entendait l'industrialiser, Nicolas Sarkozy peut être envoyé sur la Lune pour effectuer les premières mesures. Ses amis américains (je ne citerai que ceux de Google) se feront un plaisir de financer le voyage par amitié ou pour se faire pardonner.
Toutes les lois absurdes du quinquennat 2007-2012 seront abrogées sans aucune espèce d'exception. La Haute Autorité pour la Diffusion des Oeuvres et la Protection des droits sur Internet (dite Hadopi) sera la première institution à être démantelée.
Le réseau « Sortir du nucléaire » entre au ministère de l'environnement est met en oeuvre le démantèlement de toute l'industrie atomique.
Jean-Luc Mélenchon est nommé Premier Ministre par François Hollande. (Ce qui risque d'épouvanter les très hauts revenus!) Finalement, ce sera François Bayrou, pour inaugurer l'ouverture au centre.
Tout cela est bien joli (sans jeu de mot) mais il faut encore voter au second tour.

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