Je vais commencer ce message par une précision concernant la nature de la question. Cela va paraître étrange étant donné que c'est moi qui l'ai posée et qui vais y répondre.
Lorsque je dis « où » se trouve la « Royauté Républicaine », il est possible de situer la question sur un plan purement géographique comme s'il s'agissait d'une adresse postale, une position sur une carte GPS ou des coordonnées stellaires dans une galaxie quelconque. Pour un peu, des fantaisistes (des gens qui le seraient un peu plus que moi, ou différemment) affirmeraient que la « Royauté Républicaine » se situe dans une autre dimension ou un monde parallèle, vu l'anachronisme superficiel et apparent de son nom. Pour éliminer toute sorte d'élucubration sur ce thème (et je ne serais pas forcément le dernier à argumenter dans ce sens) je dirai simplement que la question « où » ne concerne qu'une position dans l'éventail politique français : à gauche, à droite, au centre, aux extrêmes.
Imaginons qu'un journaliste souhaite écrire un article sur ce sujet (qui ne nécessite aucune capacité particulière, aucune compétence professionnelle : seulement un manque d'intérêt pour les théories que je développe.) Les choses pourraient se dérouler ainsi.
Reprenons donc la question, mais formulée autrement. Dans le clivage gauche droite, où se situe la « Royauté Républicaine »?
La réponse est claire : ni à gauche, ni à droite, ni même au centre. S'il fallait vraiment donner une réponse, je dirais qu'elle se situe derrière ou devant: autrement dit, sinon en dehors de l'hémicycle, du moins à part. Je me doute bien que personne ne comprendra cette « situation géographique » inhabituelle dans le paysage politique français mais c'est normal. La « Royauté Républicaine » est un principe qui définit le rôle et les fonctions des acteurs de la société, principalement le Citoyen et le Chef de l'Etat. Le rôle du Président de la République n'est pas de gouverner. Je le dis assez souvent dans les textes que je mets en ligne. Il doit superviser les institutions, arbitrer les débats et surtout, être à l'écoute des français.
Qu'entendez-vous par « écoute des français »?
Il ne s'agit pas, évidemment, de prêter une oreille distraite ou de les mettre tous sur écoute téléphonique. Le Président de la République doit rencontrer les français là où ils sont, c'est à dire là ou surgissent les problèmes et les conflits. Il doit être un médiateur entre la Nation et le Gouvernement. Le Président n'est pas Premier Ministre : il est le garant de la souveraineté de la Nation. Il faut donc établir les bases d'une réelle « démocratie avec implication des Citoyens » par le dialogue, un dialogue continu, constructif et intelligent. Le Président, pour mener à bien cette tâche, doit être indépendant des partis politiques : il n'est ni de gauche ni de droite.
Vous dites que le Président de la République doit être indépendant des partis politiques mais sur votre site internet d'information, vous tenez des propos acides et particulièrement virulents contre l'U.M.P. et Nicolas Sarkozy. Vous avez même réclamé la destitution du Président en citant l'article 35 de la « Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen » de 1793, un texte que la République n'a pas jugé bon de conserver dans son corpus. Pour ce qui est du dialogue, le gouvernement et les syndicats ne parviennent jamais à signer un accord.
Pour commencer, si Monsieur Sarkozy respectait la Constitution et se contentait de remplir ses fonctions telles qu'elles sont décrites, sa côte de popularité serait peut-être un peu plus élevée et il y aurait moins de manifestants dans les rues. Or, ce n'est pas le cas, loin de là. Il cumule les fonctions, se mêle de tout, ne règle rien, promet et ne tient pas ses promesses, et quand il s'engage fermement, il met en oeuvre l'exact contraire. Il est partout, plus préoccupé de sa gloriole éphémère que par les dossiers qui inquiètent les français. Il est prêt à tout pour laisser une trace de son passage, quitte à jouer les apprentis dictateurs. Monsieur Sarkozy n'est pas le Président de la République Française, il est le PDG de l'U.M.P. et considère la France comme une holding américaine. Quant à son Gouvernement, il n'écoute personne. Le plus bel exemple, le dernier en date, c'est le projet de réforme sur les retraites. Où est le dialogue? Où sont les négociations?
Le gouvernement a toujours dit qu'il souhaitait négocier.
Effectivement! Ce n'est pas parce que le Gouvernement dira, au milieu du Sahara et en plein moins d'août, qu'il va débloquer des fonds pour qu'il neige, que la neige tombera (ou que les fonds seront débloqués). Il en est de même avec les négociations, le dialogue en général et la communication. Combien de fois a-t-on entendu le Premier Ministre dire que les français n'avaient pas compris et qu'il fallait leur expliquer la réforme? Est-ce que vous l'avez entendu expliquer quelque chose, vous? Moi, non! Pourtant il l'avait dit. Du reste, la France a développé sa propre conception de la négociation qui a pour finalité de ne servir à rien et de ne déboucher que sur des impasses. En voici la recette. Vous organisez une réunion sur un sujet quelconque (il n'a aucune incidence sur l'issue des discussions : il peut porter sur la réduction du temps de travail, la taxe professionnelle ou la composition de la crème anglaise, les choses finiront pareillement!) Vous placez d'un côté de la table des membres du Gouvernement, des patrons, des industriels ou des managers et de l'autre, des délégués syndicaux, des représentants du personnel ou des employés. Les premiers voudront imposer leur point de vue aussi stupide soit-il, refuseront toutes concessions et resteront sourd et inflexibles. En face, sachant pertinemment que nul n'écoutera les revendications, même si elles sont justifiées, on exigera des avantages exorbitants et on finira par dire n'importe quoi. Si vous appelez ça des négociations, alors nous n'avons pas le même dictionnaire. La problématique est très simple: la France est restée féodale. Tout le monde a fini par croire que le monde était partagé en deux camps, forcément ennemis : d'un coté, les patrons, les riches, les managers et les décideurs, de l'autre, les ouvriers, les employés, les pauvres et les exécutants. Bien sûr, c'est caricatural, mais les grandes écoles qui forment les managers, aussi bien que certains partis et syndicats, entretiennent cette image de lutte des classes. Un bateau peut posséder plusieurs classes pour séparer les voyageurs selon le prix de leur billet, s'il coule, tout le monde se noie.
Vous comptez donc supprimer la lutte des classes?
On ne supprime pas une mauvaise habitude de penser comme ça du jour au lendemain. Si déjà je parviens à convaincre les uns et les autres qu'ils ne sont pas des ennemis et qu'ils peuvent travailler ensemble parce que c'est leur intérêt commun, un grand pas aura été fait. Je vais me répéter: les français ont les solutions aux problèmes qui les touchent. Quand je dis « les français », c'est tous les français : qu'ils soient de gauche ou de droite. Les candidats qui se présenteront aux élections présidentielles de 2012 tenteront de rassembler leurs électeurs sur un programme qui sera de gauche, de droite ou du centre. Moi, je ne poserai qu'une question: est-ce que vous voulez que la France sorte de l'abîme où elle s'enfonce? Pour cela, il faut que tous, ensemble, nous retroussions nos manches. Tout le monde, sans exception, doit participer; tous les avis, toutes les opinions doivent être étudiées. C'est pour cela qu'il faut un président indépendant des partis politiques, un gouvernement représentatif des opinions des français et des « Comités de Citoyens » impliqués dans la vie de la Nation. C'est une excellente occasion pour les français de montrer au monde entier que si les bleus peuvent être ridicules sur un terrain de football, il reste les blancs et les rouges pour redresser la barre même s'ils sont de bords opposés.
C'est un projet utopiste, non?
Il aurait été utopiste si j'avais souhaité voir disparaître le clivage gauche droite. Chacun voit le monde par sa propre fenêtre : les partis politiques rassemblent des hommes et des femmes qui voient les choses d'un certain point de vue. Ce sont ces différences de vue qui engendrent les luttes politiques. Demain, elles alimenteront avec intelligence les débats parce que le but ne sera plus de battre l'adversaire mais de l'écouter. Pour que pareille chose soit possible, il faut rétablir la confiance entre les élus et leurs électeurs. Le Président de la République doit être le moteur de cette confiance. Aujourd'hui, Nicolas Sarkozy, par son comportement de dictateur méprisant, est loin d'inspirer la confiance nécessaire à un projet constructif commun. Son exemple est cependant édifiant: il fait exactement le contraire de ce que j'estime indispensable pour être le Président de tous les français. C'est la raison qui m'a incité à réclamer sa destitution. D'ailleurs, je l'attends toujours.
Fin de l'entrevue.
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